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La cité de dieu
CHAPITRE VIII.
DES MIRACLES QUI ONT ÉTÉ FAITS POUR QUE LE MONDE CRUT EN JÉSUS-CHRIST ET QUI N’ONT PAS CESSÉ DEPUIS QU’IL Y CROIT.
Pourquoi, nous dit-on, ces miracles qui, selon vous, se faisaient autrefois, ne se font-ils plus aujourd’hui? Je pourrais répondre que les miracles étaient nécessaires avant que le monde crût, pour le porter à croire, tandis qu’aujourd’hui quiconque demande encore des miracles pour croire est lui-même un grand miracle de ne pas croire ce que toute la terre croit; mais ils ne parlent ainsi que pour faire douter de la réalité des miracles. Or, d’où vient qu’on publie si hautement partout que Jésus-Christ est monté au ciel avec son corps? d’où vient qu’en des siècles éclairés, où l’on rejetait tout ce qui paraissait impossible, le monde a cru sans miracles des choses tout à fait incroyables? Aiment-ils mieux dire qu’elles étaient incroyables, et que c’est pour cela qu’on les a crues? Que ne les croient-ils donc eux-mêmes? Voici donc à quoi se réduit tout notre raisonnement : ou bien des choses incroyables que tout le monde voyait ont persuadé une chose incroyable que tout le monde ne voyait pas; ou bien cette chose était tellement croyable qu’elle n’avait pas besoin de miracles pour être crue, et, dans ce dernier cas, où trouver une opiniâtreté plus extrême que celle de nos adversaires? Voilà ce qu’on peut répondre aux plus obstinés. Que plusieurs miracles aient été opérés pour assurer ce grand et salutaire miracle par lequel Jésus-Christ est ressuscité et monté au ciel avec son corps, c’est ce que l’on ne peut nier. En effet, ils sont consignés dans les livres sacrés qui déposent tout ensemble et de la réalité de ces miracles et de la foi qu’ils devaient fonder. La renommée de ces miracles s’est répandue pour donner la foi, et la foi qu’ils leur ont donnée ajoute à leur renommée un nouvel éclat. On les lit aux peuples afin qu’ils croient, et néanmoins on ne les leur lirait pas, si déjà ils n’avaient été crus. Car il se fait encore des miracles au nom de Jésus-Christ, soit par les sacrements, soit par les prières et les reliques des saints, mais ils ne sont pas aussi célèbres que les premiers. Le canon des saintes Lettres, qui devait être fixé par l’Eglise, fait connaître ces premiers miracles en tous lieux et les confie à la mémoire des peuples. Au contraire, ceux-ci ne sont connus qu’aux lieux où ils se passent, et souvent à peine le sont-ils d’une ville entière, surtout quand elle est grande, ou d’un voisinage restreint. Ajoutez enfin que l’autorité de ceux qui les rapportent, tout fidèles qu’ils sont et s’adressant à des fidèles, n’est pas assez considérable pour ne laisser aucun doute aux bons esprits.
Le miracle qui eut lieu à Milan (j’y étais alors), quand un aveugle recouvra la vue, a pu être connu de plusieurs; en effet, la ville est grande, l’empereur était présent, et ce miracle s’opéra à la vue d’un peuple immense accouru de tous côtés pour voir les corps des saints martyrs Gervais et Protais, qui avaient été découverts en songe à l’évêque Ambroise. Or, par la vertu de ces reliques, l’aveugle sentit se dissiper les ténèbres de ses yeux et recouvra la vue1 .
Mais qui, à l’exception d’un petit nombre, a entendu parler à Carthage de la guérison miraculeuse d’Innocentius, autrefois avocat de la préfecture, guérison que j’ai vue de mes propres yeux? C’était un homme très-pieux, ainsi que toute sa maison, et il nous avait reçus chez lui, mon frère Alype2 et moi, au retour de notre voyage d’outre-mer, quand nous n’étions pas encore clercs, mais engagés cependant au service de Dieu; nous demeurions donc avec lui. Les médecins le traitaient de certaines fistules hémorroïdales qu’il avait en très-grande quantité, et qui le faisaient beaucoup souffrir. Ils avaient déjà appliqué le fer et usé de tous les médicaments que leur conseillait leur art. L’opération avait été fort douloureuse et fort longue; mais les médecins, par mégarde, avaient laissé subsister une fistule qu’ils n’avaient point vue entre toutes les autres. Aussi , tandis qu’ils soignaient et guérissaient toutes les fistules ouvertes, celle-là seule rendait leurs soins inutiles. Le malade, se défiant de ces longueurs, et appréhendant extrêmement une nouvelle incision, comme le lui avait fait craindre un médecin , son domestique, que les autres avaient renvoyé au moment de l’opération, ne voulant pas de lui, même comme simple témoin, et que son maître, après l’avoir chassé dans un accès de colère, n’avait consenti à recevoir qu’avec beaucoup de difficulté, le malade, dis-je, s’écria un jour, hors de lui : Est-ce que vous allez m’inciser encore? et faudra-t-il que je souffre ce que m’a prédit celui que vous avez éloigné? — Alors ils commencèrent à se moquer de l’ignorance de leur confrère et à rassurer le malade par de belles- promesses. Cependant plusieurs jours se passent, et tout ce que l’un tentait était inutile. Les médecins persistaient toujours à dire qu’ils guériraient cette hémorroïde par la force de leurs médicaments, sans employer le fer. Ils appelèrent un vieux praticien, fameux par ces sortes de cures, nommé Ammonius, qui, après avoir examiné le mal, en porta le même jugement. Le malade , se croyant déjà hors d’affaire, raillait le médecin domestique, sur ce qu’il avait prédit qu’il faudrait une nouvelle opération. Que dirai-je de plus? Après bien des jours, inutilement reculés, ils en vinrent à avouer, las et confus, que le fer pouvait seul opérer la guérison. Le malade épouvanté, pâlissant, aussitôt que son extrême frayeur lui eût permis de parler, leur enjoignit de se retirer et de ne plus revenir.
Cependant, après avoir longtemps pleuré, il n’eut d’autre ressource que d’appeler un certain Alexandrin, chirurgien célèbre, pour faire ce qu’il n’avait pas voulu que les autres fissent. Celui-ci vint donc; mais après avoir reconnu par les cicatrices l’habileté de ceux qui l’avaient traité, il lui conseilla, en homme de bien, de les reprendre, et de ne pas les priver du fruit de leurs efforts. Il ajouta qu’Innocentius ne pouvait guérir, en effet, qu’en subissant une nouvelle incision, mais qu’il ne voulait point avoir l’honneur d’une cure si avancée, et dans laquelle il admirait l’adresse de ceux qui l’avaient précédé. Le malade se réconcilia donc avec ses médecins; il fut résolu qu’ils feraient l’opération en présence de l’Alexandrin, et elle fut remise par eux au lendemain. Cependant, les médecins s’étant retirés, le malade tomba dans une si profonde tristesse que toute sa maison en fut remplie de deuil, comme s’il eût déjà été mort. Il était tous les jours visité par un grand nombre de personnes pieuses, et entre autres par Saturnin, d’heureuse mémoire, évêque d’Uzali, et par Gélose, prêtre, ainsi que par quelques diacres de l’Eglise de Carthage. De ce nombre aussi était l’évêque Aurélius, le seul de tous qui ait survécu , personnage éminemment respectable avec lequel nous nous sommes souvent entretenus de ce miracle de Dieu, dont il se souvenait parfaitement. Comme ils venaient, sur le soir, voir le malade, suivant leur ordinaire, il les pria de la manière la plus attendrissante d’assister le lendemain même à ses funérailles plutôt qu’à ses souffrances, car les incisions précédentes lui avaient causé tant de douleur qu’il croyait fermement mourir entre les mains des médecins. Ceux-ci le consolèrent du mieux qu’ils purent, et l’exhortèrent à se confier à Dieu et à se soumettre à sa volonté. Ensuite nous nous mîmes en prière; et nous étant agenouillés et prosternés à terre, selon notre coutume, il s’y jeta lui-même avec tant d’impétuosité qu’il semblait que quelqu’un l’eût fait tomber rudement, et il commença à prier. Mais q ai pourrait exprimer de quelle manière, avec quelle ardeur, quels transports, quels torrents de larmes, quels gémissements et quels sanglots, tellement enfin que tous ses membres tremblaient et qu’il était comme suffoqué! Je ne sais si les autres priaient et. si tout cela ne les détournait point; pour (520) moi, je ne le pouvais faire, et je dis seulement en moi-même ce peu de mots: Seigneur, quelles prières de vos serviteurs exaucerez-vous, si vous n’exaucez pas celles-ci? Il me paraissait qu’on n’y pouvait rien ajouter, sinon d’expirer en priant. Nous nous levons, et, après avoir reçu la bénédiction de l’évêque, nous nous retirons, le malade priant les assistants de se trouver le lendemain matin chez lui, et nous, l’exhortant à avoir bon courage. Le jour venu, ce jour tant appréhendé, les serviteurs de Dieu arrivèrent, comme ils l’avaient promis. Les médecins entrent; on prépare tout ce qui est nécessaire à l’opération, on tire les redoutables instruments; chacun demeure interdit et en suspens. Ceux qui avaient le plus d’autorité encouragent le malade, tandis qu’on le met sur son lit dans la position la plus commode pour l’incision; on délie les bandages, on met à nu la partie malade, le médecin regarde, et cherche de l’oeil et de la main l’hémorroïde qu’il devait ouvrir. Enfin, après avoir exploré de toutes façons la partie malade, il finit par trouver une cicatrice très-ferme. — Il n’y a point de paroles capables d’exprimer la joie, le ravissement, et les actions de grâces de tous ceux qui étaient présents. Ce furent des larmes et des exclamations que l’on peut s’imaginer, mais qu’il est impossible de rendre.
Dans la même ville de Carthage, Innocentia, femme très-pieuse et du rang le plus distingué, avait au sein un cancer, mal incurable, à ce que disent les médecins3. On a coutume de couper et de séparer du corps la partie où est le mal, ou, si l’on veut prolonger un peu la vie du malade, de n’y rien faire; et c’est, dit-on, le sentiment d’Hippocrate4. Cette dame l’avait appris d’un savant médecin, son ami, de sorte qu’elle n’avait plus recours qu’à Dieu. La fête de Pâques étant proche, elle fut avertie en songe de prendre garde à la première femme qui se présenterait à elle au sortir du baptistère5, et de la prier de faire le signe de la croix sur son mal. Cette femme le fit, et Innocentia fut guérie à l’heure même. Le médecin qui lui avait conseillé de n’employer aucun remède, si elle voulait vivre un peu plus longtemps, la voyant guérie, lui demanda vivement ce qu’elle avait fait pour cela, étant bien aise sans doute d’apprendre un remède qu’Hippocrate avait ignoré. Elle lui dit ce qui en était, non sans craindre, à voir son visage méfiant, qu’il ne lui répondît quelque parole injurieuse au Christ : « Vraiment, s’écria-t-il, je pensais que vous m’alliez dire quelque chose de bien merveilleux! » Et comme elle se révoltait déjà : « Quelle grande merveille, ajouta-t-il, que Jésus-Christ ait guéri un cancer au sein, lui qui a ressuscité un mort de quatre jours6? » Quand j’appris ce qui s’était passé, je ne pus supporter la pensée qu’un si grand miracle, arrivé dans une si grande ville, à une personne de si haute condition, pût demeurer caché; je fus même sur le point de réprimander cette dame. Mais quand elle m’eut assuré qu’elle ne l’avait point passé sous silence, je demandai à quelques dames de ses amies intimes, qui étaient alors avec elle, si elles le savaient. Elles me dirent que non. « Voilà donc, m’écriai-je, de quelle façon vous le publiez! vos meilleures amies n’en savent rien ! » Et comme elle m’avait rapporté le fait très-brièvement, je lui en fis recommencer l’histoire tout au long devant ces dames, qui en furent singulièrement étonnées et en rendirent gloire à Dieu.
Un médecin goutteux de la même ville, ayant donné son nom pour être baptisé, vit en songe, la nuit qui précéda son baptême, des petits enfants noirs et frisés qu’il prit pour des démons, et qui lui défendirent de se faire baptiser cette année-là. Sur son refus de leur obéir, ils lui marchèrent sur les pieds, en sorte qu’il y sentit des douleurs plus cruelles que jamais. Cela ne l’empêcha point de se faire baptiser le lendemain, comme il l’avait promis à Dieu, et il sortit du baptistère non-seulement guéri de ses douleurs extraordinaires, mais encore de sa goutte, sans qu’il en ait jamais rien ressenti, quoique ayant encore longtemps vécu. Qui a entendu parler de ce miracle? Cependant nous l’avons connu, nous et un certain nombre de frères à qui le bruit en a pu parvenir.
Un ancien mime de Curube7 fut guéri de même d’une paralysie et d’une hernie, et sortit du baptême comme s’il n’avait jamais rien eu. Qui connaît ce miracle, hors ceux de Curube, et peut-être un petit nombre de personnes? Pour nous, quand nous l’apprîmes, nous fîmes venir cet homme à Carthage, par l’ordre du saint évêque Aurélius, bien que nous en eussions été informés par des personnes tellement dignes de foi que nous n’en pouvions douter.
Hespérius, d’une famille tribunitienne, possède dans notre voisinage un domaine sur les terres de Fussales8, appelé Zubédi. Ayant reconnu que l’esprit malin tourmentait ses esclaves et son bétail, il pria nos prêtres, en mon absence, de vouloir bien venir chez lui afin d’en chasser les démons. L’un d’eux s’y rendit, et offrit le sacrifice du corps de Jésus-Christ, avec de ferventes prières, pour faire cesser cette possession. Aussitôt elle cessa par la miséricorde de Dieu. Or, Hespérius avait reçu d’un de ses amis un peu de la terre sainte de Jérusalem où Jésus-Christ fut enseveli et ressuscita le troisième jour. Il avait suspendu cette ferre dans sa chambre à coucher, pour se mettre lui-même à l’abri des obsessions du démon. Lorsque sa maison en fut délivrée, il se demanda ce qu’il ferait de cette terre qu’il ne voulait plus, par respect, garder dans sa chambre. Il arriva par hasard que mon collègue Maximin, évêque de Sinite, et moi, nous étions alors dans les environs. ilespérius nous fit prier de l’aller voir, et nous y allâmes. Il nous raconta tout ce qui s’était passé, et nous pria d’enfouir cette terre en un lieu où les chrétiens pussent s’assembler pour faire le service de Dieu. Nous y consentîmes. Il y avait près de là un jeune paysan paralytique, qui, sur cette nouvelle, pria ses parents de le porter sans délai vers ce saint lieu ; et à peine y fut-il arrivé et eut-il prié, qu’il put s’en retourner sur ses pieds, parfaitement guéri.
Dans une métairie nommée Victoriana, à trente milles d’Hippone, il y a un monument en l’honneur des deux martyrs de Milan, Gervais et Protais. On y porta un jeune homme qui, étant allé vers midi, pendant l’été, abreuver son cheval à la rivière, fut possédé par le démon. Comme il était étendu mourant et semblable à un mort, la maîtresse du lieu vint sur le soir, selon sa coutume, près du monument, avec ses servantes et quelques religieuses, pour y chanter des hymnes et y faire sa prière. Alors le démon, frappé et comme réveillé par ces voix, saisit l’autel avec un frémissement terrible, et sans oser ou sans pouvoir le remuer, il s’y tenait attaché et pour ainsi dire lié. Puis, priant d’une voix gémissante, il suppliait qu’on lui pardonnât, et il confessa même comment et en quel endroit il était entré dans le corps de ce jeune homme. A la fin, promettant d’en sortir, il en nomma toutes les parties, avec menace de les couper, quand il sortirait, et, en disant cela, il se retira de ce jeune homme. Mais l’oeil du malheureux tomba sur sa joue, retenu par une petite veine comme par une racine, et la prunelle devint toute blanche. Ceux qui étaient présents et qui s’étaient mis en prière avec les personnes accourues au bruit, touchés de ce spectacle et contents de voir ce jeune homme revenu à son bon sens, s’affligeaient néanmoins de la perte de son oeil et disaient qu’il fallait appeler un médecin. Alors le beau-frère de celui qui l’avait transporté prenant la parole: « Dieu, dit-il, qui a chassé le « démon à la prière de ces saints, peut bien aussi rendre la vue à ce jeune homme ». Là-dessus il remit comme il put l’oeil à sa place et le banda avec son mouchoir; sept jours après, il crut pouvoir l’enlever, et il trouva l’oeil parfaitement guéri. D’autres malades encore trouvèrent en ce lieu leur guérison; mais ce récit nous mènerait trop loin.
Je connais une fille d’Hippone, qui, s’étant frottée d’une huile où le prêtre qui priait pour elle avait mêlé ses larmes, fut aussitôt délivrée du malin esprit. Je sais que la même chose arriva à un jeune homme, la première fois qu’un évêque, qui ne l’avait point vu, pria pour lui.
Il y avait à Hippone un vieillard nommé Florentius, homme pauvre et pieux, qui vivait de son métier de tailleur. Ayant perdu l’habit qui le couvrait et n’ayant pas de quoi en acheter un autre, il courut au tombeau des Vingt. Martyrs9, qui est fort célèbre chez nous, et les pria de le vêtir. Quelques jeunes gens qui se trouvaient là par hasard, et qui avaient envie de rire, l’ayant entendu, le suivirent quand il sortit et se mirent à le railler, comme s’il eût demandé cinquante oboles aux martyrs pour avoir un habit. Mais lui, continuant toujours son chemin sans rien dire, vit un grand poisson qui se débattait sur le rivage; il le prit avec le secours de ces jeunes gens, et In vendit trois cents oboles à un cuisinier nommé Catose, chrétien zélé, à qui il raconta tout ce qui s’était passé. Il se disposait à acheter de la laine, afin que sa femme lui en fît tel habit qu’elle pourrait; mais le cuisinier ayant ouvert le poisson, trouva dedans une bague d’or. Touché à la fois de compassion et de pieux effroi, il la porta à cet homme, en lui disant: Voilà comme les vingt Martyrs ont pris soin de vous vêtir.
L’évêque Projectus ayant apporté à Tibilis des reliques du très-glorieux martyr saint Etienne, il se fit autour du reliquaire un grand concours de peuple. Une femme aveugle des environs pria qu’on la menât à l’évêque qui portait ce sacré dépôt, et donna des fleurs pour les faire toucher aux reliques. Quand on les lui eut rendues, elle les porta à ses yeux, et recouvra tout d’un coup la vue. Tous ceux qui étaient présents furent surpris de ce miracle; mais elle, d’un air d’allégresse, se mit à marcher la première devant eux et n’eut plus besoin de guide.
Lucillus, évêque de Sinite, ville voisine d’Hippone, portait en procession les reliques du même martyr, fort révéré en ce lieu. Une fistule, qui le faisait beaucoup souffrir et que son médecin était sur le point d’ouvrir, fut tout d’un coup guérie par l’effet de ce pieux fardeau ; car il n’en souffrit plus désormais.
Eucharius, prêtre d’Espagne, qui habitait à Calame10, fut guéri d’une pierre, qui le tourmentait depuis longtemps, par les reliques du même martyr, que l’évêque Possidius11 y apporta. Le même prêtre, étant en proie à une autre maladie qui le mit si bas qu’on le croyait mort et que déjà on lui avait lié les mains, revint par le secours du même martyr. On jeta sur les reliques sa robe de prêtre que l’on remit ensuite sur lui, et il fut rappelé à la vie.
Il y avait là un homme fort âgé, nommé Martial, le plus considérable de la ville, qui avait une grande aversion pour la religion chrétienne. Sa fille était chrétienne et son gendre avait été baptisé la même année. Ceux-ci le voyant malade, le conjurèrent en pleurant de se faire chrétien; mais il refusa, et les chassa avec colère d’auprès de lui. Son gendre trouva à propos d’aller au tombeau de saint Etienne, pour demander à Dieu la conversion de son beau-père. Il pria avec beaucoup de ferveur, et, prenant quelques fleurs de l’autel, les mit sur la tête du malade, comme il était déjà nuit., Le vieillard s’endormit; mais il n’était pas jour encore qu’il cria qu’on allât chercher l’évêque qui se trouvait alors avec moi à Hippone. A son défaut, il fit venir des prêtres, à qui il dit qu’il était chrétien, et qui le baptisèrent, au grand étonnement de fout le monde. Tant qu’il vécut, il eut toujours ces mots à la bouche: «Seigneur Jésus, recevez mon esprit » ; sans savoir que ces paroles, les dernières qu’il prononça, avaient été aussi les dernières paroles de saint Etienne, quand il fut lapidé par les Juifs.
Deux goutteux, l’un citoyen et l’autre étranger, furent aussi guéris par le même saint:
le premier fut guéri instantanément ; le second eut une révélation de ce qu’il devait faire, quand la douleur se ferait sentir; il le fit et fut soulagé.
Audurus est une terre où il y a une église, et dans cette église une chapelle dédiée à saint Etienne. Il arriva par hasard que, pendant qu’un petit enfant jouait dans la cour, des boeufs qui traînaient un chariot, sortant de leur chemin, firent passer la roue sur lui et le tuèrent. Sa mère l’emporte et le place près du lieu consacré au saint ; or, non-seulement il recouvra la vie, mais il ne parut pas même qu’il eût été blessé.
Une religieuse qui demeurait à Caspalium, terre située dans les environs , étant fort malade et abandonnée des médecins, on porta sa robe à la même chapelle ; mais la religieuse mourut avant qu’on eût eu le temps de la rapporter. Cependant ses parents en couvrirent -son corps inanimé, et aussitôt elle ressuscita et fut guérie.
A Hippone, un nommé Bassus, de Syrie, priait devant les reliques du saint martyr pour sa fille, dangereusement malade ; il avait apporté avec lui la robe de son enfant. Tout à coup ses gens accoururent pour lui annoncer qu’elle était morte. Mais quelques-uns de ses amis, qu’ils rencontrèrent en chemin, les empêchèrent de lui annoncer cette nouvelle, (523) de peur qu’il ne pleurât devant tout le monde. De retour chez lui, et quand la maison retentissait déjà des plaintes de ses domestiques, il jeta sur sa fille la robe qu’il apportait de l’église, et elle revint incontinent à la vie.
Le fils d’un certain Irénéus, collecteur des impôts, était mort dans la même ville. Pendant que l’on se préparait à faire ses funérailles, un des amis du père lui conseilla de faire frotter le corps de son fils de l’huile du même martyr. On le fit, et l’enfant ressuscita.
L’ancien tribun Eleusinus, qui avait mis son fils, mort de maladie, sur le tombeau du môme martyr, voisin du faubourg où il demeurait, le remporta vivant, après avoir prié et versé des larmes pour lui.
Je pourrais encore rapporter un grand nombre d’autres miracles que je connais; mais comment faire? il faut bien, comme je l’ai promis, arriver à la fin de cet ouvrage. Je ne doute point que plusieurs des nôtres qui me liront ne soient fâchés que j’en aie omis beaucoup qu’ils connaissent aussi bien que moi; mais je les prie de m’excuser, et de considérer combien il serait long de faire ce que je suis obligé de négliger. Si je voulais rapporter seulement toutes les guérisons qui ont été opérées à Calame et à Hippone par le glorieux martyr saint Etienne, elles contiendraient plusieurs volumes ; encore ne seraient-ce que celles dont on a écrit les relations pour les lire au peuple. Aussi bien, c’est par mes ordres que ces relations ont été dressées, quand j’ai vu se faire de notre temps plusieurs miracles semblables à ceux d’autrefois et dont il fallait ne pas laisser perdre la mémoire. Or, il n’y a pas encore deux ans que les reliques de ce martyr sont à Hippone12 ; et bien qu’on n’ait pas donné de relation de tous les miracles qui s’y sont faits, il s’en trouve déjà près de soixante-dix au moment où j’écris ceci. Mais à Calame, où les reliques de ce saint martyr sont depuis plus longtemps et où l’on a plus de soin d’écrire ces relations, le nombre en monte bien plus haut.
Nous savons encore que plusieurs miracles sont arrivés à Uzales, colonie voisine d’Utique, grâce aux reliques du même martyr, que l’évêque Evodius13 y avait apportées, bien avant qu’il y en eût à Hippone; mais on n’a pas coutume en ce pays d’en écrire dès relations, ou du moins cela ne se pratiquait pas autrefois. Peut-être le fait-on maintenant. Comme nous y étions, il n’y a pas longtemps, une dame de haute condition, nommée Pétronia, ayant été guérie miraculeusement d’une langueur qui avait épuisé tous les remèdes des médecins, nous l’exhortâmes, avec l’agrément de l’évêque, à en faire une relation qui pût être lue au peuple. Elle nous l’accorda fort obligeamment et y inséra une circonstance que je ne puis négliger ici, quoique pressé de passer à ce qui me reste à dire. Elle dit qu’un juif lui persuada de porter sur elle à nu une ceinture de cheveux où serait une bague dont le chaton avait été fait d’une pierre trouvée dans les reins d’un boeuf. Cette dame, portant cette ceinture sur elle, venait à l’église du saint martyr. Mais un jour partie de Carthage, comme elle s’était arrêtée dans une de ses terres sur les bords du fleuve Bagrada et qu’elle se levait pour continuer son chemin, elle fut tout étonnée de voir son anneau à ses pieds. Elle tâta sa ceinture pour voir si elle ne s’était pas détachée, et la trouvant bien liée, elle crut que l’anneau s’était rompu. Mais elle l’examina, le trouva parfaitement entier, et prit ce prodige pour une assurance de sa guérison. Elle délia donc sa ceinture et la jeta avec l’anneau dans le fleuve.
Ils ne croiront pas ce miracle ceux qui ne croient pas que le Seigneur Jésus-Christ soit sorti du sein de sa mère sans altérer sa virginité, et qu’il soit entré, toutes portes fermées, dans le lieu où étaient réunis ses disciples. Mais qu’ils s’informent au moins du fait que je viens de citer, et s’ils le trouvent vrai, qu’ils croient aussi le reste. C’est une dame illustre, de grande naissance, et mariée en haut lieu; elle demeure à Carthage. La ville est grande, et la personne connue. Il est donc impossible que ceux qui s’enquerront de ce miracle n’apprennent pas ce qui en est. Tout au moins le martyr même, par les prières duquel elle a été guérie, a cru au fils d’une vierge, à celui qui est entré, les portes fermées, dans le lieu où étaient réunis ses disciples; en un mot, et tout ce que nous disons présentement n’est que pour en venir là, il a cru en celui qui est monté au ciel avec le même corps dans lequel il est ressuscité; et si tant de merveilles s’opèrent par l’intercession du saint martyr, c’est qu’il a donné sa (524) vie pour maintenir sa foi. Il s’accomplit donc encore aujourd’hui beaucoup de miracles; le même Dieu qui a fait les prodiges que nous lisons fait encore ceux-ci par les personnes qu’il lui plaît de choisir, et comme il lui plaît. Mais ces derniers ne sont pas aussi connus, parce qu’une fréquente lecture ne les imprime pas dans la mémoire aussi fortement que les autres. Aux lieux mêmes où l’on prend soin d’en écrire des relations, ceux qui sont présents, lorsqu’on les lit, ne les entendent qu’une fois, et il y a beaucoup d’absents. Les personnes mêmes qui les ont entendu lire ne les retiennent pas, et à peine s’en trouve-t-il une seule de celles-là qui les rapporte aux autres.
Voici un miracle qui est arrivé parmi nous et qui n’est pas plus grand que ceux dont j’ai fait mention ; mais il est si éclatant que je ne crois pas qu’il y ait à Hippone une personne qui ne l’ait vu, ou qui n’en ait ouï parler, et qui jamais puisse l’oublier : dix enfants, dont sept fils et trois filles, natifs de Césarée on Cappadoce, et d’assez bonne condition, ayant été maudits par leur mère pour quelque outrage qu’ils lui firent après la mort de son mari, furent miraculeusement frappés d’un tremblement de membres. Ne pouvant souffrir la confusion à laquelle ils étaient en butte dans leur pays, ils s’en allèrent, chacun de leur côté, errer dans l’empire romain. Il en vint deux à Hippone, un frère et une soeur, Paul et Palladia, déjà fameux en beaucoup d’endroits par leur disgrâce ; ils y arrivèrent quinze jours avant la fête de Pâques, et ils visitaient tous les jours l’Eglise où se trouvaient les reliques du glorieux saint Etienne, priant Dieu de s’apaiser à leur égard et de leur rendre la santé. Partout où ils allaient, ils attiraient les regards, et ceux qui les avaient vus ailleurs disaient aux autres la cause de leur tremblement. Le jour de Pâques venu, et comme déjà un grand concours de peuple remplissait l’église, le jeune homme, tenant les balustres du lieu où étaient les reliques du martyr, tomba tout d’un coup, et demeura par terre comme endormi , sans toutefois trembler, comme il faisait d’ordinaire, même en dormant. Cet accident étonna tout le monde, et plusieurs en furent touchés. Il s’en trouva qui voulurent le relever; mais d’autres les en empêchèrent, et dirent qu’il valait mieux attendre la fin de son sommeil. Tout à coup le jeune homme se releva sur ses pieds sans trembler, car il était guéri, examinant tous ceux qui le regardaient. Qui put s’empêcher alors de rendre grâces à Dieu ? Toute l’église retentit de cris de joie, et l’on courut promptement à moi pour me dire l’événement, à l’endroit où j’étais assis, prêt à m’avancer vers le peuple. Ils venaient l’un sur l’autre, le dernier m’annonçant cette nouvelle, comme si je ne l’avais point apprise du premier. Tandis que je me réjouissais et rendais grâces à Dieu, le jeune homme guéri entra lui-même avec les autres, et se jeta à mes pieds ; je l’embrassai et le relevai. Nous nous avançâmes vers le peuple, l’église étant toute pleine, et l’on n’entendait partout que ces mots : Dieu soit béni ! Dieu soit béni ! Je saluai le peuple, et il recommença encore plus fort les mêmes acclamations. Enfin, comme chacun eut fait silence, on lut quelques leçons de l’Ecriture. Quand le moment où je devais parler fut venu, je fis un petit discours, selon l’exigence du temps et la grandeur de cette joie, aimant mieux qu’ils goûtassent l’éloquence de Dieu dans une oeuvre si merveilleuse, que dans mon propre discours. Le jeune homme dîna avec nous, et nous raconta en détail l’histoire de son malheur et celle de ses frères, de ses soeurs et de sa mère. Le lendemain, après le sermon, je promis au peuple de lui en lire le récit, au jour suivant14. Le troisième jour donc après le dimanche de Pâques, comme on faisait la lecture promise15, je fis mettre le frère et la soeur sur les degrés du lieu où je montais pour parler, afin qu’on pût les voir. Tout le peuple les regardait attentivement, l’un dans une attitude tranquille, l’autre tremblant de tous ses membres. Ceux qui ne les avaient pas vus ainsi apprenaient, par le malheur de la soeur, la miséricorde de Dieu pour le frère. Ils voyaient ce dont il fallait se réjouir pour lui et ce qu’il fallait demander pour elle. Quand on eut achevé de lire la relation, je les fis retirer. Je commençais à faire quelques observations sur cette histoire, lorsqu’on entendit de nouvelles acclamations qui venaient du tombeau du saint martyr. Toute l’assemblée se tourna de ce côté et s’y porta en masse. La jeune fille n’avait pas plus tôt descendu les degrés où je l’avais fait mettre, qu’elle avait couru se mettre en prières auprès du tombeau.
A peine en eut-elle touché les balustres qu’elle tomba comme son frère et se releva parfaitement guérie. Or, comme nous demandions ce qui était arrivé, et d’où venaient ces cris de joie, les fidèles rentrèrent avec elle dans la basilique où nous étions, la ramenant guérie du tombeau du martyr. Alors il s’éleva un si grand cri de joie de la bouche des hommes et des femmes, que l’on crut que les larmes et les acclamations16 ne finiraient point. Palladia fut conduite au même lieu où on l’avait vue un peu auparavant trembler de tous ses membres. Plus on s’était affligé de la voir moins favorisée que son frère, plus on se réjouissait de la voir aussi bien guérie que lui. On glorifiait la bonté de Dieu, qui avait entendu et exaucé les prières qu’on avait à peine eu le temps de faire pour elle. Aussi, il s’élevait de toute part de si grands cris d’allégresse qu’à peine nos oreilles pouvaient-elles les soutenir. Qu’y avait-il dans le coeur de tout ce peuple si joyeux, sinon cette foi du Christ, pour laquelle saint Etienne avait répandu son sang?
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Saint Augustin raconte ce même miracle avec plus de détails au premier livre des Confessions (ch. 13, n. 7); il le rappelle en son Sermon CCCXVIII, n.1, et dans ses Rétractations (livre I, ch. 13, n. 7). Comparez saint Ambroise (Epist. LXXXV, et Serm. XCI) et Sidoine Apollinaire (lib. VII, epist. 1). ↩
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Alype, compatriote de saint Augustin, un de ses plus fidèles disciples et de ses plus tendres ami. Il fut évêque dans sa ville natale à Tagaste Voyez les lettres de saint Augustin et ses Confessions (livre VI, ch. 10 et 12; livre VIII, ch. 12 et ailleurs). ↩
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Voyez Galien, Therap. ad Glauc., lib. II, cap. 10. ↩
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Voyez les Aphorismes, sect. VI, aph. 2. ↩
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De toute antiquité, dans la primitive Eglise, le jour de Pâques et celui de la Pentecôte étaient prescrits pour le baptême, sauf le cas de nécessité. Voyez Tertullien (De Baptismo, cap. 19; De cor. mil., cap. 3) et les Sermons de saint Augustin. ↩
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Jean, XI. ↩
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Curobe ou Curubis est le nom d’une ville autrefois située près de Carthage. Voyez Pline, Hist. nat., livre V, ch. 3. ↩
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Ville située près d’Hippone. ↩
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Voyez le sermon CCCXXV de saint Augustin, prononcé en l’honneur de ces vingt Martyrs. ↩
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Sur Calame, voyez plus haut, livre XIV, ch. 24. ↩
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Possidius, évêque de Calame, disciple et ami de saint Augustin dont il a écrit la vie. ↩
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Ce passage a donné le moyeu de fixer la composition du dernier livre de la Cité de Dieu vers l’an 426. ↩
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Evodius, évêque d’Uzales, disciple et ami de saint Augustin. Voyez les Confessions et les Lettres. ↩
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Voyez les Sermons de saint Augustin, serm. CCXXI. ↩
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Voyez le Sermon CCCXXII. ↩
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Voyez le Sermon CCCXXIII ↩
Traduction
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Zweiundzwanzig Bücher über den Gottesstaat (BKV)
8. Wunder sind nicht bloß geschehen, um die Welt zum Glauben an Christus zu bringen, sie geschehen immer noch, auch seitdem die Welt gläubig geworden.
Man sucht uns in die Enge zu treiben mit der Frage, warum denn jetzt keine solchen Wunder geschehen, wie sie sich ehedem nach unserer Versicherung zugetragen hätten. Ich könnte darauf erwidern, sie seien notwendig gewesen, als die Welt noch nicht zum Glauben übergegangen war, damit sie sich zum Glauben bekehre. Wer immer noch Wunder braucht, um sich zum Glauben zu entschließen, ist selber eine gar wunderliche Erscheinung, da er nicht glaubt, wo alle Welt glaubt. Allein jene Frage hat einen anderen Zweck: man will damit Band 28, S. 1399die Tatsächlichkeit der Anfangswunder in Frage stellen. Wie kommt es dann aber, daß Christi leibliche Himmelfahrt allüberall mit so lebhaftem Glauben gefeiert wird? Wie kommt es, daß in einer aufgeklärten Zeit, die alles Unmögliche von sich weist, die Welt ohne jegliches Wunder so wunderbarerweise das Unglaubliche gläubig hingenommen hat? Wird man sich darauf hinausreden, daß es sich ja um glaubhafte Dinge handle und man sie deshalb gläubig hingenommen habe? Warum glaubt man dann nicht selbst auch? Wir können also kurz zusammenfassend sagen: Entweder haben für etwas Unglaubliches, was man nicht mit Augen sah, andere unglaubliche Dinge, die sich jedoch wirklich zutrugen und vor Augen standen, Glauben erweckt; oder es handelt sich um etwas so Glaubhaftes, daß keine Wunder nötig waren, um Glauben dafür zu erwecken, und dann fällt die übertriebene Ungläubigkeit der Gegner in sich selbst zusammen. Das soll indes nur der Zurückweisung solcher Schwätzer dienen. Denn daß sich in der Tat viele Wunder zugetragen haben zum Zeugnis für jenes gewaltige Heilswunder der Himmelfahrt Christi in seinem Auferstehungsleib, können wir ja gar nicht in Abrede stellen. In den gleichen, durchaus wahrhaften Schriften ist alles verzeichnet, sowohl das, was sich zugetragen hat, wie auch die Glaubenswahrheit, zu deren Bestätigung es sich zugetragen hat. Diese Geschehnisse sind bekannt geworden, um Glauben zu erwecken, sie werden hinwieder noch viel herrlicher bekannt durch den Glauben, den sie erweckt haben. Man verliest sie bei den Völkern, damit man daran glaube, und verliest sie doch nur, weil man daran glaubt. Denn auch jetzt noch geschehen Wunder im Namen Christi, sei es durch seine Sakramente oder durch die Gebete und Reliquien seiner Heiligen; sie treten nur nicht so ans Licht, daß sie mit so strahlendem Ruhm wie die Anfangswunder sich verbreiteten. Durch den Kanon der heiligen Schriften, der einmal abgeschlossen werden mußte, ist dafür gesorgt, daß die Anfangswunder überall verlesen werden und sich bei allen Völkern ins Gedächtnis prägen; die dermaligen Wunder dagegen kennt man selbst da, wo sie sich zutragen, kaum in der ganzen Band 28, S. 1400Stadt oder am ganzen Orte der Begebenheit. Meist wissen auch da nur ganz wenige darum, besonders wenn es sich um eine große Stadt handelt; und wenn man derlei Wunder außerhalb dieses Kreises erzählt, so kommt ihnen doch nicht solches Gewicht zu, daß man ohne Anstand oder Zweifel Glauben dafür fände, wenn schon die Mitteilung an Christgläubige gerichtet ist und von solchen ausgeht.
Immerhin vermochte ein Wunder der Blindenheilung, das sich in Mailand begab während meines dortigen Aufenthaltes, zur Kenntnis weiter Kreise zu gelangen: die Stadt ist gewaltig groß, der Kaiser war eben anwesend, und das Ereignis trug sich zu in Gegenwart einer unermeßlichen Volksmenge, die bei den Leibern der Märtyrer Gervasius und Protasius zusammengeströmt war; diese Leiber waren nämlich verborgen gewesen und völlig in Vergessenheit geraten, da wurden sie dem Bischof Ambrosius in einem Traumgesicht gezeigt und dann aufgefunden; bei dieser Gelegenheit sah der erwähnte Blinde nach langer Blindheit das Tageslicht wieder.
Aber wer weiß in Karthago etwas von der Heilung des Innocentius, eines ehemaligen Rechtsbeistandes der Vikariatspräfektur? Sicher nur ganz wenige. Ich war dabei und sah den Vorgang mit eigenen Augen. Innocentius, sehr fromm wie er war samt seinem ganzen Hause, hatte mich und meinen Bruder Alypius, die wir gerade über See her kamen, noch nicht Kleriker, jedoch schon dem Dienste Gottes ergeben, bei sich aufgenommen; wir wohnten damals bei ihm. Er stand in ärztlicher Behandlung wegen Hohlgeschwüren, deren er zahlreiche und verwachsene am rückwärtigen und unteren Teile des Leibes hatte. Die Ärzte hatten ihn bereits operiert und waren eben daran, ihre Kunst weiterhin mit Arzneien zu versuchen. Beim Schneiden hatte er langwierige und heftige Schmerzen zu erdulden gehabt. Gleichwohl war eines der vielen Geschwüre den Ärzten entgangen; sie waren gar nicht darauf gestoßen, und hätten es doch mit dem Messer öffnen sollen. Und so blieb dieses eine Geschwür zurück, während alle anderen heilten, denen sie durch Aufschneiden beigekommen waren, Band 28, S. 1401und umsonst bemühte man sich um das zurückgebliebene. Die Verzögerung der Heilung kam dem Kranken verdächtig vor, und er hatte große Angst, man werde ihn noch einmal schneiden [sein Hausarzt, den die behandelnden Ärzte bei der ersten Operation nicht einmal hatten zusehen lassen, wie sie es machten, hatte ihm dies vorausgesagt, und Innocentius hatte ihn dann voll Zorn aus dem Hause gejagt und war kaum dazu zu bringen gewesen, ihn wieder anzunehmen]; da fragte er gerade heraus: Wollt ihr mich nochmal schneiden? Soll es wirklich zu dem kommen, was mein Hausarzt gesagt hat, den ihr nicht habt zugegen sein lassen? Aber die Ärzte hatten nur ein spöttisches Lächeln für den unerfahrenen Berufsgenossen und beschwichtigten die Angst des Kranken mit gütlichen Worten und Versicherungen. Wieder ging Tag um Tag vorüber, und nichts wollte helfen, was auch geschah. Doch die Ärzte blieben bei ihrer Aussage, sie würden dieses Geschwür nicht durch Schneiden, sondern durch Arzneien schließen. Sie zogen noch einen weiteren, schon hochbetagten Arzt bei, der in solcher Kunst einen bedeutenden Namen hatte, den damals noch lebenden Ammonius, der nach Besichtigung der Stelle der nämlichen Hoffnung Raum gab wie die anderen im Hinblick auf deren Eifer und Geschicklichkeit. Durch den Ausspruch dieser maßgebenden Persönlichkeit sicher gemacht, stichelte der Kranke in heiterer Laune, als wäre er schon geheilt, seinen Hausarzt, der von der Notwendigkeit einer zweiten Operation gesprochen hatte. Um es kurz zu machen: es gingen so viel Tage ohne alle Besserung dahin, daß die Ärzte schließlich mürbe wurden und beschämt eingestanden, der Kranke könne nur durch erneute Anwendung des Messers geheilt werden. Da erschrak er und wurde kreideweiß vor Angst, und als er seiner wieder mächtig war und sprechen konnte, entließ er die Ärzte und wollte sie nicht mehr sehen. Vom Weinen geschwächt und nun schon einmal vor die unausweichliche Notwendigkeit gestellt, wußte er keinen anderen Ausweg, als einen Arzt aus Alexandrien kommen zu lassen, der damals für einen außerordentlich geschickten Chirurgen galt, damit dieser die Operation vornehme, die er in seinem Zorn die Band 28, S. 1402bisherigen Ärzte nicht wollte vornehmen lassen. Als aber der kam und an den Narben die Leistung seiner Vorgänger mit fachmännischem Blick geprüft hatte, redete er als ein Ehrenmann dem Kranken zu, er möge die vorigen Ärzte, die sich erstaunlich viel Mühe um ihn gemacht hätten, wie er sich durch Augenschein überzeugt habe, die Behandlung zu Ende führen lassen, indem er noch beifügte, zur Heilung sei in der Tat eine weitere Operation unerläßlich; es widerspreche gänzlich seinen Gepflogenheiten, Männer, deren meisterhafte Leistung, Geschicklichkeit und Sorgsamkeit er an den Narben des Kranken staunend beobachtet habe, wegen der geringen Arbeit, die noch zu tun bleibe, um den so erfolgreichen Abschluß so großer Mühe zu bringen. Da söhnte sich Innocentius mit seinen Ärzten wieder aus, und man kam überein, daß sie in Gegenwart des alexandrinischen Chirurgen das Geschwür, das nun einmal nach der Ansicht aller nur so als heilbar galt, mit dem Messer öffnen sollten. Doch verschob man die Operation auf den folgenden Tag. Als sich aber die Ärzte entfernt hatten, erhob sich infolge des großen Kummers des Herrn im ganzen Hause ein solches Wehegeschrei, daß es wie eine Totenklage von uns kaum beschwichtigt werden konnte. Besuch von heiligen Männern erhielt der Kranke täglich; es kamen der damalige Bischof von Uzali, Saturninus seligen Andenkens, der Priester Gulosus und die Diakonen der Kirche von Karthago, darunter auch als der einzig noch lebende der jetzige Bischof Aurelius — mit gebührender Verehrung nenne ich ihn —, mit dem ich, wenn wir Gottes wunderbare Fügungen uns ins Gedächtnis riefen, oft über dieses Vorkommnis gesprochen habe, und er erinnert sich sehr wohl dessen, was ich da erzähle. Als sie ihn wie gewöhnlich am Abend besuchten, beschwor er sie unter Tränen, sie möchten doch am nächsten Morgen anwesend sein und ihm beistehen, nicht so fast in seinem Schmerze als vielmehr bei seinem Tode. Es hatte ihn infolge der vorigen Peinen eine solche Angst befallen, daß er nicht zweifelte, er werde unter den Händen der Ärzte sterben. Da trösteten sie ihn und ermahnten ihn, er solle auf Gott vertrauen und dessen Willen mit Mannesmut über sich Band 28, S. 1403ergehen lassen. Hierauf fingen wir zu beten an; dabei ließen wir uns der Sitte gemäß auf die Knie nieder und beugten uns zur Erde, Innocentius aber warf sich der Länge nach zu Boden, wie wenn ihn jemand gewaltsam hingestreckt hätte, und begann zu beten; aber wie, mit welcher Inbrunst, mit welcher Gemütserschütterung, mit welchem Strom von Tränen, mit welchem Seufzen und Schluchzen, das all seine Glieder erschütterte und ihm beinahe den Atem benahm, das beschreibe, wer kann. Ob die anderen noch zu beten vermochten, ob ihre Aufmerksamkeit nicht auf diesen Vorgang abgelenkt wurde, das wußte ich nicht. Ich jedenfalls war völlig außerstande zu beten; ich konnte nur das eine kurz in meinem Herzen sprechen: „Herr, welche Bitten der Deinen wirst Du überhaupt erhören, wenn Du diese nicht erhörst.“ Es schien mir nur dadurch noch höher getrieben werden zu können, daß er im Gebet seine Seele ausgehaucht hätte. Wir erhoben uns und entfernten uns nach Empfang des bischöflichen Segens, wobei der Kranke nochmals um den Besuch am nächsten Morgen bat und wir ihn zum Gleichmut ermahnten. Der gefürchtete Tag brach an, die Diener Gottes trafen ein, wie sie es versprochen hatten, die Ärzte kamen, es wurde alles bereitgestellt, was die Stunde forderte, man holt die schrecklichen Werkzeuge hervor, während alle in banger Erwartung wie betäubt sind. Durch Trostworte richten den sinkenden Mut des Kranken die auf, deren Zuspruch ein besonderes Gewicht hat; unterdessen legt man ihn im Bette handgerecht für die Operation, man löst den Verband und macht die Stelle frei, der Arzt sieht nach und sucht das aufzuschneidende Geschwür mit dem Messer in der Hand aufmerksam. Er forscht mit den Augen, er tastet mit den Fingern, er sucht, wie er nur kann, und was findet er? Eine ganz festgewordene Narbe! Diese Freude jetzt und der Lobpreis des barmherzigen und allmächtigen Gottes, der Dank gegen ihn, wie das aus aller Mund unter Freudentränen sich ergoß, das erlasse man mir, mit Worten zu schildern; es läßt sich besser vorstellen als aussprechen.
Ebenfalls in Karthago war es, wo Innocentia, eine sehr gottesfürchtige Frau aus den ersten Kreisen der Band 28, S. 1404Stadt, an Brustkrebs litt, einem Übel, das sich nach Aussage der Ärzte durch Arzneien überhaupt nicht beseitigen läßt. Es wird deshalb gewöhnlich das Glied, woran er sich zeigt, weggeschnitten und vom Körper abgesondert, oder es ist, angeblich nach einem Ausspruch des Hippokrates, jeder Heilversuch zu unterlassen, was dann zur Folge hat, daß man zwar noch eine Zeitlang lebt, aber doch schließlich an dem Übel stirbt. Diesen Bescheid hatte sie von einem erfahrenen und ihrem Hause sehr befreundeten Arzt erhalten und sich an Gott allein im Gebete gewendet. Da ergeht an sie beim Herannahen des Osterfestes im Schlafe die Aufforderung, beim Taufbrunnen auf der Frauenseite acht zu haben und sich von der ersten Getauften, die an ihr vorüberkomme, die kranke Stelle mit dem Zeichen Christi bezeichnen zu lassen. So tat sie, und sofort trat Gesundung ein. Der Arzt übrigens, der ihr geraten hatte, keinerlei Heilverfahren anzuwenden, wenn sie ihr Leben etwas verlängern wolle, überzeugte sich durch Augenscheinnahme von ihrer völligen Genesung, wie er vorher auf gleichem Wege das Vorhandensein des Übels festgestellt hatte, und drang nun in sie, sie möchte ihm mitteilen, was «für ein Heilverfahren» sie angewendet habe; vermutlich wollte er das Mittel kennen lernen, durch das man die Erklärung des Hippokrates aus dem Felde schlagen könne. Als er den Hergang von ihr vernommen, soll er in scheinbar verächtlichem Tone und mit einer Miene, daß die Matrone fürchtete, er möchte am Ende ein Schmähwort gegen Christus vorbringen, mit artiger Gewandtheit erwidert haben: „Ich hatte vermeint, du würdest mir etwas Großes mitteilen.“ Und da sich die Frau schon entsetzen wollte darüber, fügte er sofort bei: „Was hat Christus da Bedeutendes getan mit der Heilung eines Krebsgeschwüres, da er doch einen Toten nach vier Tagen auferweckt hat?“ Davon hörte ich und ärgerte mich sehr, daß ein so bedeutendes Wunder, das sich in dieser Stadt und an dieser doch nicht unbekannten Person zugetragen hatte, so ganz verborgen bleibe; ich. glaubte deshalb der Frau Vorstellungen, ja beinahe Vorwürfe machen zu sollen. Sie erwiderte mir, sie habe davon nicht geschwiegen, Band 28, S. 1405worauf ich mich bei den ihr besonders befreundeten Matronen erkundigte, die gerade zufällig da waren, ob sie schon davon gewußt hätten. Aber sie erwiderten, sie hätten nicht das Geringste gewusst. Ei, ei, sagte ich, so wenig schweigst du, daß nicht einmal so vertraute Freundinnen davon hören. Und weil ich nicht genauer nach dem Hergang gefragt hatte, veranlaßte ich sie nun, den ganzen Fall der Reihenfolge nach, wie er sich zugetragen, vor den anwesenden Frauen mitzuteilen, die sich darüber sehr verwunderten und Gott priesen.
In derselben Stadt lebte ein Arzt, der an Fußgicht litt. Er hatte sich zur Taufe gemeldet. Tags vor der Taufe verwehrten ihm im Schlafe schwarze, gelockte Knaben, in denen er Dämonen erkannte, sich in diesem Jahre taufen zu lassen. Da er sich ihnen nicht willfährig zeigte, traten sie ihn sogar auf die Füße und verursachten ihm einen Schmerz, so heftig, wie er nie einen verspürt hatte. Aber er wurde trotzdem über sie Herr und verschob die heilig versprochene Taufe nicht. Da wurde er nun während des Taufaktes nicht nur die augenblicklichen, ungewöhnlich heftigen Schmerzen los, sondern die Fußgicht überhaupt und hatte fortan während seines ganzen Lebens, das sich noch lang erstreckte, nie mehr Schmerzen an den Füßen. Aber wer weiß davon? Ich allerdings weiß es und einige wenige Mitbrüder, denen Kunde davon zuging.
Ein ehemaliger Schauspieler aus Curubis wurde bei der Taufe von einer Lähmung sowohl wie von unförmlicher Größe der Geschlechtsteile geheilt und stieg aus dem Brunnen der Wiedergeburt herauf, von beiderlei Beschwer so gänzlich befreit, als ob er überhaupt kein Übel an seinem Leibe gehabt hätte. Wer weiß dies außerhalb Curubis und abgesehen von den ganz wenigen, die davon sonst irgendwo zu hören Gelegenheit hatten? Als wir davon erfuhren, ließen wir auf Befehl des heiligen Bischofs Aurelius ihn auch selbst nach Karthago kommen, obwohl wir darüber völlig zuverlässige Nachrichten hatten.
Bei uns lebt Hesperius, ein Mann tribunizischen Standes; er besitzt im Gebiet von Fussala ein Landgut, Band 28, S. 1406namens Zubedi. Dort hatte, wie er erfuhr, sein Haus unter feindseliger Gewalt böser Geister zu leiden, die sich äußerte in Heimsuchung seines Viehstandes und seiner Sklaven. Da ersuchte er in meiner Abwesenheit meine Priester, es möchte sich einer dorthin begeben, um die Geister durch seine Gebete zu vertreiben. Es ging auch einer hin, brachte das Opfer des Leibes Christi dar, wobei er nach Kräften betete, daß diese Plage aufhören möge, und sofort hörte sie durch Gottes Erbarmen auf. Hesperius hatte ferner von einem Freunde heilige Erde aus Jerusalem erhalten, von der Stätte, wo Christus begraben ward und am dritten Tage auferstand; diese Erde hatte er in seinem Schlafgemach in freischwebender Lage aufbewahrt, um auch von seiner Person Schlimmes abzuwehren. Als jedoch sein Haus von der erwähnten Anfeindung gereinigt war, wollte er die Erde aus Gründen der Ehrerbietung nicht länger in seinem Schlafgemach haben und dachte nach, was er damit anfangen solle. Zufällig waren gerade ich und mein damaliger Amtsgenosse Maximin, Bischof der Sinitensischen Kirche, ganz in der Nähe; er ersuchte uns, wir möchten kommen, und wir kamen auch. Da erzählte er uns alles und bat unter anderem, die Erde möge irgendwo vergraben und ein Betraum darüber errichtet werden, wo sich die Christen auch zu gottesdienstlicher Feier versammeln könnten. Wir widersetzten uns nicht, und der Plan kam zur Ausführung. Nun lebte dort ein gichtbrüchiger Bauernjunge. Davon erfuhr Hesperius, und er bat dessen Eltern, ihn unverzüglich an diese heilige Stätte zu bringen. Als man ihn dorthin gebracht hatte, verrichtete er da sein Gebet und ging dann sofort gesund auf eigenen Füßen hinweg.
Das Victorianische Landgut, wie es genannt wird, liegt nicht ganz dreißig Meilen von Hippo Regius entfernt. Dort befindet sich eine Gedächtnisstätte der mailändischen Märtyrer Gervasius und Protasius. Man verbrachte dorthin einen jungen Menschen, der von einem Dämon befallen worden war, als er eben um Mittagszeit im Sommer ein Pferd im Tümpel eines Flusses zur Schwemme ritt. Wie er nun dem Tode nahe oder doch einem Toten ganz ähnlich in der Kapelle lag, kam Band 28, S. 1407die Gutsherrin mit ihren Mägden und einigen gottgeweihten Jungfrauen dorthin zu den gewöhnlichen Abendgesängen und Gebeten, und sie begannen die Hymnen zu singen. Durch diese Töne wurde der Dämon gleichsam aufgepeitscht; er fuhr empor und erfaßte den Altar, wagte aber nicht oder vermochte nicht, ihn zu verrücken, sondern hielt sich unter entsetzlichem Gebrüll daran fest, als ob er daran gebunden oder geheftet wäre, und bekannte, indem er mit lautem Geheul um Schonung bat, wo und wann und wie er in den jungen Mann gefahren sei. Indem er schließlich erklärte, er werde ausfahren, benannte er im einzelnen alle die Glieder, die er dem Besessenen dabei ausreißen werde, und entwich unter diesen Worten aus dem Menschen. Jedoch dessen Auge hing herab über die Wange, nur durch eine dünne Ader noch mit der Augenhöhle verbunden, und der ganze mittlere Teil des Auges, vorher schwärzlich, war weiß geworden. Die Anwesenden [es waren noch andere auf sein Geschrei herbeigekommen, und alle hatten sich zu Boden geworfen, um für ihn zu beten], so erfreut sie waren, daß er gesunden Geistes vor ihnen stand, betrübten sich aufs neue bei diesem Anblick, und es wurden Stimmen laut, man müsse wegen des Auges einen Arzt holen. Da rief sein Schwestermann, der ihn in die Kapelle gebracht hatte: „Gott, der den Dämon verjagt hat, hat die Macht, ihm auf das Gebet der Heiligen hin auch das Augenlicht wiederzugeben.“ Darauf setzte er, so gut er konnte, das herausgefallene und herunterhängende Auge wieder in seine Höhle ein und band es mit dem Schweißtuch fest und nahm dieses erst am siebenten Tage wieder ab. Und siehe, er fand ihn völlig geheilt. An dieser Stätte erlangten auch andere Heilung; doch es würde zu weit führen, auch von diesen noch zu erzählen.
Ich kenne in Hippo eine Jungfrau, die durch Salbung mit einem Öl, in das ein Priester unter Gebet für sie seine Tränen hatte träufeln lassen, sofort vom Geisterspuk geheilt wurde. Ich weiß ferner, daß ein Bischof für einen jungen Menschen, den er gar nicht vom Sehen kannte, nur einmal betete, worauf dieser sogleich den Dämon los wurde.
Band 28, S. 1408In unserem Hippo lebte ein Greis, Florentius mit Namen, ein gottesfürchtiger armer Mann, der sich vom Schneiderhandwerk nährte; er hatte seinen Anzug verbraucht und besaß kein Mittel, sich einen neuen zu kaufen. Da betete er mit lauter Stimme um ein Gewand zu den zwanzig Märtyrern, deren Gedächtnisstätte bei uns in sehr hohem Ansehen steht. Einige zufällig anwesende spottlustige junge Leute hörten ihn und gingen ihm nach, als er sich entfernte, unter Hänseleien, er habe die Märtyrer um fünfzig Pfennig angegangen, um sich ein Kleid kaufen zu können. Er jedoch ging schweigend seines Weges. Da sah er einen großen Fisch, den das Wasser ausgeworfen hatte, am Ufer zappeln, den fing er mit gefälliger Beihilfe der jungen Leute und verkaufte ihn für dreihundert Pfennig an einen Koch namens Cattosus, einen guten Christen, in die Garküche, wobei er den Hergang erzählte, und wollte sich nun mit dem Geld Wolle kaufen, damit ihm seine Frau davon einen Anzug mache, so gut sie es könnte. Als jedoch der Koch den Fisch zerkleinerte, fand er in dessen Bauch einen goldenen Ring. Er gab ihn alsbald aus Mitleid und religiöser Scheu dem armen Mann zurück mit den Worten: „Sieh da, wie dich die zwanzig Märtyrer gekleidet haben.“
Die Reliquie des glorreichen Märtyrers Stephanus, die Bischof Präiectus nach Aquä Tibilitanä brachte, kam dort an unter ungeheurem Zulauf des Volkes. Da bat ein blindes Weib, man möchte es doch zum Bischof führen, der die Reliquie trug; sie reichte Blumen dar, die sie mitgebracht, erhielt sie wieder zurück, führte sie an die Augen und — ward sofort sehend. Frohlockend setzte sie sich zum Staunen der Anwesenden an die Spitze des Zuges, ihren Weg wandelnd, ohne weiter einen Führer zu brauchen.
Eine Reliquie desselben Märtyrers befindet sich auch im Sinitenischen Kastell, das nahe bei der Kolonie Hippo liegt. Lucillus, der dortige Bischof, trug sie, während Volksmengen vorangingen und sich anschlossen. Ihm machte schon lange ein Hohlgeschwür zu schaffen, das nun für die Hand seines vertrauten Arztes, der ihn operieren sollte, reif war; aber es wurde durch das Band 28, S. 1409Tragen dieser frommen Bürde plötzlich geheilt; er fand es von Stund’ an nicht mehr an seinem Leib.
Eucharius ist ein Priester aus Spanien; er wohnt in Calama und krankte an einem alten Steinleiden; durch eine Reliquie des genannten Märtyrers, die Bischof Possidius dorthin brachte, ward er gesund. Später befiel ihn eine andere schwere Krankheit und nahm so Überhand, daß er wie tot dalag; man umwickelte ihm schon die Daumen; da wurde er erweckt durch die Hilfe des erwähnten Märtyrers, als man von dessen Gedächtnisstätte das Untergewand dieses Priesters zurückbrachte und es über ihn breitete.
Dort lebte auch ein Mann namens Martialis, in seiner Standesklasse der Vornehmste, schon hoch bei Jahren und der christlichen Religion sehr abgeneigt. Doch hatte er eine gläubige Tochter und einen Schwiegersohn, der eben in jenem Jahre getauft worden war. Der alte Herr erkrankte, und die beiden drangen in ihn mit vielen und heißen Tränen, er möge doch Christ werden; aber er lehnte es rundweg ab und hieß sie in heftigem Unwillen sich entfernen. Da entschloß sich sein Schwiegersohn, zur Gedächtnisstätte des heiligen Stephanus zu gehen und dort für ihn nach Kräften zu beten, daß ihm Gott die gute Gesinnung verleihe, unverzüglich an Christus zu glauben. So machte er es auch und betete unter heftigem Seufzen und Weinen und mit heißer und aufrichtiger Kindesliebe; dann nahm er beim Weggehen etwas Blumen vom Altare mit, was er gerade erreichen konnte, und legte sie, als es Nacht geworden, zu Häupten des Kranken; hierauf ging man schlafen. Und siehe da, noch vor dem Morgengrauen ruft der Kranke, man soll zum Bischof eilen, der aber gerade zufällig bei mir in Hippo war. Er verlangte dann nach den Priestern, als er von der Abwesenheit des Bischofs unterrichtet war. Diese kamen, er erklärte, er sei jetzt gläubig, und wurde getauft, während alle staunend sich freuten. Und so lang er noch lebte, hörte man aus seinem Munde immer wieder die Worte1: „Christus, nimm meinen Geist auf“, obwohl er nicht wußte, daß dies die letzten Worte Band 28, S. 1410des heiligen Stephanus waren, als er von den Juden gesteinigt wurde; sie waren auch seine letzten, denn bald hernach starb auch er.
Es wurden dort durch denselben Märtyrer auch zwei Bürger und ein Fremder geheilt, die alle an Fußgicht litten; jedoch die Bürger völlig, während der Fremde in einer Offenbarung nur inne wurde, was er beim Schmerzanfall anwenden soll; und so oft er das Mittel anwendet, legt sich der Schmerz sofort.
Audurus ist der Name eines Landgutes, auf dem sich eine Kirche befindet und in ihr eine Gedächtnisstätte des Märtyrers Stephanus. Ein kleiner Knabe, der auf dem Hofe spielte, kam unter die Räder eines scheuenden Ochsengespannes und wurde so übel mitgenommen, daß er gleich in die letzten Zuckungen verfiel. Da riß ihn die Mutter weg und legte ihn bei der erwähnten Gedächtnisstätte nieder; und er lebte nicht nur wieder auf, sondern erschien sogar unverletzt.
Eine gottgeweihte Jungfrau auf einem benachbarten Gute, das Caspalania heißt, wurde krank, und man gab schon die Hoffnung auf; da brachte man ihr Untergewand zu der nämlichen Gedächtnisstätte; aber sie starb, ehe man es zurückholte. Die Eltern bedeckten jedoch ihren Leichnam mit diesem Untergewand, und sie kam wieder zum Leben und ward geheilt.
In Hippo betete ein gewisser Bassus, ein Syrer, bei der Reliquie dieses Märtyrers für seine gefährlich erkrankte Tochter und hatte ein Gewand von ihr mitgebracht. Unterdessen kamen aus seinem Hause Diener herbeigeeilt, um deren Ableben zu melden. Sie wurden jedoch, während er im Gebete lag, von seinen Freunden abgefangen, die sie verhinderten, ihm die Mitteilung zu machen. Als er nun nach Hause kehrte, wo ihm bereits die Totenklage der Seinigen entgegen tönte, und das zurückgebrachte Gewand über die Tochter warf, wurde sie dem Leben zurückgegeben.
Ebenfalls bei uns war es, daß der Sohn des Irenäus, eines Geldwechslers, von einer Krankheit dahingerafft wurde. Während der Leichnam so dalag und unter Trauer und Klage die Beisetzung vorbereitet wurde, regte einer der Hausfreunde zwischen den Trostworten Band 28, S. 1411anderer den Gedanken an, den Leichnam mit Öl dieses Märtyrers zu salben. Es geschah, und der Knabe wurde wieder lebendig.
Und ebenfalls bei uns trug es sich zu, daß Eleusinus, ein Mann von tribunizischem Stande, sein an einer Krankheit verstorbenes Knäblein auf die Märtyrerreliquie legte, die sich in der Vorstadt befindet, wo er wohnt, und es nach einem Gebet, das er dort unter vielen Tränen verrichtete, lebendig aufhob.
Wie soll ich’s doch machen? Das Werk drängt zum Abschluß, der schon in Aussicht gestellt ist, so daß ich hier nicht alles anführen kann, was ich weiß; andererseits werden es sicher sehr viele von den Unserigen, wenn sie dies lesen, bedauern, daß ich so vieles übergangen habe, was sie natürlich so gut wissen, wie ich. Ich bitte sie zum voraus um Verzeihung; sie mögen bedenken, welch langwierige Arbeit es erfordern würde und wie ich damit nur etwas täte, was der maßgebende Plan des Werkes mich nötigt, hier zu unterlassen. Denn wollte ich auch nur die Wunderheilungen, um von anderen Wundern gar nicht zu reden, und auch da nur die durch diesen Märtyrer, ich meine den glorreichen Stephanus, in der Calamensischen und unserer Kolonie geschehenen Wunderheilungen verzeichnen, so müßte ich viele Bücher schreiben und könnte doch keine Vollständigkeit erreichen, sondern nur die Wunder aufnehmen, über welche Aufzeichnungen zum Zweck der öffentlichen Verlesung übergeben worden sind. Dies nämlich haben wir angeordnet, als wir uns überzeugten, daß Erweise göttlicher Kraft, ähnlich den alten, auch in unserer Zeit häufig vorkommen und daß sie der Kenntnis weiterer Kreise nicht verloren gehen sollten. Noch sind es keine ganzen zwei Jahre, seitdem sich diese Reliquien in Hippo Regius befinden2, und obschon viele Aufzeichnungen über wunderbare Begebenheiten, wie ich auf das Bestimmteste weiß, nicht abgeliefert sind, so ist doch die Zahl der abgelieferten schon auf beinahe siebzig gestiegen, da ich dies schreibe. In Calama dagegen, wo Band 28, S. 1412man zu Reliquien schon früher kam und häufiger Aufzeichnungen übergeben werden, findet sich deren eine unvergleichlich größere Zahl.
Auch in Uzali, einer Kolonie bei Utica, haben sich viele herrliche Dinge durch Vermittlung desselben Märtyrers zugetragen, wie mir bekannt ist; dort wurde eine Reliquie von ihm durch den Bischof Evodius bedeutend früher als bei uns eingesetzt. Jedoch die Gepflogenheit, Aufzeichnungen abzuliefern, besteht dort nicht oder bestand jedenfalls früher nicht; vielleicht hat man unterdessen damit begonnen. Als ich nämlich jüngst in dieser Stadt war, habe ich der vornehmen Matrone Petronia, die dort von schwerem und langwierigem Siechtum, das aller Kunst der Ärzte spottete, auf wunderbare Weise geheilt wurde, mit Zustimmung des erwähnten Ortsbischofs nahegelegt, eine Aufzeichnung abzuliefern zur Verlesung vor dem Volke, und sie ist der Mahnung gewissenhaft nachgekommen. Darin hat sie auch etwas niedergelegt, was ich hier nicht unerwähnt lassen kann, so sehr ich trachten muß, auf den eigentlichen Gegenstand dieses Werkes zurückzukommen. Ein Jude hatte ihr beigebracht, sie solle einen Ring in einem Gürtel aus Haaren befestigen und diesen Gürtel unter aller Gewandung am bloßen Leib anlegen; der Ring sollte unter dem Edelstein einen in den Nieren eines Rindes gefundenen Stein haben. Mit diesem vermeintlichen Heilmittel umgürtet, machte sie sich auf den Weg zum Heiligtum des Märtyrers. Sie reiste von Karthago ab und hielt Rast in ihrem Besitztum am Flusse Bagrada. Wie sie sich nun erhob, die Weiterreise anzutreten, sah sie den Ring zu ihren Füßen liegen; verwundert untersuchte sie den Haargürtel, in dem er befestigt gewesen war. Aber der zeigte sich überall unversehrt und in seinen Verschlingungen fest angezogen wie vorher, so daß sie vermutete, der Ring sei geborsten und ausgesprungen, aber auch er war ganz, und so nahm sie an, dieser merkwürdige Vorgang sei eine Art Unterpfand der Genesung, nahm den Gürtel ab und warf ihn mitsamt dem Ring in den Fluß. Das brauchen nun die nicht zu glauben, die auch nicht glauben, daß der Herr Jesus aus unversehrt jungfräulichem Mutterschoß hervorgegangen ist und zu seinen Band 28, S. 1413Jüngern bei verschlossenen Türen kam; aber sie sollten wenigstens dieser Begebenheit nachforschen und, wenn sie sie als wahr befinden, auch jene Wunder glauben. Die Dame ist sehr vornehmen Standes, edel geboren, mit einem Edelmann verheiratet und wohnt in Karthago; die Stadt ist groß genug, die Persönlichkeit angesehen genug, um zu verhindern, daß die Sache verborgen bleibt, wenn man ihr nur nachgehen will. Der Märtyrer sicherlich, der ihr die Genesung erlangte, hat an den Sohn der immerwährenden Jungfrau geglaubt; er hat an den geglaubt, der bei verschlossenen Türen zu den Jüngern kam; er hat — und in diesem Zusammenhang führe ich ja alle diese Dinge an — an den geglaubt, der mit seinem Auferstehungsleib gen Himmel fuhr; und eben deshalb geschehen durch ihn so große Dinge, weil er für diesen Glauben sein Leben hingegeben hat. Es geschehen also auch jetzt viele Wunder, Gott wirkt sie, durch wen er will und wie er will, derselbe Gott, der auch die Wunder gewirkt hat, die geschrieben stehen; nur daß die jetzigen Wunder nicht so bekannt werden und auch nicht durch häufige Verlesung immer wieder zu Ohren dringen, so daß sie dem Geiste nicht wieder entfielen sozusagen durch Versandung der Erinnerung. Denn selbst da, wo man, wie jetzt seit kurzem bei uns, Sorge dafür trägt, daß die Aufzeichnungen der mit Wohltaten Begnadeten vor dem Volke verlesen werden, hören davon eben nur die gerade Anwesenden, und diese nur einmal, viele sind nicht da, und auch die Dagewesenen behalten das Vernommene nicht länger als einige Tage im Gedächtnis, und kaum einer findet sich unter ihnen, der davon einem Ununterrichteten Mitteilung machte.
Ein einziges Wunder hat sich bei uns zugetragen, das, obwohl nicht größer als die erwähnten, doch so bekannt und offenbar geworden ist, daß ich glaube, es gibt niemand in Hippo, der es nicht gesehen oder davon erfahren hätte, niemand, der es irgend vergessen haben könnte. Zehn Geschwister aus Cäsarea in Kappadozien, sieben Brüder und drei Schwestern, in ihrer Heimat Leute von Ansehen, wurden auf den Fluch ihrer kurz vorher verwitweten Mutter hin, die sehr erbittert war über eine Unbill, die sie ihr zugefügt hatten, von Gott Band 28, S. 1414mit der Strafe gezüchtigt, daß sie sämtlich von einem fürchterlichen Gliederzittern befallen wurden; in solch widerlichem Zustand wollten sie sich nicht länger dem Anblick ihrer Mitbürger aussetzen: sie zerstreuten sich nach allen Himmelsrichtungen, dahin und dorthin, und kamen fast im ganzen römischen Reiche herum. Zwei davon gelangten auch zu uns, ein Bruder und eine Schwester, Paulus und Palladia, nachdem sie infolge ihres jammervollen Zustandes an vielen anderen Orten schon bekannt geworden waren. Es war etwa vierzehn Tage vor Ostern, als sie ankamen, und sie besuchten täglich die Kirche und die Gedächtnisstätte des glorreichen Stephanus in ihr3 und beteten, daß Gott ihnen nun wieder gnädig sein und die frühere Gesundheit zurückgeben möge. Auch hier und überhaupt, wo sie gingen und standen, lenkten sie die Blicke der Stadt auf sich. Manche hatten sie schon anderswärts gesehen und die Ursache ihres Zitterns erfahren, und diese beeilten sich, nach Möglichkeit anderen davon Mitteilung zu machen. So kam Ostern heran. Da, am Ostersonntag früh, als schon viel Volk anwesend war und der junge Mann die Schranken der heiligen Stätte, an der sich die Reliquie befand, betend festhielt, sank er plötzlich um und lag da gerade wie im Schlaf, jedoch nicht zitternd, während sie sonst auch im Schlafe zitterten. Die Anwesenden waren höchlichst überrascht, die einen entsetzten sich, andere hatten Mitleid; schon wollten ihn einige aufrichten, aber andere wieder verwehrten es und meinten, man solle lieber das Weitere abwarten. Und siehe, er stand selbst auf und zitterte nicht mehr, weil er geheilt war; gesund stand er da und schaute die Leute an, und diese schauten ihn an. Wer hätte sich da zurückhalten können vom Preise Gottes? Bis in die letzten Winkel der Kirche pflanzten sich die Freudenrufe und die Beglückwünschungen fort. Nun eilt man zu mir an den Platz, wo ich saß, eben im Begriffe, in die Kirche Band 28, S. 1415einzuziehen; einer nach dem anderen drängt sich herein, jeder meldet als etwas Neues, was andere schon vorher gesagt haben; und während ich in der Freude meines Herzens Gott im stillen danke, kommt Paulus selbst, begleitet von einer größeren Schar, wirft sich mir zu Füßen, und ich richte ihn auf, ihn zu küssen. Darauf begeben wir uns zum Volk, die ganze Kirche war gesteckt voll, und sie widerhallte von Freudenrufen: Gott sei Dank! Gott sei Lob! Von allen Seiten ertönten die Rufe, und keiner war da, der sich nicht beteiligt hätte. Ich begrüßte das Volk, und neuerdings erschallten noch lauter die Rufe. Endlich trat Stille ein, die Festabschnitte aus der Heiligen Schrift wurden verlesen. Als es dann so weit war, daß ich meine Predigt einlegen sollte, machte ich es kurz, anknüpfend an den Festtag und den Freudenjubel. Ich wollte die Anwesenden mehr sozusagen Gottes Beredsamkeit an dem Werke Gottes nicht so fast vernehmen als vielmehr betrachten lassen. Der junge Mann speiste dann bei uns und erzählte uns genau seine ganze Leidensgeschichte und die seiner Geschwister und seiner Mutter. Am folgenden Tag nach der Predigt kündigte ich an, daß die Aufzeichnung der Erzählung nächsten Tags dem Volke verlesen werden solle. Als dies am dritten Osterfeiertag geschah, hieß ich die beiden Geschwister während der Verlesung auf die Stufen der Chornische stehen, in der ich von erhöhtem Platze aus sprach. Das ganze Volk beiderlei Geschlechtes sah sie stehen, den einen ohne die entstellende Bewegung, die andere an allen Gliedern zitternd. Und wer nicht mit eigenen Augen beobachtet hatte, was an Paulus durch Gottes Erbarmen geschehen war, der konnte es an Palladia wahrnehmen. Man sah ja, wozu man den einen zu beglückwünschen, worum man für die andere zu beten hatte. Unterdessen war die Verlesung der Aufzeichnung4 beendet, ich hieß die beiden sich vor dem Volke zurückziehen und hatte eben angefangen, über den ganzen Vorfall etwas eingehender zu sprechen5, als sich plötzlich während meiner Rede andere Band 28, S. 1416Stimmen erneuter Beglückwünschung von der Gedächtnisstätte des Märtyrers her vernehmen ließen. Dahin wandten sich nun meine Zuhörer, und es bildete sich ein Auflauf. Palladia hatte sich nämlich von den Stufen weg, auf denen sie gestanden, zu dem heiligen Märtyrer begeben, um dort zu beten; aber sowie sie die Schranken berührte, sank sie ebenfalls in einen Scheinschlaf und erhob sich dann gesund. Während wir uns also erkundigten, was geschehen sei, woher der freudige Lärm komme, traten sie mit ihr in die Basilika ein, in der wir uns befanden, und führten sie von der Gedächtnisstätte des Märtyrers gesund herbei. Nun aber erhob sich von seiten beider Geschlechter ein solcher Sturm von Verwunderungsrufen, mit denen sich bald auch Tränen mischten, daß man an kein Ende glauben mochte. Man führte sie bis an die Stelle, wo sie kurz vorher zitternd gestanden hatte. Man jubelte, daß sie nun dem Bruder ähnlich geworden, wie man vorher bedauert hatte, daß sie ihm unähnlich geblieben war; man überzeugte sich, daß die noch nicht verrichteten Gebete für sie, vielmehr der nur erst vorhandene Wille dazu so schnell erhört worden sei. Man jubelte zum Lobe Gottes nur mit der Stimme, ohne Worte, aber mit einer Macht, daß es unsere Ohren kaum aushalten konnten. Der Glaube, für den das Blut des heiligen Stephanus geflossen ist, der Glaube an Christus war es, der ihre Herzen so aufjubeln ließ.
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Apg. 7, 58. ↩
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Also seit 424, da das letzte Buch der Civitas Dei im Jahre 426 geschrieben wurde [vgl. Possidius, Vita s. Augustini VIII 5,1]. ↩
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Im Jahre 424 hatte Augustinus aus Mitteln, die ihm sein Diakon Eraclius zur Verfügung stellte, für die Reliquien des hl. Stephanus eine „cella sacra, quod sacellum vocamus“ an die Basilica anbauen lassen. Possidius, Vita s. Aug. VIII 5, 1. Augustini Sermo 356, 7. ↩
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Sie ist enthalten in den Augustinischen Werken als Sermo 322. ↩
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Vgl. Sermo 323 und 324. ↩