20.
Bien au-dessus de toutes ces frivolités, touchant déjà aux biens supérieurs, foulant aux pieds les choses terrestres auxquelles néanmoins il serait réduit, « Seigneur», s’écrie Idithun, « exaucez ma prière1 ». De quoi me faut-il me réjouir, de quoi gémir? Je me réjouis de ce qui est déjà passé, je gémis de ce qui me reste encore. « Exaucez ma prière et mes supplications, prêtez l’oreille à mes sanglots. » Est-ce à dire qu’après m’être lancé de la sorte, et avoir franchi tant d’obstacles, je n’ai plus rien à pleurer? N’ai-je pas à pleurer davantage? « Car, multiplier la science, c’est multiplier la douleur2» N’est-il pas vrai que, plus je désire ce que je n’ai point encore, plus je gémis jusqu’à ce qu’il arrive, plus je répands de larmes jusqu’à ce que j’en jouisse ? N’est-il pas vrai que plus les scandales se multiplient, que plus abonde l’iniquité, que plus la charité se refroidit, et plus je dis: « Qui donnera de l’eau à ma tête, et à mes yeux une source de larmes3 ? Exaucez ma prière et mes supplications; prêtez l’oreille à la voix de mes sanglots ». Ne restez point muet éternellement. « Ne vous taisez pas devant moi » ; je vous écouterai. Car le Seigneur a un langage secret ; il parle au coeur de beaucoup et dans ce silence du coeur un grand bruit se fait entendre, quand le Seigneur dit à haute voix: « C’est moi qui suis ton salut. Dites à mon âme: C’est moi qui suis ton salut4 ». En disant : « Ne vous taisez point devant moi », il demande au Seigneur que cette voix qui lui dit : « Je suis ton salut », ne se taise jamais dans son coeur.