26.
Un premier moyen d'éclairer la question, c'est de discuter avec soin les textes divins qui défendent le mensonge: s'ils nous ferment toute issue, c'est en vain que nous en chercherons une; car il faut à tout prix observer le commandement divin, et accepter avec courage la volonté de Dieu dans toutes les conséquences fâcheuses qui peuvent résulter de notre fidélité. Si, au contraire, nous trouvons un moyen d'excuser le mensonge dans le cas supposé, il ne faut pas nous l'interdire. C'est pour cela que les Saintes Ecritures ne contiennent pas seulement les commandements de Dieu, mais aussi la vie et les moeurs des justes, par lesquelles nous pouvons interpréter ce qu'il pourrait y avoir d'obscur dans les commandements du Seigneur. Il faut pourtant excepter tous les faits, d'ailleurs certains et indubitables, qui sont susceptibles d'un sens allégorique, comme sont presque tous les faits rapportés dans les livres de l'Ancien Testament: car qui oserait soutenir qu'il y ait là quelque chose qui n'ait une signification figurée? Quand l'Apôtre, par exemple, affirme que les deux fils d'Abraham, qui nous semblent au premier abord nés simplement et selon l'ordre naturel pour former un peuple (car enfin il n'y avait dans leur naissance rien d'extraordinaire, rien de prodigieux, qui forçât à y voir une figure), affirme, dis-je, qu'ils représentent les deux Testaments1 ; quand il nous dit que le merveilleux bienfait accordé par Dieu au peuple d'Israël lorsqu'il le tira de l'odieuse servitude d'Egypte, ainsi que la vengeance qu'il exerça sur lui pendant le voyage à cause de ses infidélités; quand l'Apôtre nous dit que tout cela est arrivé en figure2; pourrait-on trouver un seul fait qui déroge à cette règle et dont on ose dire qu'il ne renferme aucun sens figuratif ? Mais, ces faits mis à part, étudions dans le Nouveau Testament les actions des saints, qui nous sont évidemment proposées pour modèles de conduite, et cherchons-y l'explication de la lettre des commandements.