20.
« Pour vous, Seigneur, n’éloignez pas de moi vos miséricordes1 ». Le Christ envisage ses membres malades. Parce que je n’ai point caché votre miséricorde ni votre vérité au milieu d’un grand peuple, de cette Eglise qui est une dans toute la terre; arrêtez vos regards sur les membres malades, sur les coupables, sur les pécheurs, et ne détournez point d’eux vos miséricordes. « Votre amour et votre vérité veillent toujours sur moi ». Je n’oserais revenir à vous si je n’étais assuré votre pardon; et je ne pourrais persévérer je n’étais sûr de vos promesses. « Votre amour et votre vérité veillent toujours sur moi ». Je considère que vous êtes bon, je sais que vous êtes juste; j’aime le Dieu bon, je crains le Dieu juste. L’amour et la crainte dirigent, parce que « votre miséricorde et votre vérité veillent toujours sur moi ». Pourquoi ont-elles cette vigilance et ne dois-je point les perdre de vue? « Parce que je suis environné de maux sans nombre2 ». Qui peut énumérer les péchés? qui peut compter ses propres fautes et celles des autres? Leur poids faisait gémir celui qui a dit: « Purifiez-moi, Seigneur, de mes fautes cachées, et n’imputez pas à votre serviteur celles des autres3 ». Comme si c’était peu de nos propres fautes, nous sommes chargés de celles autres; je crains pour moi; je crains pour mon frère qui est bon; je tolère celui qui est méchant; et sous un tel fardeau, que deviendrons-nous, si la divine miséricorde ne nous soutient? « Mais vous, Seigneur, ne vous éloignez pas de moi ». Demeurez près de moi. De qui le Seigneur s’approche-t-il? De ceux qui ont le coeur brisé4. Il s’éloigne des orgueilleux, s’approche des humbles. Car, du haut de son trône, le Seigneur regarde les humbles5. Mais que l’orgueilleux ne croie pas échapper à ses yeux; car « il voit de loin ce qui est élevé ». Il voyait de loin le Pharisien qui se vantait, et il aidait de tout près le publicain qui avouait ses fautes6. L’un vantait ses mérites et cachait ses blessures ; l’autre, sans parler de ses mérites, exposait ses plaies. Il se présentait au médecin, car il se savait malade; il savait qu’il avait besoin de guérison; il osait lever les yeux vers le ciel et se frappait poitrine; il ne se pardonnait point à lui-même, afin que Dieu lui pardonnât; il voyait ses fautes, afin que Dieu ne les vît plus; il se châtiait, afin que Dieu l’épargnât. Ainsi parle l’auteur sacré; écoutons pieusement ses paroles, aimons-les pieusement, et répétons-les du coeur, de la langue et de tout ce que nous avons de plus intime. Que nul ne se croie juste; celui qui parle est vivant; il vit, et plaise à Dieu qu’il vive. Il vit encore ici; il vit, mais avec la mort; et si l’esprit est vivant à cause de la justice, le corps est mort à cause du péché7. « Et le corps qui se corrompt, appesantit l’âme, et cette habitation terrestre abat l’esprit capable des plus hautes pensées8 ». A toi donc de crier, à toi de gémir, à toi d’avouer ta misère, mais non de t’élever, de te vanter, de te glorifier de tes mérites; car si tu as quelque chose dont tu puisses te réjouir, qu’as-tu que tu n’aies pas reçu9? « Je suis environné de maux sans nombre ».