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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Andimantum Contre Adimantus, manichéen
CHAPITRE XVII. DE L'AMOUR DES ENNEMIS.

2.

Quant à nous, cet ordre donné au peuple dans les livres anciens de tuer leurs ennemis, ne nous paraît nullement contraire au précepte évangélique qui nous commande d'aimer nos ennemis. En effet, cette destruction charnelle de ses ennemis convenait à un peuple qui ne connaissait, dit l'Apôtre, que le sens littéral de la loi1. Cependant, parmi ce peuple, il y avait quelques hommes saints et spirituels, comme Moïse et les prophètes; comment pouvaient-ils aimer ceux dont ils versaient le sang? c'est ce que ne peuvent s'expliquer ni les ignorants ni les impies qui se plaisent dans leur aveuglement. Puisque les raisonnements les trouvent insensibles, faisons briller à leurs yeux le glaive redoutable de l'autorité. Or, voici ce que dit l'Apôtre : « Pour moi, étant à la vérité absent de corps, mais « présent en esprit, j'ai déjà prononcé ce jugement comme si j'étais présent : vous et mon esprit étant assemblés au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, j'ai déclaré que celui qui est coupable de ce crime, sera, par la puissance de Notre-Seigneur Jésus, livré à Satan, afin que sa chair meure et que son âme soit sauvée au jour de Notre-Seigneur Jésus-Christ2 ». Or, cette destruction qu'ils exagèrent à plaisir et qu'ils entourent de leurs déclamations jalouses, qu'est-elle autre chose que la mort de la chair ? En formulant dans quel esprit cette mort se produit, l'Apôtre a suffisamment déclaré que la vengeance exercée contre un ennemi n'est pas nécessairement en opposition avec la charité. Et cependant rien n'empêche d'interpréter dans un autre sens cette mort de la chair et de n'y voir que celle qui est le fruit de la pénitence. Quant aux Manichéens, ils lisent avec délices les écritures apocryphes, et vont jusqu'à soutenir qu'elles sont d'une pureté parfaite dans le passage même où il est dit que l'apôtre saint Thomas, se sentant frappé par une main imprudente, maudit l'auteur involontaire de cet outrage, et que cette malédiction fut aussitôt suivie de son effet. Car à peine le malheureux, qui était un domestique de table, fut-il sorti pour aller puiser de l'eau à la fontaine, qu'il fut saisi et déchiré par un lion ; et, comme pour frapper les convives d'une terreur plus grande encore, un chien s'empara de la main du maudit et l'emporta dans la salle où l'Apôtre prenait son repas. Plusieurs des convives ne pouvaient encore se rendre compte de cet enchaînement merveilleux; l'apôtre le leur expliqua, et ce ne fut plus pour lui qu'un concert unanime de respect et d'admiration; et ce fut là ce qui inspira à quelqu'un la pensée d'écrire un évangile. Si on voulait retourner contre les Manichéens leurs dents si habiles, comme on attaquerait ce récit ! Sur ce point je n'ai pas à vous apprendre avec quelle intention la malédiction fut lancée; du moins je tiens à montrer que cette vengeance eut pour principe la charité. En effet, nous lisons un peu plus loin que l'apôtre versa d'abondantes prières en faveur du malheureux frappé dans sa vie temporelle, et demanda à Dieu de l'épargner au jour du jugement. Si donc, sous le règne du Nouveau Testament qui est avant tout l'hymne de l'amour, des hommes charnels se sentirent saisis de crainte, sous le coup de ces vengeances divines et miraculeuses,combien plus ce sentiment devait-il faire de victimes sous l'Ancien Testament qui était par-dessus tout une loi de crainte. La crainte et l'amour, tel est en effet, dans toute sa concision, la différence qui sépare les deux Testaments; la crainte était le partage de l'homme ancien, l'amour est le privilège de l'homme nouveau; et cependant l'un et l'autre sont l'œuvre d'un Dieu infiniment miséricordieux. Sous la loi judaïque il n'est rien dit du but que l'on se proposait dans la vengeance, parce que les hommes spirituels y étaient très-rares et que le peuple avait besoin d'être dompté par la crainte et par un régime sévère. En voyant qu'on livrait entre leurs mains pour les mettre à mort leurs ennemis, les impies et les adorateurs des idoles, ne devaientils pas redouter pour eux-mêmes d'être livrés également aux mains de leurs ennemis, s'il leur arrivait de mépriser les ordres du vrai Dieu et d'embrasser le culte des idoles et les impiétés païennes ? Et en réalité le même péché fut suivi du même châtiment. Mais tandis que cette vengeance temporelle n'inspire que la terreur aux esprits faibles, elle est pour les intelligences éclairées une profonde et lumineuse révélation qui leur épargne souvent les supplices mille fois plus horribles de l'éternité. En effet, ce qui effraie le plus les hommes charnels, ce sont les vengeances de cette vie, et non les horreurs des châtiments futurs.


  1. Gal. III, 24. ↩

  2. I Cor. V, 3-5. ↩

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Contre Adimantus, manichéen

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