CHAPITRE XI. LES ISRAÉLITES ONT PASSÉ LA MER ROUGE AVANT DE RECEVOIR LA LOI.
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Mais, objectent-ils, le peuple d'Israël a d'abord traversé la mer Rouge, qui est la figure du Baptême : ce n'est que plus tard qu'il a reçu la loi destinée à lui tracer ses devoirs. Pourquoi donc enseignons-nous le symbole aux catéchumènes et exigeons-nous qu'ils le récitent? Car on n'a rien demandé de pareil à ceux que Dieu a tirés des mains des Egyptiens à travers les flots de lamer Rouge. Mais s'ils ont assez de bon sens pour voir que la préparation au baptême était représentée par les mystères qui précédèrent le passage de la mer Rouge, le sang de l'agneau empreint sur les portes, les azymes de vérité et de sincérité 1 ; pourquoi ne voient-ils pas du même coup que la sortie de l'Égypte figurait ce renoncement au péché, auquel s'engagent les catéchumènes? Voilà ce que Pierre a en vue dans le passage déjà cité : « Faites pénitence et que chacun de vous soit baptisé au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ; » car il semble dire : Quittez l'Égypte et traversez la mer Rouge. Aussi l'Apôtre dans l'Épître aux Hébreux cite-t-il, parmi les principes élémentaires que doit suivre un catéchumène, la pénitence pour les oeuvres de mort. Car il s'exprime ainsi : « Laissant donc de côté les premiers éléments de la doctrine chrétienne, élevons-nous aux principes qui la couronnent sans nous arrêter à jeter de nouveau les fondements de la pénitence pour les oeuvres de mort, de la foi en Dieu, de la doctrine du baptême, de l'imposition des mains, de la résurrection des morts et du jugement éternel 2. » Tous ces principes élémentaires rentrent donc, d'après le témoignage clair et précis de l'Écriture, dans l'initiation des catéchumènes. Or, qu'est-ce que faire pénitence pour les oeuvres de mort, sinon mourir à tous les péchés pour vivre ? Et que faudra-t-il compter parmi les oeuvres de mort, si l'on en retranche l'adultère et la fornication? Il ne suffit pas de s'engager à renoncer à tous ces désordres : il faut que tous les péchés passés, qui semblent s'attacher à nos pas, soient effacés dans le bain de la régénération, de même qu'il eût été inutile aux Israëlites de, sortir de l'Egypte, si la multitude d'ennemis attachés à les poursuivre n'eût trouvé la mort dans les flots même qui s'ouvrirent devant te peuple de Dieu et assurèrent sa liberté. En déclarant qu'on ne veut pas renoncer à l'adultère, peut-on entrer dans la mer Rouge, puisqu'on se refuse à quitter l'Egypte? D'ailleurs ils ne remarquent point par quel commandement s'ouvre la loi qui fut donnée aux Hébreux après le passage de la mer Rouge: «Tu n'auras point d'autre Dieu que moi : Tu ne te feras d'idoles ni d'images d'aucun des êtres qui sont dans l'air, sur la terre, dans l'eau et sous la terre ; tu ne les adoreras ni ne les serviras 3, » et ta suite, où ce commandement est développé. Que nos adversaires aillent donc contre leur propre assertion et reconnaissent qu'il faut enseigner tout ensemble l'adoration d'un seul Dieu et te mépris de l'idolâtrie, non aux catéchumènes, mais seulement aux chrétiens déjà baptisés qu'ils ne viennent plus soutenir qu'il faut se contenter d'initier à ta foi en Dieu, avant le baptême, et renvoyer après la baptême les instructions sur la morale comme sur le second commandement relatif à l'amour du prochain. La loi que le peuple reçut après le. passage de la mer Rouge, symbole du baptême, comprend ces deux points à la fois; les préceptes n'y sont pas divisés en deux parties dont l'une aurait été .destinée à enseigner au peuple le mépris de l'idolâtrie, avant le passage de la mer Rouge, l'autre, consacrée à lui apprendre plus tard l'obligation d'honorer son père et sa mère, d'éviter l'adultère, le meurtre, enfin tous les principes qui établissent l'honnêteté et ta sécurité dans les rapports des hommes entre eux.