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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
67.
Quid enim aliud quam cordis eius profunda cernebat spiritus dei, quando correptus per prophetam dixit: peccavi, continuoque ad hoc unum verbum audire meruit, quod acceperit veniam? Ad quam rem nisi ad sempiternam salutem? Neque enim praetermissa est in illo secundum dei comminationem flagelli paterni disciplina, ut et confessus in aeternum liberaretur et afflictus temporaliter probaretur. p. 663,16 Haud vero mediocre fidei robur fuit, aut parvum mitis et oboedientis animi indicium, cum audisset a propheta, quod sibi deus ignovisset, et tamen quae fuerat comminatus consequenter evenissent, non se dicere prophetae deceptum esse mendacio nec murmurare adversum deum, quasi falsam peccatorum eius indulgentiam pronuntiaverit. Intellegebat enim vir alte sanctus et non contra deum, sed ad deum levans animam suam, nisi dominus esset confitenti paenitentique propitius, quantum poenarum aeternarum eius essent digna peccata; pro quibus cum temporalibus emendationibus ureretur, videbat erga se et manere veniam et non neglegi medicinam. Cur autem Saul per Samuhelem correptus, cum diceret etiam ipse: peccavi, non meruit audire, quod David, quod ei dominus ignovisset? p. 664,2 Num personarum acceptio est apud deum? Absit. Sed in simili voce, quam sensus humanus audiebat, dissimile pectus erat, quod divinus oculus discernebat. Quid talibus docemur exemplis nisi regnum caelorum intra nos esse et de intimis nostris deum colere nos debere, ut ex abundantia cordis os loquatur, non autem ut populus labiis eum honoret, cor autem eorum longe sit ab eo, neque iudicare aliter audeamus de hominibus, quorum interiora videre non possumus, quam deus, qui hoc potest et falli aut corrumpi non potest, cuius evidentissimam sententiam de David cum divinae scripturae contineat tam sublimis auctoritas, multum ridenda vel potius dolenda est aliter sentiens humana temeritas? p. 664,14 Eis quippe divinis libris de antiquis viris credendum est, qui tam longe futura dixerunt, quae praesentia nunc videntur.
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE LXVII. DAVID PUNI DANS LE TEMPS POUR ÊTRE SAUVÉ DANS L'ÉTERNITÉ. FAUX REPENTIR DE SAÜL. IL FAUT ACCEPTER LE JUGEMENT DE DIEU SUR DAVID.
Car que voyait en lui l'Esprit de Dieu, sinon le fond de son coeur, quand, repris par le Prophète, il dit : « J'ai péché », et mérita pour cette seule parole d'entendre dire qu'il était pardonné ? Et dans quel but, sinon pour le salut éternel? Car Dieu n'oublia point de le frapper d'une main paternelle, comme il l'en avait menacé, afin qu'il fût, par l'aveu de sa faute, délivré de la peine éternelle, et en même temps éprouvé par l'affliction temporelle. Et ce n'était pas une médiocre preuve de foi ni un faible indice de douceur et d'obéissance que de s'entendre dire par le Prophète qu'il était pardonné, de voir ensuite arriver ce dont on l'avait menacé, et néanmoins de ne pas accuser le Prophète de l'avoir trompé par un mensonge, de ne pas murmurer contre Dieu comme si ses péchés n'eussent pas été véritablement effacés. Il comprenait, ce grand saint, en élevant son coeur vers Dieu et non contre Dieu, que si le Seigneur n'avait égard à sa confession et à son repentir, ses péchés mériteraient des peines éternelles; et quand il était vivement affligé par des châtiments temporels, il sentait que son pardon était maintenir, et que son médecin ne lui ménageait pas les remèdes. Mais pourquoi Saül repris par Samuel et disant aussi : « J'ai péché[^1] », ne méritait-il point comme David d'entendre dire qu'il était pardonné ? Y a-t-il en Dieu acception de personnes? Loin de là[^2]. Mais si c'était la même parole pour l'oreille de l'homme, ce n'était point le même coeur pour l'œil de Dieu. Que nous apprennent de tels exemples, sinon que le royaume des cieux est au dedans de nous[^3] ; que nous devons honorer Dieu du fond de notre âme, afin que la bouche parle de l'abondance du coeur[^4]; et ne pas ressembler à ce peuple qui honorait Dieu des lèvres, tandis que son coeur était loin de lui[^5]; que nous ne devons point nous permettre de juger des hommes dont nous ne pouvons voir l'intérieur, autrement que Dieu qui le voit et qui ne peut être trompe ni séduit? Or, quand la sainte Ecriture, cette autorité si élevée, contient dans les termes les plus exprès le jugement de Dieu sur David, quelle ridicule, ou plutôt quelle déplorable témérité que celle de l'homme qui ose penser autrement ! Car il faut bien croire aux témoignages rendus aux anciens par ces livres divins, qui ont prédit si longtemps d'avance ce que nous voyons réalisé.
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I Rois, XV, 24.
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Gal. II, 6.
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Luc, XVII, 28.
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Matt. XII, 34.
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Id. XV, 8.