CHAPITRE XII. CONSÉQUENCE FACHEUSE A LAQUELLE ABOUTIT LE SYSTEME CONTRAIRE.
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Je suppose qu'un homme demande le baptême, en déclarant qu'il ne renoncera au culte des idoles qu'autant qu'il le jugera à propos dans la suite, et que dans ces dispositions, il réclame la faveur immédiate du baptême et aspire à devenir le temple du Dieu vivant, malgré son idolâtrie et sa résolution à persévérer dans cet abominable sacrilège. Je demande à mes adversaires s'ils consentiraient à reconnaître même pour un catéchumène un pareil. homme. Ils vont s'écrier, je n'en doute pas, qu'il est impossible de l'admettre; leur coeur ne peut leur inspirer d'autre pensée. Qu'ils expliquent donc, d'après des témoignages de l'Ecriture capables d'autoriser leur opinion, à quel titre ils osent combattre et repousser la demande d'un homme qui proteste contre eux en s'écriant: je connais et j'adore Jésus crucifié, je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu; ne me faites pas attendre davantage, ne me demandez rien de plus. L'Apôtre n'imposait qu'une condition à ceux qu'il engendrait par l'Evangile : c'était de reconnaître Jésus crucifié. L'Eunuque sur la simple réponse qu'il croyait que Jésus-Christ était le Fils de Dieu, reçut sans délai le baptême des mains de Philippe. Pourquoi donc m'interdire le culte des idoles; au lieu de me marquer du signe de Jésus-Christ, avant que je ne quitte ce monde ? Quant au paganisme, je l'ai. sucé avec le lait, j'y suis retenu par la force de l'habitude. Je vous obéirai quand je le pourrai, à mon heure; et quand même je ne le ferais pas,: je pourrai du moins finir mes jours, marqué du signe de Jésus-Christ, et Dieu n'aura pas à vous demander compte de mon âme. Que répondre à ce langage ? Consentiront-ils à admettre ce païen ? A Dieu ne plaise ! je ne saurais, croire qu'ils en viennent à cette . extrémité. Que pourraient-ils donc lui répondre, surtout s'il ajoute qu'on aurait dû ne pas l'avertir de. renoncer à l'idolâtrie, au même titre qu'on n'enseigna rien au peuple primitif avant le passage de la mer Rouge, parce que toutes ces vérités étaient renfermées dans la loi, qu'il reçut hors de l'Egypte, après sa délivrance. Sans doute ils vont répondre à cet homme: Tu deviendras le temple de Dieu, après,avoir reçu le baptême : Or l'Apôtre dit : « Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles 1 ? » — Pourquoi ne songent-ils pas qu'on peut encore dire : Tu deviendras membre de Jésus-Christ après avoir reçu le, baptême or: les membres de Jésus-Christ ne peuvent être ceux d'une prostituée,: c'est encore là le langage de l’Apôtre ; et il dit ailleurs: « N'allez pas vous tromper : — Ni les fornicateurs, ni les idolâtres, « (pour abréger la citation) n'hériteront du royaume de Dieu. » Pourquoi donc refuser le baptême aux idolâtres et croire qu'on peut y admettre les fornicateurs, quand l'Apôtre déclare aux adultères et aux autres pécheurs : « Voilà ce que vous avez été autrefois; mais vous avez été purifiés, vous avez été sanctifiés, vous avez été purifiés au nom de Notre- Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu 2.» Par quel motif, quand on peut repousser l'adultère et l'idolâtre, permettre au premier de se présenter au baptême sans qu'il renonce à son commerce criminel, et le défendre au second, puisqu'on dit à l'un comme à l'autre : « Voici ce que vous avez été, mais vous avez été purifiés? » Ce qui préoccupe nos adversaires, c'est la pensée qu'on se sauvera infailliblement, quoique en passant parle feu, si on a cru en Jésus-Christ, si on a été marqué de son signe, en d'autres termes, si on a été baptisé, eût-on poussé l'indifférence à reformer ses moeurs au point de vivre dans le péché. Mais je vais bientôt examiner, avec l'aide de Dieu, ce qu'il faut penser sur ce point d'après l'Ecriture.