Edition
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De ieiunio adversus Psychicos
VI.
1. Nunc si temere rationes castigati a deo uictus et castigandi propter deum a nobis ad primordiorum experimenta reuocauimus, conscientiam communem consulamus. Ipsa natura enuntiabit, quales nos ante pabulum et potum in uirgine adhuc saliua exhibere consuerit rebus dumtaxat sensu agendis, quo diuina tractantur, si multo pollentioris mentis, si multo uiuacioris cordis, quam cum totum illud domicilium interioris hominis escis stipatum, uinis inundatum, decoquendis iam stercoribus exaestuans praemeditatorium efficitur latrinarum, in quo plane nihil tam in proximo supersit quam ad lasciuiam sapere. 2. Manducauit populus et bibit, et surrexerunt ludere. Intellege sanctae scripturae uerecundiam: lusum nisi impudicum non denotasset. Ceterum quotusquisque meminerit religionis occupatis memoriae locis, impeditis sapientiae membris? Nemo ita ut decet, ita ut par est, ita ut utile est, recordabitur dei eo in tempore, quo ipsum sibi hominem excidere sollemne est. Omnem disciplinam uictus aut occidit aut uulnerat. Mentior, si non dominus ipse obliuionem sui exprobrans Israeli causam plenitudini reputat. 3. Incrassatus est dilectus et pinguefactus et dilatatus est, et dereliquit deum, qui fecit eum, et abscessit a domino salutificatore suo. Denique in eodem Deuteronomio eandem causam praecaueri iubens, ne, inquit, cum manducaueris et biberis et domos optimas aedificaueris, ouibus et bubus tuis multiplicatis et argento et auro extollatur cor tuum et obliuiscaris domini dei tui. 4. Praeposuit corruptelae diuitiarum edacitatis enormitatem, cui ipsae diuitiae procurant. Per illam scilicet incrassatum erat cor populi, ne oculis uideret et auribus audiret et corde coniceret adipibus obstructo, quas nominatim esui abstulit dedocens hominem saginae studere. 5. Ceterum cui cor erectum potius inueniebatur quam impinguatum, qui quadraginta diebus totidemque noctibus supra humanae naturae facultatem ieiunium perennauit spiritali fide uirtutem subministrante, et uidit oculis dei gloriam et audiuit auribus dei uocem et corde coniecit dei legem iam tunc docentis non in solo pane uiuere hominem, sed in omni uerbo dei, cum quidem nec ipsum Moysen deo pastum inediamque eius nomine saginatam constanter contemplari ualeret pinguior populus. Merito igitur etiam in carne se dominus ei ostendit collegae ieiuniorum suorum, non minus et Heliae. 6. Nam et Helias hoc primum, quod famem fuerat imprecatus, satis iam se ieiuniis uouerat. Viuit, inquit, dominus, cui adsisto in conspectu eius, si erit ros istis annis et imber. Dehinc minantem Iezabel fugiens post unicum pabulum et potum, quem ab angelo expergefactus inuenerat, et ipse quadraginta diebus et noctibus uacuo uentre, arido ore peruenit in montem Choreb, ubi cum in speluncam deuertisset, quam familiari congressu dei exceptus est! 7. Quid tu Helia hic? Multo amicior ista uox quam Adam ubi es? Illa enim pasto homini minabatur, ista ieiuno blandiebatur. Tanta est circumscripti uictus praerogatiua, ut deum praestet homini contubernalem, parem reuera pari. Si enim deus aeternus non esuriet, ut testatur per Esaiam, hoc erit tempus, quo homo deo adaequetur, cum sine pabulo uiuit.
Übersetzung
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Du jeune
VI.
Maintenant, si c'est vainement que nous avons fait remonter aux premières expériences du monde les raisons pour lesquelles Dieu a restreint l'usage des aliments, et pour lesquelles nous devons les restreindre nous-mêmes en vue de Dieu, interrogeons la conscience de tous les hommes. La nature elle-même nous apprendra quelle liberté d'intelligence nous apportons aux affaires et à la méditation des choses divines avant d'avoir bu et mangé, quand notre salive est vierge encore. Noire esprit n'a-t-il pas alors plus d'activité? Noire cœur n'a-t-il pas plus de vigueur, qu'au moment où ce domicile de l'homme intérieur, chargé de viandes, inondé de vins, et haletant sous le poids de la digestion, devient le laboratoire des latrines, n'ayant plus d'autre faculté, ni d'autre énergie que pour la débauche. «Le peuple s'assit pour manger et pour boire, est-il dit; et ils se levèrent pour danser.» Admirez ici la réserve de l'Ecriture! Si ces jeux n'avaient pas été impudiques, en eût-elle fait la remarque?
Mais d'ailleurs, combien en est-il qui se souviennent de la religion, lorsque le siège de la mémoire est occupé et que les organes de la sagesse sont dans les entraves? Non, personne ne songera à Dieu, comme il convient, comme il est juste, comme il est expédient, dans le moment où l'homme lui-même a coutume de disparaître. Point de discipline qui ne soit ébranlée ou anéantie par l'intempérance. Je suis un imposteur, si le Seigneur lui-même, reprochant à Israël l'ingratitude de son oubli, n'en attribue la cause aux excès des viandes. «Le peuple bien-aimé s'engraissa et se révolta; appesanti, rassasié, enivré, il délaissa Dieu, son Créateur, et se retira du Dieu, son salut.» En un mot, il nous ordonne, dans le même Deutéronome, de nous prémunir contre cette même cause: De peur qu'après avoir mangé, après vous être rassasiés, après avoir bâti de superbes maisons et vous y être établis, après avoir eu des troupeaux de bœufs et de brebis, de l'or et de l'argent, et toutes choses en abondance, votre cœur ne s'élève, et que vous ne vous souveniez plus du Seigneur votre Dieu.» Le Seigneur a placé avant la corruption des richesses l'abus des aliments, parce que les richesses sont les ministres de l'intempérance. C'est par elles que le cœur des Juifs «s'était appesanti, n'ayant plus d'yeux pour voir, ni d'oreilles pour entendre, ni de cœur pour comprendre,» parce que celui-ci était comme fermé par la graisse, que le Seigneur avait défendu formellement de manger, en se la réservant à lui-même, pour apprendre ainsi à l'homme à ne pas charger son corps d'embonpoint.
Au reste, celui1 dont le cœur fui trouvé attentif et debout plutôt qu'appesanti par les aliments, put prolonger, pendant quarante jours et quarante nuits, un jeûne qui surpassait les forces de la nature humaine, soutenu en cela par la foi spirituelle. Il vit de ses yeux la gloire de Dieu; il entendit de ses oreilles la voix de Dieu; il médita dans son cœur la loi de Dieu, qui enseignait déjà dans ce moment «que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui vient de Dieu,» tandis que le peuple engraissé par les viandes ne fut pas même capable de contempler constamment Moïse, qui s'était nourri de Dieu, et dont l'abstinence s'était engraissée du nom divin, C'est donc à bon droit que le Seigneur se montra visiblement dans sa chair, à ce collègue de ses jeûnes, ainsi qu'à Elie. Car Elie, par là même qu'il avait appelé la famine sur une terre rebelle, s'était suffisamment consacré aux jeûnes. «Vive le Seigneur! dit-il, le Dieu d'Israël devant lequel je suis présentement; il n'y aura durant ces années ni rosée, ni pluie, que selon la parole qui sortira de ma bouche.» Plus tard, fuyant les menaces de Jézabel, après avoir mangé un seul pain et bu un peu d'eau, que l'ange avait placés auprès de lui en l'éveillant, il marchai ensuite quarante jours et quarante nuits, et arriva l'estomac vide et la gorge desséchée à la montagne d'Horeb, où il demeura dans une caverne. Mais avec quelle boulé Dieu l'y accueillit! «Elie, que fais-tu ici?» lui dit-il. O parole bien plus amicale, que celle-ci: «Adam, où es-tu?» L'une menaçait un homme repu; l'autre caressait agréablement un homme à jeun. Telle est la prérogative de la tempérance, qu'elle fait de Dieu le compagnon de l'homme, le semblable avec le semblable. Si, en effet, «le Dieu éternel ne connaît pas la faim,» comme il l'atteste par la bouche d'Isaïe, un temps viendra où l'homme, devenu l'égal de Dieu, vivra sans avoir besoin d'aliments.
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Moïse. Saint Augustin, commentant ce passage, dit: Moyses quia jejunavit, vidit Dominum; populus quia manducavit et bibit, idola fabricatus est. ↩