Edition
ausblenden
De ieiunio adversus Psychicos
XVII.
1. Vetus es, uera si uelimus dicere, tu qui tantum gulae indulges, et merito te priorem iactitas; semper agnosco sapere Esau uenatorem ferarum; ita passim indagandis turdis studes, ita de campo laxissimae disciplinae tuae uenis, ita spiritu deficis. 2. Si tibi lenticulam defruto inrufatam obtulero, statim totos primatus tuos uendes; apud te agape in caccabis feruet, fides in culmis calet, spes in ferculis iacet. 3. Sed maioris est agape, quia per hanc adulescentes tui cum sororibus dormiunt. Appendices scilicet gulae lasciuia atque luxuriae. Quam societatem et apostolus sciens cum praemisisset non in ebrietatibus nec in comessationibus, adiunxit nec in cubilibus et libidinibus. 4. Ad elogium gulae tuae pertinet, quod duplex apud te praesidentibus honor binis partibus deputatur, cum apostolus duplicem honorem dederit ut et fratribus et praepositis. Quis sanctior inter uos, nisi conuiuandi frequentior, nisi obsonandi pollucibilior, nisi calicibus instructior? 5. Merito homines solius animae et carnis spiritalia recusatis. Talibus si placerent prophetae, mei non erant. Cur ergo non constanter praedicatis: manducemus et bibamus, cras enim moriemur? Sicuti nos non dubitamus exerte mandare: ieiunemus fratres et sorores, ne forte cras moriamur. 6. Palam disciplinas nostras uindicemus. Nos certi sumus eos qui in carne sunt deo placere non posse, non utique in substantia carnis, sed in cura, sed in affectione, sed in operatione, sed in uoluntate. Macies non displicet nobis; neque enim ad pondus deus carnem tribuit, sicut nec spiritum ad mensuram. 7. Facilius, si forte, per angustam salutis ianuam introibit caro exilior; citius resuscitabitur caro leuior, diutius in sepultura durabit caro aridior. Saginentur pugiles et pyctae Olympici. Illis ambitio corporis competit, quibus et uires necessariae, et tamen illi quoque xerophagiis inualescunt. 8. Sed nostra alia robora aliaeque uires, sicut et alia certamina, quibus non est luctatio aduersus carnem et sanguinem, sed aduersus mundi potestates, aduersus spiritalia malitiae. Aduersus haec non carne et sanguine, sed fide et spiritu robusto oportet adsistere. 9. Ceterum saginatior Christianus ursis et leonibus forte quam deo erit necessarius, nisi quod et aduersus bestias maciem exercere debebit.
Übersetzung
ausblenden
Du jeune
XVII.
Va, s'il faut dire la vérité, c'est toi qui es ancien; puisque tu accordes tant à la gourmandise, tu as raison de réclamer ta priorité. Je le reconnais; à te voir courir incessamment après les grives, arriver des larges plaines de la discipline la plus relâchée, et défaillir dans l'Esprit, tu sens toujours ton Esaù, le chasseur de bêtes fauves. Si je te présentais encore des lentilles cuites dans un vin doux, tu me vendrais sur-le-champ les droits d'aînesse, ton agape bouillonne dans la marmite; ta foi s'échauffe dans les cuisines; ton espérance réside au fond des plats. Mais tu as, encore des agapes plus délicieux: tes jeunes hommes dorment avec leurs sœurs. La débauche et la luxure ne sont-elles pas les appendices de l'intempérance? l'Apôtre savait bien qu'elles vont ensemble, lorsque après avoir dit: «Marchons, non dans les ivrogneries et les festins,» il ajouta «ni dans les impudicités et les dissolutions.» Une preuve honteuse de ta gourmandise, c'est qu'un double honneur est rendu à un double titre à ceux qui président chez toi, puisque l'Apôtre veut qu'on les honore comme frères et comme préposés. Quel est le plus saint parmi vous, sinon celui qui donne le plus souvent à dîner, sinon l'hôte le plus splendide, sinon le plus hardi buveur1? Hommes de chair et qui ne vivez que de la vie matérielle, c'est à bon droit que vous répudiez nos dons spirituels. Si les prophètes plaisaient à de pareils hommes, je n'en voudrais pas. Pourquoi donc ne prêchez-vous pas constamment: «Mangeons et buvons; car nous mourrons demain,» de même que nous, nous n'hésitons point à répéter hardiment: Jeûnons, frères et sœurs, de peur que nous ne mourions demain. Revendiquons publiquement chacun notre discipline. Quant à nous, nous tenons pour certain «que ceux qui vivent dans la chair ne peuvent plaire à Dieu,» non pas dans la substance de la chair, mais bien dans les soins, dans l'amour, dans les œuvres et la volonté de la chair. La maigreur ne nous fait pas peur. Dieu ne donne pas plus la chair au poids, qu'il «ne donne l'esprit par mesure.» Que dis-je? une chair amaigrie passera plus facilement, s'il y a lieu, par la porte étroite; une chair débarrassée de ses fardeux ressuscitera plus promptement; une chair desséchée résistera plus long-temps dans le tombeau. Que les athlètes et les lutteurs des jeux olympiques s'engraissent, à la bonne heure! C'est à eux que convient le luxe de la chair, parce qu'ils ont besoin de force, quoique cependant ils se fortifient par l'abstinence. Mais nous, autres sont nos forces, autre est notre vigueur, autres sont nos combats. «Car nous avons à lutter, non contre des hommes de chair et de sang, mais contre les principautés, contrôles puissances du monde, et contre les esprits de malice.» Ce n'est point par la chair et par le sang, mais par la foi et par l'esprit de force que nous pouvons leur tenir tête. Au reste, un Chrétien bien engraissé est plus nécessaire probablement aux ours et aux lions qu'à Dieu, ou, pour mieux dire, il faudra qu'il s'exerce à la maigreur contre les botes elles-mêmes.
-
On rougit pour le génie de Tertullien de ce long amas d'injures contre les catholiques. ↩