1.
Nous lisons dans l'Exode : « Si vous entendez ma voix et si vous accomplissez ce que je vous commande, je serai l'ennemi de vos ennemis, et j'affligerai ceux qui vous affligent. Mon ange marchera devant vous, il vous fera entrer dans la terre des Amorrhéens, des Phéréséens, des Chananéens, des Jébuséens et des Gergézéens, et vous les exterminerez. Vous n'adorerez point leurs dieux et vous n'imiterez point leurs oeuvres ; au contraire, vous les détruirez et vous éteindrez leur mémoire1 ». A ce passage de l'Ancien Testament, Adimantus oppose ces paroles du Sauveur : « Et moi je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous persécutent2». Il semble d'abord que le besoin qu'il a de relever partout des contradictions était grandement satisfait par cette autorisation donnée aux Juifs de tuer leurs ennemis. En effet, le Seigneur n'a pas craint d'imposer aux hommes l'obligation d'aimer leurs ennemis; on comprend en effet, et des exemples ont prouvé que la patience et la charité deviennent souvent pour des ennemis une cause de réconciliation et de salut. Comment donc ces autres paroles : « Vous n'adorerez pas leurs dieux et vous n'imiterez pas leurs oeuvres, au contraire, vous les détruirez et vous anéantirez leur souvenir», ont-elles pu paraître un principe, en vertu duquel les Manichéens prescrivent d'aimer les dieux des nations ? Voulant être conséquents avec eux-mêmes, ils s'appuient sur ces paroles du Sauveur : « Vous aimerez vos ennemis », pour conclure qu'on doit aimer non-seulement les hommes, mais les démons eux-mêmes et leurs statues de pierre ou de marbre. Devant une telle extravagance, on se détourne avec horreur. Dira-t-on que ce ne sont pas là les principes Manichéens? Alors comment caractériser l'erreur d'Adimantus qui, pour faire ressortir une contradiction nouvelle, insiste sur l'ordre donné par l'Ancien Testament de détruire les superstitions des païens, tandis que le Nouveau Testament ordonne d'aimer ses ennemis? Entre ces deux préceptes il voit une énorme opposition.