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La cité de dieu
CHAPITRE XIX.
DE LA FORTUNE FÉMININE.
Les païens ont tant de respect pour cette prétendue déesse Fortune, qu’ils ont très-soigneusement conservé une tradition suivant laquelle la statue, érigée en son honneur par les matrones romaines sous le nom de Fortune féminine, aurait parlé et dit plusieurs fois que cet hommage lui était agréable. Le fait serait-il vrai, on ne devrait pas être fort surpris, car il est facile aux démons de tromper les hommes. Mais ce qui aurait dû ouvrir les yeux aux païens, c’est que la déesse qui a parlé est celle qui se donne au hasard, et non celle qui a égard aux mérites. La Fortune a parlé, dit-on, mais la Félicité est restée muette; pourquoi cela, je vous prie, sinon pour que les hommes se missent peu en peine de bien vivre, assurés qu’ils étaient de la protection de la déesse aux aveugles faveurs? Et en vérité, si la Fortune a parlé, mieux eût valu que ce fût la Fortune virile1 que la Fortune féminine, afin de ne pas laisser croire que ce grand miracle n’est en réalité qu’un bavardage de matrones.
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Plutarque assure qu’il y avait à Rome un temple dédié par le roi Ancus Martius à la Fortune virile (De fort. Roman., p. 318, F. — Comp. Ovide, Fastes, lib. IV, vers 145 et seq.) ↩
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The City of God
Chapter 19.--Concerning Fortuna Muliebris. 1
To this supposed deity, whom they call Fortuna, they ascribe so much, indeed, that they have a tradition that the image of her, which was dedicated by the Roman matrons, and called Fortuna Muliebris, has spoken, and has said, once and again, that the matrons pleased her by their homage; which, indeed, if it is true, ought not to excite our wonder. For it is not so difficult for malignant demons to deceive, and they ought the rather to advert to their wits and wiles, because it is that goddess who comes by haphazard who has spoken, and not she who comes to reward merit. For Fortuna was loquacious, and Felicitas mute; and for what other reason but that men might not care to live rightly, having made Fortuna their friend, who could make them fortunate without any good desert? And truly, if Fortuna speaks, she should at least speak, not with a womanly, but with a manly voice; lest they themselves who have dedicated the image should think so great a miracle has been wrought by feminine loquacity.
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The feminine Fortune. ↩