30.
Mais pourquoi les hérétiques se permettent-ils d'imiter le mensonge de Thamar, et non la fornication de Juda a ? Les deux faits se lisent cependant, et l'Écriture ne les blâme ni ne les loue : elle se contente de les raconter et de les livrer à notre jugement; il serait toutefois bien étonnant qu'elle laissât croire qu'on peut les imiter impunément. Nous savons que Thamar ne mentit point par des vues de libertinage, mais dans le désir d'être mère. Or la fornication peut (à la différence de celle de Juda) être le fait d'un homme qui veut délivrer quelqu'un, comme le mensonge de Thamar était inspiré par le désir d'être mère faudra-t-il donc commettre la fornication dans le premier cas, si le mensonge est déclaré permis dans le second ? Ainsi ce n'est pas seulement à propos du mensonge qu'il faut bien peser la décision que nous devons rendre, mais au sujet de tous les actes humains où se rencontrent des fautes que l'on peut appeler de compensation ; afin de ne pas ouvrir la porte, non-seulement à toute espèce de péchés véniels, mais à tous les crimes. Car il n'y a pas un forfait, pas un attentat, pas un sacrilège auquel on ne puisse trouver quelque motif qui en ferait une bonne action, le cas échéant: opinion qui saperait par la base tous les fondements de la société.