CHAPITRE XX. LES PURIFICATIONS ANCIENNES.
23. La loi prescrivait une purification après l'acte conjugal; mais on ne doit pas en conclure que cet acte soit un péché; si l'on n'en voit pas dans ce que l'Apôtre tolère avec indulgence, quoique trop répéter cette sorte d'actes soit un obstacle à la prière. On sait qu'en beaucoup de points la loi n'était qu'une ombre et une figure. Ainsi la semence encore informe qui doit former le corps de l'homme, devait signifier une vie informe et grossière; cette grossièreté de la vie, pour disparaître, a besoin de la doctrine et de l'enseignement; c'est ce que symbolisait la loi de la purification obligatoire après toute émission de la semence. L'émission qui se produit durant le sommeil n'est pas un péché; cependant elle devait être suivie aussi de la purification. Il est vrai que certains auteurs y voient un péché, prétendant qu'elle est toujours le résultat d'un désir coupable. Mais c'est là une erreur. Du moins on ne peut voir un péché dans les règles mensuelles de la femme; néanmoins la loi ancienne les faisait suivre encore d'une expiation1 ; sans doute parce qu'il y a là aussi la matière difforme d'où résulte le développement du corps. Quand donc a lieu cette émission de matière informe, la loi y considère l'image d'un coeur qui se répand et se dissipe sans honneur et sans frein. La purification, à son tour, figure clairement la nécessité de comprimer les élans de ce coeur. Enfin, est-ce donc un péché de mourir, et n'est-ce pas un acte d'humanité d'ensevelir les morts ? Cependant, même alors, la purification était obligatoire2. Non, le corps privé de vie n'est pas un péché; mais il symbolise parfaitement l'état d'une âme dépouillée de la justice.
24. Je conclus donc que le mariage est chose bonne, et que l'on peut aisément le justifier de toutes les calomnies. Et si l'on veut parler du mariage des saints patriarches, je demande, non pas quel mariage, mais quelle continence peut lui être comparée. Mais il est inutile de comparer mariage à mariage, puisque partout le mariage est un don d'égale valeur accordé à la nature encore sujette à la mort; il s'agit de comparer des hommes qui usent du mariage, avec d'autres hommes qui en ont usé bien différemment; et comme je ne trouve personne, parmi les derniers, que je puisse comparer aux premiers, je dois chercher des termes de comparaison parmi ceux qui ont observé la continence. Oserait-on dire qu'Abraham n'a pu conserver la continence en vue du royaume des cieux, lui qui, pour arriver à ce royaume, n'hésita pas un seul instant à immoler son fils unique, le seul objet pour lequel le mariage lui était devenu cher ?