CHAPITRE XLII. C'EST DIEU QUI DONNE LA CONTINENCE ET LA SAGESSE.
43. Enfin, quant à la continence il a été dit « Je savais que personne ne peut être continent, à moins que Dieu ne lui en fasse la grâce ; et c'est le propre de la sagesse de savoir de qui vient ce don1 ».
Il ne suffit pas que la continence soit un don de Dieu, il faut à l'homme la sagesse de reconnaître que ce don ne vient pas de lui, mais de Dieu. Ecoutez : « Dieu a rendu sages des aveugles2; le témoignage de Dieu est fidèle, il donne la sagesse aux enfants3; si quelqu'un désire la sagesse, qu'il la demande à Dieu qui donne à tous abondamment et sans faire de reproche, et il l'obtiendra4 ». Or, les vierges doivent être sages, si elles ne veulent pas que leurs lampes s'éteignent5. Et comment seront-elles sages, si ce n'est en ne s'élevant pas vers ce qu'il y a de plus élevé, et en s'inclinant vers ce qu'il y a de plus humble, en s'occupant des petites choses6 ? C'est la sagesse même qui a dit à l'homme: « La piété, voilà la sagesse7 ». Si donc vous n'avez rien que vous ne l'ayez reçu, ne vous élevez point si haut dans vos pensées, mais craignez[^10]. Gardez-vous surtout de n'aimer que faiblement, sous prétexte qu'il ne vous a été que peu pardonné ; au contraire, aimez beaucoup, parce que vous avez beaucoup reçu. Si celui à qui il a été donné pour le dispenser de payer, aime beaucoup; combien plus doit aimer celui qui a reçu pour conserver. Or, si une âme a conservé sa pureté première, c'est que Dieu a dirigé ses pas; et si une autre a quitté l'impureté pour devenir chaste, c'est que Dieu l'a retirée du mal ; enfin, si l'on reste impudique jusqu'à la fin, c'est que Dieu a abandonné. Quoique Dieu fasse en cela, ses desseins nous sont inconnus, mais ils ne sauraient être injustes. S'il nous les cache, n'est-ce pas afin de nous faire craindre davantage et de nous empêcher de nous enorgueillir?
- Rom. XI, 20