5.
« Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau, un hymne à notre Dieu ». On me demandera peut-être quel est celui qui parle dans ce psaume. Je le dirai en un seul mot, s’est Jésus-Christ. Mais, comme vous le savez, mes frères, et comme il est bon de le répéter souvent, le Christ parle quelquefois de lui-même, c’est-à-dire comme notre chef. Car il est le Sauveur de son corps1, il est notre chef, le Fils de Dieu, né de la Vierge; il a souffert pour nous, il est ressuscité pour notre justification, il est assis à la droite de Dieu, afin d’intercéder pour nous2, et d’assigner jugement la félicité aux bons, le châtiment aux méchants. Ce chef, qui est le nôtre, a bien voulu devenir le chef d’un corps, en prenant de nous une chair dans laquelle il pût mourir pour nous; pour nous encore il l’a ressuscitée, afin de nous donner en cette chair un modèle de cette résurrection, qui nous apprît à espérer ce que nous n’espérions pas, et qui consolidât nos pieds sur la pierre, en nous faisant marcher dans le Christ. Il parle donc tantôt au nom du chef, et tantôt en notre nom ou au nom des membres. Quand il dit : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger3 », c’étaient ses membres qui parlaient, et non point lui-même. Quand ildit: « Saul, Saul, pourquoi me persécuter4? » c’était le chef réclamant pour les membres. Et pourtant il, n’a point dit: « Pourquoi persécuter mes membres? » mais bien: « Pourquoi me persécuter?» Si nous souffrons en lui, nous serons couronnés avec lui. Telle est la charité du Christ. Que peut-on lui comparer? C’est pour l’en bénir qu’il a mis un hymne dans notre bouche, et il parle ainsi dans ses membres.