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Méthode pour enseigner aux catéchumènes les éléments du Christianisme
CHAPITRE XI.
DEUXIÈME CAUSE D’ENNUI: MOYEN D’Y REMÉDIER.
- Aimerions-nous mieux lire ou entendre des discours travaillés avec soin, plus éloquents que les nôtres, et par suite, ne pouvons-nous sans une certaine répugnance courir les hasards de l’improvisation? Si notre langage, conforme au fond à la vérité, offre à l’auditeur quelques mots qui le blessent, nous avons une ressource commode: c’est de lui apprendre à dédaigner un défaut de netteté ou d’élégance dans les termes, quand ils sont assez clairs pour rendre la pensée. Si au contraire la faiblesse humaine nous égare loin de la vérité, quoiqu’on ne soit guère exposé à ce péril sur le sentier battu qu’il faut suivre pour instruire les catéchumènes; ne manquons pas de prévenir l’impression fâcheuse que pourrait en concevoir l’auditeur; n’attribuons notre méprise qu’à la volonté de Dieu, qui nous a mis à l’épreuve pour voir si nous saurions reconnaître notre erreur avec calme, et pour nous empêcher d’être entraînés dans une erreur plus dangereuse, en faisant notre apologie. Si notre méprise n’a point été relevée, si elle a échappé à l’auditeur et à nous-mêmes, il faut y être insensible à condition de l’éviter à l’avenir. Il arrive assez souvent que, quand notre souvenir se reporte sur nos discours, nous y découvrons quelque erreur, sans pouvoir nous dire quelle impression elle a faite sur les esprits; la douleur est encore plus vive pour un coeur embrasé par la charité, quand il sent qu’une pensée fausse a été accueillie avec plaisir. Dans ce cas, cherchons l’occasion favorable de dissiper peu à peu chez les autres l’erreur que nous nous sommes secrètement reprochée à nous-mêmes: c’est notre parole, et non celle de Dieu, qui a égaré leur esprit. Si quelques méchants, aveuglés par une jalousie insensée, « semeurs de discordes, détracteurs, ennemis de Dieu», triomphent de nos méprises, voyons dans leur joie une occasion d’exercer notre patience et notre charité, « parce que la bonté divine veut aussi les conduire à la pénitence » : car qu’y a-t-il de plus affreux, « de plus capable d’amasser sur nous un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu1», que de triompher, à l’exemple pernicieux de Satan, du mal d’autrui ? Parfois encore nôs discours, quoique d’une justesse irréprochable, présentent certaines vérités qui, faute d’être comprises, on parce qu’elles combattent des opinions et des préjugés invétérés, ont un caractère de nouveauté qui déconcerte et choque l’auditeur. S’il nous laisse voir son impression et qu’il consente à se laisser guérir, prodiguons pour l’éclairer les témoignages et les raisonnements; s’il cache son déplaisir et son impression, Dieu lui ouvrira peut-être les yeux: mais s’il regimbe, et qu’il méprise nos avis, cherchons notre consolation dans l’exemple du Seigneur qui, voyant les hommes trouver ses paroles choquantes et étranges, s’adressa aux disciples fidèles et leur dit : « Et vous, ne voulez-vous point aussi me quitter2? » Nous devons nous attacher à ce principe solide, indestructible, qu’à la fin des siècles la Jérusalem captive sera affranchie du joug de la Babylone terrestre, et qu’aucun de ses enfants ne périra ; et en effet, tous ceux qui périront ne seront pas ses enfants : car « le fondement que Dieu a posé demeure ferme, tant cette parole pour sceau : Dieu connaît ceux qui lui appartiennent, et tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur doivent s’éloigner de l’iniquité3».
Convaincus de ces vérités, invoquant sans cesse au fond de notre coeur le nom de Jésus-Christ, nous cesserons de calculer avec crainte l’effet que nos discours peuvent produire sur des esprits ondoyants et divers; que dis-je? nous supporterons avec joie les désagréments attachés à ce ministre de charité, si nous le remplissons sans avoir la gloire humaine en vue: car le caractère des oeuvres véritablement bonnes, c’est de sortir de la charité et d’y rentrer comme dans leur principe et leur foyer. Quant aux lectures qui nous ravissent, aux discours éloquents que nous voudrions entendre et dont l’inimitable perfection, par les efforts mêmes que nous faisons pour la reproduire, communique à nos paroles une froide monotonie, nous y trouverons un délassement à nos travaux, et notre joie intérieure en doublera le prix nous prierons Dieu avec une confiance nouvelle de nous faire entendre le langage que nous rêvons, en consentant aveu joie à servir, selon nos forces, d’organe à sa parole; c’est ainsi que « tout sert au bien de ceux qui aiment Dieu4».
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De catechizandis rudibus
CAPUT XI. Remedium contra secundam taedii causam.
16. Si autem magis appetimus, ea quae jam parata sunt et melius dicta legere vel audire, et ideo piget incerto exitu ad tempus coaptare quae loquimur: tantum a veritate rerum non aberret animus, facile est ut si in verbis auditorem aliquid offenderit, ex ipsa occasione discat quam sit re intellecta contemnendum, si minus integre, aut si minus proprie sonare potuit, quod ideo sonabat ut res intelligeretur. Quod si humanae infirmitatis intentio etiam ab ipsa rerum veritate aberraverit; quanquam in catechizandis rudibus, ubi via tritissima tenenda est, difficile potest accidere: tamen ne forte accidat ut etiam hinc offendatur auditor, non aliunde nobis debet videri accidisse, nisi quia Deus experiri nos voluit, utrum cum [Col. 0323] mentis placiditate corrigamur, ne in defensionem nostri erroris majore praecipitemur errore. Quod si nemo nobis dixerit, nosque et illos qui audierunt omnino latuerit, nullus dolor est, si non fiat iterum. Plerumque autem nos ipsi recolentes quae dixerimus, reprehendimus aliquid, et ignoramus quomodo cum diceretur acceptum sit; magisque dolemus, quando in nobis fervet charitas, si cum falsum esset, libenter acceptum est. Ideoque opportunitate reperta, sicut nos ipsos in silentio reprehendimus, ita curandum est ut etiam illi sensim corrigantur, qui non Dei verbis, sed plane nostris in aliquam lapsi sunt falsitatem. Si vero aliqui livore vesano caeci errasse nos gaudent, susurrones, detractores, Deo odibiles1; praebeant nobis materiam exercendae patientiae cum misericordia, quia et patientia Dei ad poenitentiam eos adducit. Quid enim est detestabilius, et quod magis thesaurizet iram in die irae et revelationis justi judicii Dei2, quam de malo alterius mala diaboli similitudine atque imitatione laetari? Nonnunquam etiam, cum recte omnia vereque dicantur, aut non intellectum aliquid, aut contra opinionem et consuetudinem veteris erroris ipsa novitate asperum, offendit et perturbat audientem. Quod si apparuerit, sanabilemque se praebet, auctoritatum rationumque copia sine ulla dilatione sanandus est. Si autem tacita et occulta offensio est, Dei medicina opitulari potest. At si resiluerit, et curari recusaverit, consoletur nos dominicum illud exemplum, qui offensis hominibus ex verbo suo, et tanquam durum refugientibus, etiam iis qui remanserant ait, Numquid et vos vultis ire3? Satis enim fixum atque immobile debet corde retineri, Jerusalem captivam ab hujus saeculi Babylonia decursis temporibus liberari, nullumque ex illa esse periturum; quia qui perierit, non ex illa erat. Firmum]: enim fundamentum Dei stat, habens signaculum hoc: novit Dominus qui sunt ejus; et recedat ab iniquitate, omnis qui nominat nomen Domini4. Ista cogitantes, et invocantes Dominum in cor nostrum, minus timebimus incertos exitus sermonis nostri propter incertos motus auditorum; delectabitque nos etiam ipsa perpessio molestiarum pro misericordi opere, si non in eo nostram gloriam requiramus. Tunc enim est vere opus bonum, cum a charitate jaculatur agentis intentio, et tanquam ad locum suum rediens, rursus in charitate requiescit. Lectio vero quae nos delectat, aut aliqua auditio melioris eloquii, ut eam promendo, sermoni nostro praeponere volentes, cum pigritia vel taedio loquamur, alacriores nos suscipiet, jucundiorque praestabitur post laborem; et majore fiducia deprecabimur ut loquatur nobis Deus quomodo volumus, si suscipiamus hilariter ut loquatur per nos quomodo possumus: ita fit ut diligentibus Deum omnia concurrant in bonum5.