CHAPITRE LV. BONHEUR D'AIMER L'ÉPOUX DIVIN.
56. Ce qu'il recherche , c'est la beauté intérieure de cette âme par laquelle il vous a donné le pouvoir de devenir les filles bien-aimées de Dieu1. Pour cela il ne demande pas de vous un beau corps, mais de belles moeurs pour réprimer les élans de la chair. Il n'est pas menteur dans ses promesses, et ne soulève pas la jalousie cruelle. Voyez avec quelle sécurité vous jouissez de son amour, car vous n'avez pas à craindre de lui déplaire par des soupçons. Le mari et la femme s'aiment parce qu'ils se voient, et ils craignent réciproquement ce qu'ils ne voient pas; ce qu'il voient ne peut donc leur procurer une joie assurée, puisque souvent ils soupçonnent intérieurement ce qui n'est pas. Dans Celui que vous ne voyez pas de vos yeux, mais que vous apercevez par la foi, vous ne trouvez rien qui puisse vous blesser et vous n'avez pas à craindre qu'il s'offense de ce qui n'existe pas. Dans le mariage, vous auriez été ténues à un grand amour pour vos époux; quel amour ne devez-vous donc pas à Celui que vous avez préféré à tous les époux ? Tenez fixé dans votre cœur Celui qui pour vous fut attaché à la Croix; qu'il possède dans votre âme tout ce que vous avez refusé d'engager par le mariage. Il ne vous est pas permis de n'aimer que faiblement Celui pour qui vous avez refusé d'aimer, même ce que vous pouviez aimer. Or, si vous aimez de la sorte Celui qui fut doux et humble de coeur, je ne crains pour vous aucune espèce d'orgueil.
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Jean, I, 12. ↩