VIII.
Nous passons sous silence tout le reste, pour nous hâter d'arriver aux enseignements nouveaux. Sur le seuil de l'Evangile, la prophétesse Anne, fille de Phanuel, qui reconnut l'Enfant-Dieu, et parlait de lui à tous ceux qui attendaient la délivrance d'Israël, au titre éminent d'une longue viduité et d'un mariage unique, joint encore la gloire du jeûne, nous montrant ainsi quels sont les exercices qu'il faut apporter dans l'Eglise, et que l'homme qui comprend mieux Jésus-Christ, c'est celui qui ne se marie qu'une fois et jeûne souvent. Le Seigneur lui-même consacra par le jeûne son baptême, et dans son baptême celui de tous les hommes, quoiqu'il lui fût «aisé de changer les pierres en pains,» et les eaux du Jourdain tout entier en vin, s'il eût été «un homme insatiable et adonné au vin.» Que dis-je? afin de condamner ce qui était l'ancien, il initiait l'homme nouveau en lui apprenant à dédaigner les aliments, afin que le dérnon, s'il essayait encore de le tenter par la faim, le trouvât plus fort que la faim tout entière. Voilà pourquoi il commença par établir la loi que le jeûne devait s'accomplir sans tristesse. Pour-quoi donc la tristesse dans une œuvre salutaire? Il nous apprit en outre que c'était par le jeûne qu'il fallait lutter contre les démons les plus tyranniques. Faut-il nous étonner que, ce qui ouvre l'âme à l'Esprit saint en chasse l'esprit fie l'iniquité? Enfin, si la centurion Corneille, avant même d'être baptisé, est prévenu par les faveurs de l'Esprit saint, et même par la grâce de la prophétie, il le doit à ses jeûnes dont la voix fut entendue. L'Apôtre, si je ne me trompe, après avoir parlé, dans sa seconde épître aux Corinthiens, de ses travaux, de ses périls, de ses fatigues dans la faim et la soif, n'a point oublié ses jeûnes nombreux.