15.
« J’ai annoncé votre justice dans une grande assemblée1 ». Il parle ici aux membres, il les engage à faire ce qu’il a fait. Il a prêché, prêchons aussi; il a souffert, souffrons avec lui; il a été glorifié, nous serons glorifiés avec lui. « J’ai prêché votre justice dans une grande assemblée ». Jusqu’où s’étend cette assemblée? Dans l’univers entier. Que renferme-t-elle? Toutes les nations. Pourquoi toutes les nations? Parce que c’est la postérité d’Abraham, dans laquelle tous les peuples doivent être bénis2. Pourquoi encore toutes les nations? « Parce que leur voix s’est répandue par toute la terre3 » . « Dans une grande assemblée. « Voilà que je ne retiendrai point mes lèvres, Seigneur, vous le savez ». Mes lèvres parlent, et je ne les empêcherai pas de parler. Le sen de mes lèvres arrive aux oreilles des hommes, mais vous connaissez mon coeur. «Je n’empêcherai donc point mes lèvres, Seigneur, vous le savez ». Autre est ce qu’entend l’homme, et autre ce que connaît le Seigneur. Ainsi donc, parlez des lèvres, mais soyez près de Dieu par le coeur, afin que nous ne prêchions pas seulement des lèvres, et qu’on ne dise point de nous : « Faites ce qu’ils vous disent et non pas ce qu’ils font4 » ; ou que l’on ne dise pas de ce peuple, dont la bouche loue Seigneur, tandis que le coeur en est loin : « Ce peuple me loue des lèvres, mais leur coeur est loin de moi5. Car c’est la croyance du coeur qui nous conduit à la justice, et la confession des lèvres qui nous mène au salut6 ». C’est ce que fit le larron, crucifié avec Seigneur, et qui, à la croix même, le reconnut pour le Seigneur. D’autres ne le reconnurent point aux miracles qu’il faisait, lui le reconnut à la croix. Il était cloué à la croix par tous ses membres; ses mains y étaient clouées, ses pieds étaient transpercés, son corps était collé au bois; les autres membres de ce corps n’étaient point libres; il ne restait que la langue et le coeur; il crut du coeur et il confessa de la langue. « Souvenez-vous de moi», dit-il, « Seigneur, quand vous serez dans votre royaume ». Il croyait son salut bien éloigné encore; il eût été heureux de l’obtenir, même après un temps bien long; il espérait pour l’avenir, et il n’attend pas un jour. «Souvenez-vous de moi », dit-il, « quand vous serez dans votre royaume », et Jésus répond: « En vérité, je vous le dis, aujourd’hui vous serez avec moi dans le paradis7 ».Or, le paradis a des arbres de bonheur: aujourd’hui avec moi sur l’arbre de la croix, aujourd’hui avec moi sur l’arbre du salut.