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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Andimantum Contre Adimantus, manichéen
CHAPITRE XV. DES VIANDES IMPURES.

2.

Telle est ma réponse; telle est la preuve que j'apporte pour montrer que ces deux passages de l'Ecriture ne sont nullement en contradiction. Mais que va donc faire Adimantus, qui s'était flatté d'avoir trouvé là le plus redoutable argument qu'il pût opposer à son adversaire? D'un côté il place ce témoignage de l'Evangile, où le Sauveur affirme que l'homme n'est point souillé par les aliments qu'il absorbe, et de l'autre, il oppose cette défense formelle d'user des viandes impures. Cependant on voit qu'il a le pressentiment de la plaie qu'il peut se faire, du coup dont il peut se frapper. Parce qu'on peut fort bien lui dire : Comment donc défendez-vous l'usage des viandes quand le Seigneur proclame que: « Ce n'est pas ce qui entre dans l'homme qui le souille, mais ce qui en sort », il prend l'avance et applique sans raison le remède à une blessure qu'il sent devoir être mortelle. Il invoque donc l'Evangile et cite ces mots du Sauveur : « Entendez et comprenez, rien de ce qui entre dans l'homme ne le souille », et le reste. Cette citation de ces paroles de Jésus-Christ à la foule, ne prouve qu'une chose, c'est que loin d'être dans la bonne foi, il ne s'inspire que de la méchanceté la plus indigne. Ecoutez plutôt son raisonnement. D'après lui, ce n'est pas au petit nombre des saints, mais à la foule que le Seigneur adresse ces paroles; les Manichéens font de même. Ils permettent à leurs auditeurs d'user d'aliments charnels parce qu'ils sont encore impurs; mais pour eux-mêmes qui forment le petit nombre des initiés et des saints, un tel usage serait un crime et une profanation. O hommes pervers, qui calculez sur l’ignorance du genre humain et son impuissance à dévoiler vos mensonges ! Adimantus se figurait donc que personne ne saisirait l'Evangile, ne le lirait avec intelligence et ne découvrirait au milieu de ces gras pâturages dans lesquels le Seigneur conduit son troupeau, un fourbe et un traître, dressant des embûches aux agneaux inexpérimentés et imprudents. Etonnés de ces paroles et les interprétant aussitôt dans un sens figuré, les disciples, par cela même qu'ils étaient juifs, et que dès leur enfance on leur avait enseigné qu'on doit éviter certaines viandes comme impures, s'approchèrent timidement de leur maître et lui dirent: « Savez-vous que les Pharisiens se sont scandalisés de ce que vous avez dit ? Jésus leur répondit : Tout arbre que mon Père céleste n'a pas planté, sera arraché. Laissez-les; ce sont des aveugles, et qui se mêlent de conduire des (101) aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans le précipice ». L'infidélité des Juifs, telle est la plantation que n'a pas faite le Père céleste. Malgré cela, Pierre, croyant que c'était là une parabole et que les Juifs ne méritaient le reproche d'aveuglement que parce qu'ils ne pouvaient la comprendre, dit au Seigneur: « Expliquez« nous cette parabole ». Le Seigneur déclare formellement que ce n'est point une parabole, mais une vérité qu'il faut prendre dans la rigueur des termes. Il leur dit alors: « Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence ? Vous ne comprenez pas que ce qui entre par la bouche, descend dans l'estomac, et est rejeté au dehors ? Au contraire, ce qui sort de la bouche vient du coeur, et c'est là ce qui souille l'homme. C'est du coeur que sortent les pensées mauvaises, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes; et c'est là ce qui souille l'homme. Manger sans avoir auparavant lavé ses mains, ne peut pas souiller l'homme1 ». Les Juifs avaient soulevé la question du lavement des mains; le Sauveur saisit cette occasion pour parler des aliments qui, de la bouche, pénètrent dans l'estomac et sont rejetés au dehors. Cependant malgré l'authenticité de ces paroles adressées à la foule : « Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais ce qui en sort » on voit qu'Adimantus était tourmenté du besoin de trouver une réponse à faire à ceux qui viendraient lui demander le motif pour lequel les principaux Manichéens se refusaient comme un crime la manducation des viandes ; voici sa réponse : Le Sauveur aurait permis cette manducation à la foule et lion pas aux initiés. Mais l'examen du texte nous a prouvé qu'il ne pouvait être ici question de parabole et que ces paroles prononcées solennellement devant la foule tout entière s'appliquaient à tous les hommes indistinctement. Quelle raison peut-on dès lors alléguer pour interdire la manducation des viandes et fournir aux hommes une nouvelle occasion de faute et de péché?


  1. Matt. XV,10-20. ↩

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Contre Adimantus, manichéen

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