17.
Toutefois si l'on proposait à celui qui a mieux aimé offrir de l'encens aux idoles que d'être déshonoré dans son corps, si on lui proposait, dis-je, de se soustraire à la première injonction en proférant un mensonge injurieux à la mémoire du Christ, il serait le plus insensé des hommes s'il y consentait. Je dis plus : il serait encore plus insensé, si pour se soustraire à l'infâme passion d'un autre, pour éviter un outrage absolument indépendant de sa volonté, il altérait l'Evangile par de faux, éloges du Christ : plus zélé à éviter un attentat contre son corps, qu'à ne pas corrompre, qu'à respecter la doctrine qui sanctifie les âmes et les corps. Il faut donc absolument écarter toute espèce de mensonge de l'enseignement de la religion, et de toutes les explications, de tous les énoncés qui s'y rattachent quand on travaille à l'instruction des autres ou à la sienne. Il est impossible d'imaginer un motif qui justifie le mensonge en tel cas; on ne le peut pas, même dans le but d'attirer quelqu'un plus facilement à cette doctrine. En effet, dès que la vérité est détruite, ou même légèrement atteinte, tout retombe dans l'incertitude : car on ne peut croire comme vrai ce qu'on ne tient pas pour certain. Il est donc permis à celui qui disserte ou discute sur les vérités éternelles et à celui qui les prêche, à celui qui raconte ou explique des événements temporels qui tendent à l'édification religieuse et à la piété, il lui est permis, dis-je, de taire dans l'occasion tout ce qu'il croit devoir passer sous silence; mais il ne peut jamais mentir, par conséquent jamais rien cacher par un mensonge.