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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
32.
Illud sane defendi non potest, si Abraham, sicut Faustus obiecit, minime credens deo, qui sibi iam prolem de Sara promiserat, de Agar suscipere voluit. Sed apertissime falsum est. Nondum hoc promiserat deus. Recenseant scripturae illius superiora, qui volunt. Invenient semini Abraham iam fuisse promissam terram et innumerabilis multitudinis abundantiam, p. 626,2 nondum tamen fuisse patefactum, quomodo illius seminis esset futura propagatio, utrum ex carne Abrahae, si de se ipse generaret, an ex voluntate, si aliquem forte adoptaret; deinde si de carne ipsius, utrum ex Sara, an ex alia prorsus, nondum manifestatum fuit. Legant, inquam, qui volunt, et invenient Faustum aut falli imprudenter aut fallere impudenter. Itaque Abraham cum sibi videret non nasci filios et tamen semini suo factam promissionem teneret, primo de adoptione cogitabat. Hoc indicat, quod cum deo loquens ait de vernaculo suo: Hic heres meus erit, tamquam diceret: quia de me ipso mihi semen non dedisti, in isto comple, quod meo semini promisisti. Si enim semen cuiusque non appellaretur, nisi quod de eius carne nasceretur, nec nos appellaret apostolus semen Abrahae, qui certe originem carnis ab illo non ducimus, sed imitatione fidei semen eius facti sumus credentes in Christo, cuius caro ex illius carne propagata est. 626,17 Tunc ergo Abraham audivit a domino: Non hic erit heres tuus; sed qui exiet de utero tuo, ipse erit heres tuus*. Iam tunc adoptionis cogitatione sublata cum de se ipso semen speraret Abraham, restabat incertum, utrum ex Sara, an ex alia; quod illi deus occultare voluit, donec prius ex ancilla vetus testamentum figuraretur. Quid ergo mirum, si videns Abraham sterilem uxorem cupientem sibi prolem, quam parere ipsa non potuit, ex famula sua et ex marito provenire, non suae carnali cupiditati cessit, sed coniugali potestati obtemperavit, credens hoc Saram ex dei nutu voluisse, qui iam ex se ipso illi heredem promiserat, sed ex qua femina non praedixerat? p. 627,1 Frustra igitur Faustus ad obiciendum hoc crimen insanus insiluit tamquam infidelem Abraham infideliter arguens. Cetera enim caecitate non credendi nec valuit intellegere, hoc autem libidine calumniandi neglexit et legere.
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XXXII. ÉTOURDERIE OU IMPUDENCE DE FAUSTE.
On ne pourrait certainement justifier Abraham, si, comme Fauste le prétend, il avait voulu avoir des enfants d'Agar, parce qu'il ne se fiait pas à Dieu qui lui en avait promis de Sara. Mais cela est de toute fausseté : Dieu ne lui avait pas encore fait cette promesse. On peut, si on le veut, relire ce qui précède dans l'Ecriture : on y trouvera que la terre de Chanaan et une postérité innombrable avaient déjà été promises à la race d'Abraham[^1] ; mais qu'on n'avait point encore révélé au patriarche comment cette postérité lui viendrait : si ce serait par la chair, c'est-à-dire s'il en serait lui-même le vrai père; ou si ce serait par le choix, c'est-à-dire s'il adopterait quelqu'un ; et, dans le premier cas, si ce serait de Sara ou d'une autre femme. Qu'on lise, je le répète, et on se convaincra que Fauste se trompe étourdiment ou trompe impudemment. Aussi Abraham, voyant qu'il ne lui venait point d'enfants, et comptant cependant sur la promesse faite à sa race, songeait d'abord à une adoption. Ce qui le prouve, c'est qu'en parlant à Dieu, il dit d'un serviteur né chez lui : « Celui-ci sera mon héritier » ; comme pour dire : puisque vous ne m'avez pas donné d'enfants, accomplissez dans ce serviteur la promesse que vous avez faite à ma postérité. Si, en effet, on n'appelait postérité que ce qui est né selon la chair, l'Apôtre ne dirait pas que nous sommes la postérité d'Abraham[^2], nous qui certainement ne sommes pas enfants d'Abraham selon la chair, mais qui sommes devenus sa postérité en imitant sa foi, en croyant au Christ, dont la chair provenait de la chair du patriarche. Ce fut alors qu'Abraham entendit le Seigneur lui dire : « Celui-là ne sera point ton héritier; mais celui qui a sortira de toi sera ton héritier[^3] ». L'idée d'adoption disparut donc; Abraham espérait avoir lui-même des enfants ; mais serait-ce de Sara ou d'une autre, là était la question : et Dieu voulut la lui tenir cachée, jusqu'à ce que la servante fût devenue la figure de l'Ancien Testament. Qu'y a-t-il donc d'étonnant à ce qu'Abraham, voyant sa femme stérile et désireuse d'avoir, de sa servante et de son mari, des enfants qu'elle ne pouvait avoir elle-même, ait cédé, non à la passion charnelle, mais à l'ordre de son épouse: persuadé que Sara agissait en cela par permission de Dieu qui lui avait promis qu'il aurait lui-même un héritier, mais sans lui dire de quelle femme ? C'est donc bien à tort que Fauste, comme un insensé, s'est laissé aller à formuler ce reproche, se montrant lui-même infidèle pour prouver qu'Abraham a été infidèle. Car si ailleurs, aveuglé par son incrédulité, il n'a pas même pu comprendre; ici, entraîné par le besoin de calomnier, il n'a pas même pris la peine de lire.
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Gen. XII, 3.
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Gal. III, 2, 7.
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Gen. XV, 3, 4.