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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
7.
Quomodo non sint tibi inimicae illae tabulae, in quibus secundum praeceptum est: Non accipies in vanum nomen domini dei tui, quandoquidem tu etiam ipsum Christum, qui propter carnales a carnali vanitate mundandos etiam carneis oculis verus in veritate carnis exortus est, in fallaciae vanitate posuisti? Quomodo tibi non sit adversum tertium praeceptum de sabbati requie, quae tot figmentorum illusionibus inquieta anima ventilaris? p. 429,6 Haec tria praecepta quomodo pertineant ad dilectionem dei, quando capies, quando sapies, quando amabis? Immoderata es et foeda et contentiosa: tumuisti, evanuisti, viluisti, excessisti modum tuum, turpasti decorem tuum, turbasti ordinem tuum. Talis apud te fui, novi te. Quo pacto ergo te nunc doceam haec tria praecepta ad dilectionem dei pertinere, ex quo et per quem et in quo sunt omnia? Unde hoc intellegis, quando nec illa septem, quae ad dilectionem proximi pertinent, qua humanae vitae societas continetur, erroris tui detestanda perversitate nosse atque observare permitteris? In quibus mandatum primum est: Honora patrem tuum et matrem tuam, quod et Paulus commemorat mandatum primum in repromissione eadem atque itidem etiam ipse praecipiens. p. 429,19 Tu autem doctrina daemonica didicisti inimicos deputare parentes tuos, quod te per concubitum in carne ligaverint et hoc modo utique deo tuo immundas compedes imposuerint. Hinc etiam consequens praeceptum, quod est: Non moechaberis, ita violatis, ut hoc maxime in coniugio detestemini, quod filii procreantur, ac sic auditores vestros, dum cavent, ne feminae, quibus miscentur, concipiant, etiam uxorum adulteros faciatis. Ducunt enim eas ex lege matrimonii tabulis proclamantibus liberorum procreandorum causa, et vestra lege metuentes, ne particulam dei sui sordibus carnis afficiant, ad explendam tantum libidinem feminis impudica coniunctione miscentur; filios autem inviti suscipiunt, propter quod solum coniugia copulanda sunt. Quomodo ergo non prohibes nubere, quod de te tanto ante praedixit apostolus, quando id conaris auferre de nuptiis, unde sunt nuptiae? p. 430,6 Quo ablato mariti erunt turpiter amatores, meretrices uxores, thalami fornices, soceri lenones. Ac per hoc etiam illud praeceptum, quod est: non occides, ex eiusdem erroris perversitate non servas. Dum enim times, ne dei tui membrum ligetur in carne, non das esurienti panem, hic formidans homicidium falsum, illic perpetras verum. Itaque si incurras in eum famelicum, qui mori possit, nisi cibum porrigendo subvenias, iam tu homicida teneberis aut lege dei, si non dederis, aut lege Manichaei, si dederis. Quid? Cetera decalogi praecepta quomodo servabis? An a furto abstineas, ut nescio quis panem seu quamlibet escam in suis visceribus trucidandam devoret potius quam tu, si possis, ei surripias atque ad officinam ventris electorum tuorum curras, ut furto tuo deus tuus nec in gravius incidat vinculum, et quo inciderat eruatur? p. 430,20 Porro si in eodem furto comprehendaris, nonne per ipsum deum tuum non te abstulisse iurabis? Quid enim tibi facturus est talis deus, cui dicis: Falsum iuravi per te, sed pro te, nisi velles, ut exitium tibi inferrem, dum honorem deferrem? Ita et illud mandatum legis: Ne falsum testimonium dicas propter membra dei tui sic contemnis, ut ea non solum testimonio, sed et iuramento falso de compedibus liberes. Iam vero quod sequitur: Non concupisces uxorem proximi tui debet apud te impleri, et hoc unum video, quod nulla tui erroris necessitate violare cogaris. p. 431,4 Sed si nefas est coniugem concupiscere alienam, considera, quid sit concupiscendum se proponere alienis, et recordare deos tuos formosos et deas formosas praebentes se ut ardenter concupiscantur, illi a feminis principibus tenebrarum et illae a masculis, quibus excitatis in fruendam libidinem et in suos amplexus inhianter aestuantibus eruant ab eis illum deum tuum ubique compeditum et tanta suorum turpitudine, ut solvi valeat, indigentem. Nam rem proximi non concupiscere, quod est ultimum decalogi mandatum, unde potes, misera? Nonne tibi deus ipse tuus in terra aliena se fabricare mentitur saecula nova, ubi post falsam victoriam falso triumpho tumescas? p. 431,15 Quod cum modo insana vanitate desideras et eandem terram gentis tenebrarum summa vicinitate substantiae tuae coniungi credis, utique rem proximi concupiscis. Merito tibi est inimicum diptychium continens tam bona mandata multum errori tuo contraria. Nam illa tria, quae ad dilectionem dei pertinent, omnino ignoras, omnino non servas; haec autem septem, quibus societas humana non laeditur, si quando custodis, aut pudore reprimeris, ne inter homines confundaris, aut timore frangeris, ne publicis legibus puniaris, aut malum factum bona aliqua consuetudine horrescis, aut ipsa naturali lege quam iniuste alteri facias, quod tibi ab altero fieri non vis, advertis. Error tamen tuus quam te in contrarium ire compellat, et dum sequeris, et dum non sequeris, sentis, cum vel hoc facis, quod pati non vis vel ideo non facis, quia pati non vis. P432,7
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VII. LA DOCTRINE MANICHÉENNE EN PRÉSENCE DU DÉCALOGUE.
Comment ne haïrais-tu pas ces tables, où on lit pour second commandement : « Tu ne prendras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu[^4] », puisque tu as rangé parmi les vains imposteurs le Christ mémé, qui a daigné apparaître aux yeux de la chair dans une chair vraie et réelle; pour purger les hommes charnels de la vanité charnelle? Comment ne serais-tu pas contrariée du troisième commandement relatif au repos du sabbat, toi dont l'âme inquiète est livrée à tant de rêveries et d'illusions? Quand comprendras-tu que ces trois préceptes se rattachent à l'amour de Dieu? Quand les goûteras-tu? Quand les aimeras-tu ? Tu ne sais pas te contenir, tu es laide et disputeuse : tu t'es enflée, tu es devenue vaine, tu t'es ravalée, tu es sortie des bornes, tu as flétri ton honneur, tu es descendue au-dessous de ton rang. J'ai été tel moi-même dans ton sein, je te connais. Comment donc pourrais-je, aujourd'hui, t'apprendre que ces trois commandements regardent l'amour de Dieu, de qui, par qui et en qui sont toutes choses[^1]? Comment le comprendrais-tu, quand tes perverses et détestables erreurs ne te permettent pas même de connaître et d'observer les sept autres, qui concernent l'amour du prochain, la base de la société humaine ? Le premier est : « Honore ton père et ta mère » Paul en le rappelant et le renouvelant dans les mêmes termes, le nomme le premier commandement fait avec une promesse[^2]. Mais ton infernale doctrine t'a appris à regarder tes parents comme des ennemis, pour t'avoir enchaînée à la chair par leur union maritale, et avoir mis par là d'immondes entraves à ton dieu. Voilà pourquoi aussi vous violez le précepte suivant : « Tu ne commettras pas d'adultère », à ce point qu'il n'est rien que volis détestiez dans le mariage comme de mettre au monde des enfants, et que vous rendiez vos disciples adultères, par les précautions qu'ils prennent pour empêcher de concevoir les femmes auxquelles ils s'unissent. En effet, ils les épousent d'après les lois du mariage, suivant les règlements publics, pour avoir des enfants; mais d'après votre loi, de peur de souiller des immondices de la chair une partie de leur dieu, ils né cherchent dans le commerce des femmes que l'assouvissement d'une infâme volupté, et n'ont des enfants que malgré eux, bien que ce soit là le seul but du mariage. Comment donc ne défendrais-tu pas le mariage, selon ce que l'Apôtre a prédit de toi depuis si longtemps[^3], puisque tu lui enlèves son unique raison d'être? Car en dehors de ce but, les maris ne sont plus que de misérables libertins; les femmes, que des prostituées; le lit nuptial, qu'un lieu de débauches ; les beaux-pères, que des corrupteurs de la jeunesse. Par là même raison, en vertu de la même erreur criminelle, tu n'observes point non plus le commandement : « Tu ne tueras pas ». En effet, pour ne pas retenir dans la chair un membre de ton dieu, tu ne donnes pas de pain à celui qui a faim, et pour éviter un homicide imaginaire, tu en commets un réel. Si donc tu rencontres un homme affamé qui peut mourir, à moins que tu ne lui donnes à manger, te voilà homicide ou d'après la loi de Dieu si tu ne lui donnes pas, ou d'après la loi de Manès si tu lui donnes. Et les autres préceptes du Décalogue, comment les observerais-tu? T'abstiens-tu du vol, quand tu enlèves, si tu le peux, le pain, un mets quelconque que le premier venu mangerait et tuerait dans ses entrailles plutôt que toi, et que tu cours à la cuisine de tes élus, pour garantir, au moyen de ce vol, ton dieu de quelque chaîne plus lourde, ou le délivrer de celle qui lui pèse? Et si tu es pris en flagrant délit, ne jures-tu pas par ton dieu même, que tu n'as rien pris? Et que peut te faire un dieu à qui tuas le droit de dire : Je me suis parjuré par toi, mais pour toi; voudrais-tu que, pour te rendre hommage, je t'eusse donné la mort? De même tu violeras le commandement : « Ne porte point de faux témoignages », à cause des membres de ton dieu, afin de les délivrer de leurs entraves, non-seulement par un témoignage, mais par un faux serment. Quant à celui qui vient ensuite : « Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain[^5] », tu dois l'accomplir: je ne vois que celui-là que ton erreur ne t'oblige pas à transgresser. Mais s'il est défendu de convoiter la femme du prochain, songe à ce que c'est que de s'offrir soi-même à la convoitise d'autrui; souviens-toi de tes beaux dieux, de tes belles déesses, qui se montrent dans le but d'exciter de violents désirs, ceux-là, de la part des femmes, princesses des ténèbres, et celles-ci de la part des dieux mâles; afin que, en excitant la soif de la jouissance et l'ardeur d'une passion criminelle, ils délivrent ton dieu prisonnier chez eux, et qui à besoin de toutes ces horribles turpitudes pour être dégagé de ses liens. Et comment, misérable, pourrais-tu observer le dernier précepte du Décalogue, qui défend de convoiter le bien d'autrui? Ton dieu lui-même ne te dit-il pas faussement qu'il prépare sur la terre étrangère des siècles nouveaux, où tu te pavaneras, après une fausse victoire, dans un faux triomphe? Et comme tu y aspires dans ta folle vanité et que tu crois cette terre du peuple des ténèbres très-rapprochée de ta propre substance, tu convoites sans aucun doute le bien du prochain. C'est donc à juste titre que tu hais le diptyque, qui contient des commandements si bons, si opposés à ton erreur. Car tu ignores complètement, tu n'observes en aucune façon, les trois premiers qui se rapportent à l'amour de Dieu; et quant aux sept autres, sauvegarde de la société humaine, si parfois tu les respectes: ou tu obéis à un sentiment de honte, de peur d'avoir à rougir parlai les hommes; ou tu cèdes à la crainte du châtiment fixé par des lois publiques ; ou tu repousses une mauvaise action par l'effet d'une bonne habitude. Enfin la loi naturelle te rappelle combien il est injuste de faire à un autre ce que tu ne voudrais pas que l'on te fit à toi-même; mais tu sens combien ton erreur te pousse en sens contraire, soit que tu cèdes ou que tu ne cèdes pas, quand tu fais ce que tu ne veux pas permettre, ou que tu ne fais pas, parce que tu ne veux pas permettre.
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Ex. XX, 7.
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Rom. XI, 30.
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Ex. XX, 12; Eph. VI, 2.
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I Tim. IV, 3.
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Ex. XX, 13, 16, 17.