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La cité de dieu
CHAPITRE XXIII.
CE QUE PENSAIT HERMÈS TRISMÉGISTII DE L’IDOLÂTRIE, ET COMMENT IL A PU SAVOIR QUE LES SUPERSTITiONS DE L’ÉGYPTE SERAIENT ABOLIES.
Hermès l’Egyptien1, celui qu’on appelle Trismégiste, a eu d’autres idées sur les démons. Apulée, en effet, tout en leur refusant le titre de dieux, voit en eux les médiateurs nécessaires des hommes auprès des dieux, et dès lors le culte des démons et celui des dieux restent inséparables; Hermès, au contraire, distingue deux sortes de dieux: les uns qui ont été formés par le Dieu suprême, les autres qui sont l’ouvrage des hommes. A s’en tenir là, on conçoit d’abord que ces dieux, ouvrages des hommes, ce sont les statues qu’on voit dans les temples ; point du tout; suivant Hermès, les statues visibles et tangibles ne sont que le corps des dieux, et il les croit animées par de certains esprits qu’on a su y attirer et qui ont le pouvoir de nuire comme aussi celui de faire du bien à ceux qui leur rendent les hommages du culte et les honneurs divins. Unir ces esprits invisibles à une matière corporelle pour en faire des corps animés, des symboles vivants dédiés et soumis aux esprits qui les habitent, voilà ce qu’il appelle faire des dieux, et il soutient que les hommes possèdent ce grand et merveilleux pouvoir. Je rapporterai ici ses paroles, telles qu’elles sont traduites dans notre langue2:
« Puisque l’alliance et la société des hommes et des dieux font le sujet de notre entretien, considérez, Esculape, quelle est la puissance et la force de l’homme. De même que le Seigneur et Père, Dieu en un mot, a produit les dieux du ciel; ainsi l’homme a formé les dieux qui font leur séjour dans les temples et habitent auprès de lui » - Et un peu après: « L’homme donc, se souvenant de sa nature et de son origine, persévère dans cette imitation de la Divinité, de sorte qu’à l’exemple de ce Père et Seigneur qui a fait des dieux éternels comme lui, l’homme s’est formé des dieux à sa ressemblance ». Ici Esculape, à qui Hermès s’adresse, lui ayant dit: « Tu veux parler des statues, Trismégiste », celui-ci répond: « Oui, c’est des statues que je parle, Esculape, quelque doute qui puisse t’arrêter, de ces statues vivantes toutes pénétrées d’esprit et de sentiment, qui t’ont tant et de si grandes choses, de ces statues qui connaissent l’avenir et le prédisent par les sortilèges, les devins, les songes et de plusieurs autres manières, qui envoient aux hommes des maladies et qui les guérissent, qui répandent enfin dans les coeurs, suivant le mérite de chacun, la joie ou la tristesse. Ignores-tu, Esculape, que l’Egypte est l’image du ciel, ou, pour mieux parler, que le ciel, avec ses mouvements et ses lois, y est comme descendu; enfin, s’il faut tout dire, que notre pays est le temple de l’univers? Et cependant, puisqu’il est d’un homme sage de tout prévoir, voici une chose que vous ne devez pas ignorer: un temps viendra où il sera reconnu que les Egyptiens ont vainement gardé dans leur coeur pieux un culte fidèle à la Divinité, et toutes leurs cérémonies saintes tomberont dans l’oubli et le néant».
Hermès s’étend fort longuement sur ce sujet, et il semble prédire le temps où la religion chrétienne devait détruire les vaines superstitions de l’idolâtrie par la puissance de sa vérité et de sa sainteté librement victorieuses, alors que la grâce du vrai Sauveur viendrait arracher l’homme au joug des dieux qui sont l’ouvrage de l’homme, pour le soumettre au Dieu dont l’homme est l’ouvrage. Mais, quand il fait cette prédiction, Hermès, tout en parlant en ami déclaré des prestiges des démons, ne prononce pas nettement le nom du christianisme; il déplore au contraire, avec l’accent de la plus vive douleur, la ruine future de ces pratiques religieuses qui, suivant lui, entretenaient en Egypte la ressemblance de l’homme avec les dieux. Car il était de ceux dont l’Apôtre dit: « Ils ont connu Dieu sans le glorifier et l’adorer comme Dieu; mais ils se sont perdus dans leurs chimériques pensées, et leur coeur insensé s’est rempli de ténèbres. En se disant sages ils sont devenus fous, et ils ont prostitué la « gloire de l’incorruptible divinité à l’image de l’homme corruptible3 ».
On trouve en effet dans Hermès un grand nombre de pensées vraies sur le Dieu unique et véritable qui a créé l’univers; et je ne sais par quel aveuglement de coeur il a pu vouloir que les hommes demeurassent toujours soumis à ces dieux qui sont, il en convient, leur propre ouvrage, et s’affliger de la ruine future de cette superstition. Comme s’il y avait pour l’homme une condition plus malheureuse que d’obéir en esclave à l’oeuvre de ses mains! Après tout, il lui est plus facile de cesser d’être homme en adorant les dieux qu’il a faits, qu’il ne l’est à ces idoles de devenir dieux par le culte qu’il leur rend; que l’homme, en effet, déchu de l’état glorieux où il a été mis4, descende au rang des brutes, c’est une chose plus facile que de voir l’ouvrage de l’homme devenir plus excellent que l’ouvrage de Dieu fait à son image, c’est-à-dire que l’homme même. Et il est juste par conséquent que l’homme tombe infiniment au-dessous de son Créateur, quand il met au-dessus de soi sa propre créature.
Voilà les illusions pernicieuses et les erreurs sacrilèges dont Hermès l’Egyptien prévoyait et déplorait l’abolition ; mais sa plainte était aussi impudente que sa science était téméraire. Car le Saint-Esprit ne lui révélait pas l’avenir comme il faisait aux saints Prophètes qui, certains de la chute future des idoles, s’écriaient avec joie : « Si l’homme se fait des dieux, ce ne seront point des dieux véritables5 ». Et ailleurs : « Le jour viendra, dit le Seigneur, où je chasserai les noms des idoles de la face de la terre, et la mémoire même en périra6 ». Et Isaïe, prophétisant de l’Egypte en particulier: « Les idoles de l’Egypte seront renversées devant le Seigneur, et le coeur des Egyptiens se sentira vaincu7 ». Parmi les inspirés du Saint- -Esprit, il faut placer aussi ces personnages qui se réjouissaient des événements futurs dévoilés à leurs regards, comme Siméon et Anne8 qui connurent Jésus-Christ aussitôt après sa naissance; ou comme Elisabeth9, qui le connut en esprit dès sa conception; ou comme saint Pierre qui s’écria, éclairé par une révélation du Père: « Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant10 ». Quant à cet égyptien, les esprits qui lui avaient révélé le temps de leur défaite, étaient ceux-là mêmes qui dirent en tremblant à Notre-Seigneur pendant sa vie mortelle: « Pourquoi êtes-vous venu nous « perdre avant le temps11? » soit qu’ils fussent surpris de voir arriver sitôt ce qu’ils prévoyaient à la vérité, mais sans le croire si proche, soit qu’ils fissent consister leur perdition à être démasqués et méprisés. Et cela arrivait avant le temps , c’est-à-dire avant l’époque du jugement, où ils seront livrés à la damnation éternelle avec tous les hommes qui auront accepté leur société; car ainsi l’enseigne la religion, celle qui ne trompe pas, qui n’est pas trompée, et qui ne ressemble pas à ce prétendu sage flottant à tout vent de doctrine, mêlant le faux avec le vrai, et se lamentant sur la ruine d’une religion convaincue d’erreur par son propre aveu.
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Au temps de saint Augustin il circulait un très grand nombre d’ouvrages qu’on supposait traduits de l’égyptien en grec ou en latin, et composés par Hermès. Rien de plus suspect que l’authenticité des livres hermétiques; rien de plus douteux que l’existence d’Hermès, personnage symbolique en qui se résumaient toute la science et tous les arts de l’antique Egypte. ↩
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Saint Augustin cite ici une traduction attribuée à Apulée du dialogue hermétique intitulé Escalope. C’est une compilation d’idées hébraiques, égyptiennes, platoniciennes, où se trahit la main d’un falsificateur des premiers siècles de l’Eglise. Voyez la dissertation de M. Guignant De Ermou seu Mercurii mythologia. Paris, 1835. ↩
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Rom. I, 21-23 ↩
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Ps. XLVIII, 12. ↩
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Jér. XVI, 20. ↩
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Zach. XIII, 2. ↩
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Isaïe, XIX, 1 . ↩
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Luc, II, 25-38. ↩
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Id. I, 45. ↩
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Matt. XVI, 16. ↩
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Ephés. IV, 14. ↩
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Zweiundzwanzig Bücher über den Gottesstaat (BKV)
23. Die Ansicht des Hermes Trismegistus über die Bilderanbetung und seine Quelle, aus der er den Untergang des Aberglaubens der Ägypter erfuhr.
Denn der Ägypter Hermes, den man Trismegistus1 zubenennt, hat über die Dämonen anders geurteilt und geschrieben. Nach Apuleius nämlich sind sie allerdings nicht Götter; aber da er sie zwischen den Göttern und den Menschen in der Weise sozusagen in der Mitte schweben läßt, daß sie den Menschen in ihren Beziehungen zu den Göttern unentbehrlich erscheinen, so ist bei ihm ihr Kult mit der Verehrung der Götter unzertrennlich verbunden. Dagegen jener Ägypter läßt sich dahin Band 1, S. 427vernehmen, daß die einen Götter vom höchsten Gott, andere von Menschen gemacht worden seien. Wenn man das so hört, wie es da steht, möchte man zunächst meinen, es sei von Götterbildnissen die Rede, weil diese „Werke der Menschenhand“2sind; indes bezeichnet Hermes die sichtbaren und greifbaren Bildnisse wenigstens als eine Art Leiber der Götter; in ihnen hätten auf Einladung hin gewisse Geister Wohnung genommen, die nicht ohne Macht seien, entweder zu schaden oder einige Wünsche derer zu erfüllen, die ihnen göttliche Ehren und die Huldigung des Kultus erweisen. Diese unsichtbaren Geister nun durch gewisse Mittel an sichtbare Gegenstände materieller Art zu binden, sodaß die ihnen geweihten und unterstellten Bilder gleichsam beseelte Körper seien, das nennt er Götter machen und diese große und staunenswerte Gewalt, Götter zu machen, hätten die Menschen erhalten. Ich will die betreffende Stelle aus Hermes ihrem Wortlaut nach anführen, wie sie in der Übertragung in unsere Sprache lautet: „Und da wir gerade von der Verwandtschaft und Gemeinschaft zwischen Göttern und Menschen reden, so höre, Asklepius, welche Macht und Gewalt der Mensch hierin hat. Wie der Herr und Vater oder, was das höchste ist, Gott der Schöpfer der himmlischen Götter ist, so ist der Mensch der Bildner der Götter, die sich in den Tempeln in unmittelbarer Nähe der Menschen befinden“. Und kurz darauf sagt er: „So sehr bleibt sich die Menschheit, stets eingedenk ihrer Natur und ihres Ursprungs, in der Nachahmung der Gottheit getreu, daß sie, wie der Vater und Herr nach seinem Bilde ewige Götter geschaffen hat, ihre Götter ähnlich ihrem eigenen Aussehen bildete“. Als ihm hier Asklepius, an den er sich vornehmlich wandte, erwiderte: „Du meinst wohl die Statuen, Trismegistus?“ fuhr er fort: „Freilich, die Statuen meine ich; du siehst, daß auch du Zweifel hegst; die beseelten Statuen voll Empfindung und Geist, die so Großes und Wunderbares wirken, die Statuen, kundig des Zukünftigen und es durch das Los, durch den Seher, in Träumen und sonst auf vielerlei Weise verkündend, die den Band 1, S. 428Menschen Krankheiten erregen und heilen, Leid und Freud je nach Verdienst. Weißt du nicht, Asklepius, daß Ägypten ein Abbild des Himmels ist oder, richtiger gesagt, eine Übertragung und ein Herabsteigen alles dessen, was im Himmel geleitet wird und geschieht? Und wenn ich mich genauer ausdrücken soll, so ist unser Land ein Tempel der ganzen Welt. Und doch dürft ihr, weil der Weise alles vorherwissen soll, darüber nicht in Unkenntnis sein: Es wird die Zeit kommen, da es offenbar wird, daß die Ägypter unnützer Weise frommen Sinnes in eifriger Verehrung an der Gottheit festhielten.“
Darauf führt Hermes weitläufig diese Worte aus, worin er die Zeit vorherzusagen scheint, da die christliche Religion mit der Entschiedenheit und Freiheit, die eben ihrer Wahrhaftigkeit und Heiligkeit entspricht, all die trügerischen Gebilde über den Haufen wirft, damit die Gnade des einzig wahren Erlösers den Menschen von den Göttern befreie, die der Mensch geschaffen hat, und ihn dem Gott unterwürfig mache, von dem der Mensch geschaffen worden ist. Indes spricht Hermes bei dieser seiner Voraussage wie einer, der an solchen Blendwerken der Dämonen hängt, und er nennt auch dabei das Christentum nicht ausdrücklich, sondern sozusagen mit trauernder Miene gibt er Zeugnis davon und beklagt das Kommende in dem Sinne, als ob dadurch ein Gebrauch beseitigt und vernichtet werden solle, durch dessen Beobachtung das himmlische Abbild in Ägypten bewahrt wurde. Er gehört auch zu denen3, über die der Apostel4 sagt, daß sie, „obgleich sie Gott erkannten, ihn doch nicht als Gott verherrlicht noch ihm gedankt haben, sondern sie wurden eitel in ihren Gedanken und ihr unverständiges Herz ward verfinstert; sie gaben sich nämlich für Weise aus, sind aber zu Toren geworden und verwandelten die Herrlichkeit des unvergänglichen Gottes in das Bild und Gleichnis des vergänglichen Menschen“, und was weiter folgt, hier aber anzuführen zu weitläufig wäre. Er bringt ja in der Tat über den einen wahren Gott und Weltschöpfer vieles vor, was der Wahrheit entspricht; und irgendwie verfällt er dann durch die Band 1, S. 429angedeutete Verfinsterung des Herzens auf jene Ideen und meint nun, die Menschen sollten sich den Göttern, die nach seinem eigenen Eingeständnis von Menschen gemacht werden, für immer ergeben, und beklagt die künftige Beseitigung dieses Zustandes, als ob es überhaupt etwas Unseligeres geben könnte als einen Menschen, über den seine eigenen Gebilde einen beherrschenden Einfluß ausüben; da wäre doch eher noch denkbar, daß der Mensch bei der Verehrung von Gegenständen als Göttern, die er selbst gemacht hat, nicht mehr Mensch sei, als daß durch seine Verehrung Gegenstände Götter sein könnten, die der Mensch gemacht hat. Denn leichter kommt es vor, daß "ein Mensch, der in Ehren steht und es nicht bedenkt, den Tieren gleiche“5, als daß dem nach Gottes Ebenbild erschaffenen Werke Gottes d. i. dem Menschen das Werk eines Menschen überzuordnen wäre. Mit Recht also kommt der Mensch dem ferne, der ihn geschaffen, wenn er sich überordnet, was er selbst geschaffen.
Mit Trauer erfüllte es Hermes, eine Zeit kommen zu sehen, da diese nichtigen, irreführenden, verderblichen und gotteslästerlichen Gebilde beseitigt würden; aber seine Trauer war ebenso unangebracht wie sein Sehen unerleuchtet. Denn ihm hatte dies nicht der heilige Geist geoffenbart, wie den heiligen Propheten, die es so kommen sahen und frohlockend ausriefen: „Wird der Mensch Götter machen, und siehe, sie sind doch keine Götter“6; und an einer anderen Stelle: „Es wird geschehen an jenem Tage, spricht der Herr, da werde ich die Namen der Götzen ausrotten aus dem Lande und man wird ihrer nicht mehr gedenken“7; und speziell von Ägypten weissagt mit Bezug hierauf der heilige Esaias8: „Und es werden beben die Werke der Menschenhände in Ägypten vor seinem Antlitz und ihr Herz wird erliegen in ihrer Brust“, und anderes der Art. Zu dieser erleuchteten Schar gehörten auch jene, die sich freuten über die Erfüllung dessen, was kommen sollte, wie sie wußten, Band 1, S. 430ein Symeon9, eine Anna10, die im Geiste Jesus erkannten alsbald nach seiner Geburt; eine Elisabeth11, die ihn noch im Mutterschoße erkannte; ein Petrus12, da er auf Offenbarung des Vaters hin sprach: „Du bist Christus, der Sohn des lebendigen Gottes“. Jenem Ägypter aber verrieten dieselben Geister ihr bevorstehendes Verderben, die ebenso zu dem im Fleische gegenwärtigen Herrn zitternd sagten: „Was bist du gekommen, uns vor der Zeit zu verderben?“13sei es, daß ihnen das zu plötzlich kam, was sie zwar erwarteten, aber doch erst später, oder daß sie als ihr Verderben die Verachtung bezeichneten, die auf ihre Entlarvung folgen mußte, und daß dies eintrat „vor der Zeit“, d. i. vor der Zeit des Gerichtes, da sie mit ewiger Verdammnis bestraft werden sollen mitsamt allen Menschen, die in Gemeinschaft mit ihnen verweilen, wie die Religion spricht, die nicht irre führt und nicht irre geht, so ganz anders als Hermes, der sozusagen „von jedem Wind der Lehre“14bald von der bald von der andern Seite angeblasen und Wahres mit Falschem mischend scheinbar den Untergang einer Religion beklagt, die er hinterher selbst als einen Irrtum bezeichnet.
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„Die Schriften des angeblichen Hermes Trismegistus stammen in ihrer jetzigen Gestalt aus dem Ende des 3. Jahrhunderts nach Christus“ (Ueberweg, Grdr. d. Gesch. d. Philos. l10, 826), sind aber in ihrem Grundstock älter und galten jener Zeit als vorchristlich. ↩
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Ps. 113, l2. ↩
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Vgl. oben VIII 10. ↩
-
Röm. 1, 21-23. ↩
-
Ps. 48, 13. ↩
-
Jerem. 16, 20. ↩
-
Zach. 13, 2. ↩
-
19, 1. ↩
-
Lk. 2, 25 ff. ↩
-
Lk. 2, 36-38. ↩
-
Lk. 1, 41 ff. ↩
-
Mt. 16, 16. ↩
-
Mt. 8, 29. ↩
-
Eph. 4, 14. ↩