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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

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Méthode pour enseigner aux catéchumènes les éléments du Christianisme

CHAPITRE XIII.

QUATRIÈME CAUSE D’ENNUI : MOYENS D’Y REMÉDIER. DE L’USAGE, ADOPTÉ DANS CERTAINES ÉGLISES, D’ÉCOUTER ASSIS LA PAROLE DIVINE.

  1. C’est une rude tâche, je l’avoue, que d’aller jusqu’à la fin de son discours, quand on a sous les yeux un auditeur immobile, impassible. Est-ce scrupule religieux ou respect humain qui l’empêchent de manifester son approbation de la voix ou du geste? Est-ce défaut -d’intelligence ou dédain? Comme nous ne pouvons lire dans son coeur, il faut recourir à tous les moyens pour l’aimer, et percer en quelque sorte la nuit où il s’enveloppe [71]. Refoule-t-il ses pensées en 1ui-même par excès de timidité? Il faut le rassurer par des paroles affectueuses, encourager sa modestie en lui montrant une sympathie toute fraternelle, l’interroger pour savoir s’il comprend, et lui donner assez de confiance pour exposer franchement ses objections. Ne manquons pas non plus de lui demander si ces vérités frappent pour la première fois son oreille, si elles ont perdu à ses yeux l’intérêt de la nouveauté. Sa réponse nous guidera : tantôt il faudra mettre plus de simplicité et de précision dans notre langage, tantôt réfuter les opinions contraires; tantôt nous résumerons ce qu’il sait, loin de nous livrer à d’inutiles développements, et nous choisirons des paraboles, des événements symboliques, dont l’interprétation communiquera à notre entretien une grâce attrayante. S’il manque d’imagination, s’il est incapable de comprendre et de goûter ces beautés exquises, il ne reste plus qu’à le souffrir avec patience; après avoir récapitulé brièvement nos dogmes, il faut insister sur les points essentiels, l’unité catholique, les tentations, la nécessité de se conduire en vue du jugement à venir, en le faisant trembler. Enfin, consacrons plus de temps à parler à Dieu pour lui qu’à lui parler de Dieu.

  2. Il n’est pas rare de voir un auditeur, qui semblait charmé au début, se lasser d’être attentif ou de se tenir debout; il n’approuve plus, que dis-je? il se met à bailler et témoigne involontairement l’envie qu’il a de se retirer. Dès qu’on s’aperçoit de sa fatigue, on doit le récréer, soit en lui tenant quelques propos d’un enjouement de bon ton, sans sortir du sujet, soit en lui faisant un récit qui frappe son imagination ou touche sa sensibilité. Qu’on lui parle surtout de lui-même, afin que l’intérêt personnel le tienne en éveil, sans toutefois le blesser par quelque allusion offensante, ni quitter l’accent de tendresse qui peut seul gagner son coeur. On pourrait encore soulager son attention en lui offrant un siége, ou plutôt, il vaudrait mieux qu’il fût assis dès le commencement, autant que la circonstance le permet. Je trouve fort sensé l’usage adopté dans certaines églises d’outre-mer, où l’on voit assis l’évêque qui parle et le peuple qui l’écoute : de la sorte, les personnes trop délicates ne sont pas condamnées à relâcher leur attention et à en perdre les fruits, même à se retirer. C’est déjà un inconvénient qu’un chrétien, quoique incorporé à l’Eglise, soit contraint de quitter une assemblée nombreuse pour reprendre ses forces; mais n’est-il pas cent fois plus fâcheux qu’un catéchumène, qui doit être initié aux mystères, soit réduit à la nécessité impérieuse de se retirer, pour ne pas tomber de faiblesse? La timidité l’empêche d’expliquer la raison qui l’oblige à partir; ses forces épuisées ne lui permettent plus de rester debout. Je parle par expérience: j’ai vu un homme de la campagne me quitter au milieu de l’entretien, et sa conduite m’a révélé le péché que je signale. Eh! n’y a-t-il pas un orgueil révoltant à ne pas laisser s’asseoir en notre présence des hommes qui sont nos frères, que dis-je ? dont nous - cherchons à nous faire des frères, et qui, à ce titre, doivent attendre de nous une sollicitude plus empressée? Ne voyons-nous pas qu’une femme était assise en écoutant le Seigneur dont les anges environnent le trône1? Si l’entretien doit être court ou que le lieu ne permette guère de s’asseoir, je le veux bien, on écoutera debout: c’est qu’alors l’auditoire sera nombreux et qu’il ne s’agira pas d’instruire un catéchumène. Mais il y a péril, je le répète, à laisser debout une ou deux personnes qui viennent nous trouver pour s’initier à la foi chrétienne.

Toutefois, si nous n’avons pas pris cette précaution au début, et que nous apercevions des signes d’ennui chez l’auditeur, il faut lui offrir aussitôt un siége, en le pressant de s’asseoir, et lui adresser quelques paroles pour le récréer, ou même dissiper le malaise qui avait troublé son attention. Dans l’incertitude où nous sommes des motifs qui l’empêchent d’écouter, tenons-lui, dès qu’il est assis, quelques propos enjoués ou pathétiques; pour l’arracher aux distractions que lui causent les souvenirs du monde. De la sorte, si nous tombons juste sur les pensées qui le préoccupent, elles disparaîtront pour ainsi dire devant une accusation directe : si nous nous sommes trompés, quelques mots sur ces préoccupations que nous sommes obligés de supposer en lui, par cela seul qu’ils sont inattendus et interrompent la suite de l’entretien, piquent sa curiosité et renouvellent son attention. Du reste, soyons brefs, puisque nous faisons une digression, de peur que le remède ne soit pire que le mal et n’augmente la lassitude que nous avons dessein de combattre. Ayons soin dès lors d’abréger; faisons entrevoir et pressons la fin de notre entretien.


  1. Luc, X, 39. ↩

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De catechizandis rudibus

CAPUT XIII. Remedium contra quartam causam fastidii. Auditor vel audiendo vel stando fatigatus, quomodo recreandus. Usus audiendi verbum Dei sedendo, in quibusdam Ecclesiis receptus.

18. Sed revera multum est perdurare in loquendo usque ad terminum praestitutum, cum moveri non videmus audientem; quod sive non audeat, religionis timore constrictus, voce aut aliquo motu corporis significare approbationem suam, sive humana verecundia reprimatur; sive dicta non intelligat, sive contemnat: quandoquidem nobis non cernentibus animum ejus incertum est, omnia sermone tentanda sunt, quae ad eum excitandum et tanquam de latebris eruendum possint valere. Nam et timor nimius atque impediens declarationem judicii ejus, blanda exhortatione pellendus est, et insinuando fraternam societatem verecundia temperanda, et interrogatione quaerendum utrum intelligat, et danda fiducia, ut si quid ei contradicendum videtur, [Col. 0325] libere proferat. Quaerendum eum de illo utrum haec aliquando jam audierit, et fortassis eum tanquam nota et pervulgata non moveant; et agendum pro ejus responsione, ut aut planius et enodatius loquamur, aut opinionem contrariam refellamus, aut ea quae illi nota sunt non explicemus latius, sed breviter complicemus, eligamusque aliqua ex his quae mystice dicta sunt in sanctis Libris, et maxime in ipsa narratione, quae aperiendo et revelando noster sermo dulcescat. Quod si nimis tardus est, et ab omni tali suavitate absurdus et aversus, misericorditer sufferendus est, breviterque decursis caeteris, ea quae maxime necessaria sunt, de unitate Catholicae, de tentationibus, de christiana conversatione propter futurum judicium terribiliter inculcanda sunt, magisque pro illo ad Deum, quam illi de Deo multa dicenda.

19. Saepe etiam fit ut qui primo libenter audiebat, vel audiendo vel stando fatigatus, non jam laudans, sed oscitans labia diducat, et se abire velle etiam invitus ostendat. Quod ubi senserimus, aut renovare oportet ejus animum, dicendo aliquid honesta hilaritate conditum et aptum rei quae agitur, vel aliquid valde mirandum et stupendum, vel etiam dolendum atque plangendum; et magis de ipso, ut propria cura punctus evigilet; quod tamen non offendat ejus verecundiam asperitate aliqua, sed potius familiaritate conciliet; aut oblata sessione succurrere; quanquam sine dubitatione melius fiat, ubi decenter fieri potest, ut a principio sedens audiat; longeque consultius in quibusdam Ecclesiis transmarinis non solum antistites sedentes loquuntur ad populum, sed ipsi etiam populo sedilia subjacent, ne quisquam infirmior stando lassatus a saluberrima intentione avertatur, aut etiam cogatur abscedere. Et tamen multum interest, si se quisquam de magna multitudine subtrahat ad reparandas vires, qui jam sacramentorum societate devinctus est; et si ille discedat (quod plerumque inevitabiliter urgetur, ne interiore defectu victus etiam cadat) qui primis sacramentis imbuendus est: et pudore enim non dicit cur eat, et imbecillitate stare non sinitur. Expertus haec dico: nam fecit hoc quidam, cum eum catechizarem, homo rusticanus, unde magnopere praecavendum esse didici. Quis enim ferat arrogantiam nostram, cum viros fratres nostros, vel etiam quod majore sollicitudine curandum est, ut sint fratres nostri, coram nobis sedere non facimus; et ipsum Dominum nostrum, cui assistunt Angeli, sedens mulier audiebat1? Sane si aut brevis sermo futurus est, aut consessui locus non est aptus, stantes audiant; sed cum multi audiunt, et non tunc initiandi. Nam cum unus, aut duo, aut pauci, qui propterea venerunt ut christiani fiant, periculose loquimur stantibus. Tamen si jam sic coepimus, saltem animadverso auditoris taedio, et offerenda sessio est, imo vero prorsus urgendus ut sedeat, [Col. 0326] et dicendum aliquid quo renovetur, quo etiam cura, si qua forte irruens eum avocare coeperat, fugiat ex animo. Cum enim causae incertae sint cur jam tacitus recuset audire, jam sedenti aliquid adversus incidentes cogitationes saecularium negotiorum dicatur, aut hilari, ut dixi, aut tristi modo: ut si ipsae sunt quae mentem occupaverunt, cedant quasi nominatim accusatae; si autem ipsae non sunt, et audiendo fatigatus est, cum de illis tanquam ipsae sint (quandoquidem ignoramus), inopinatum aliquid et extraordinarium, eo modo quo dixi, loquimur, a taedio renovatur intentio. Sed et breve sit, maxime quia extra ordinem inseritur, ne morbum fastidii cui subvenire volumus etiam augeat ipsa medicina: et acceleranda sunt caetera, et promittendus atque exhibendus finis propinquior.


  1. Luc. X, 39.  ↩

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