Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
5.
Augustinus respondit: Audi ergo, quod confiteris te non videre, qua mente aut consilio hoc adversum vos capitulum proferamus. Non quod a carnibus abstineatis; nam hoc a quibusdam et primi patres nostri fecerunt, sicut commemoras, non tamen ea damnandi, sed significandi gratia, quod non intellegitis, et unde iam quantum sufficere videbatur, in superioribus partibus operis huius locutus sum; et christiani, non haeretici, sed catholici, edomandi corporis causa propter animam in orationibus amplius humiliandam, non quod illa esse immunda credant, non solum a carnibus, verum a quibusdam etiam terrae fructibus abstinent, vel semper, sicut pauci, vel certis diebus atque temporibus, sicut per quadragesimam fere omnes, quanto magis quisque vel minus seu voluerit seu potuerit. p. 753,11 Vos autem ipsam creaturam negatis bonam et immundam dicitis, quod carnes diabolus operetur faeculentiore materia mali, ac per hoc eas tamquam immundiora et truculentiora dei vestri vincula exhorrentes abicitis, auditoribus autem vestris, quos tamquam distinctos a genere sacerdotum dixisti, secundum veniam haec edenda conceditis, p. 753,17 sicut quibusdam concedit apostolus secundum veniam non omnem concubitum coniugalem, etiam qui fit sola causa generandi, sed eum, qui fit per incontinentiam, sed tamen cum coniuge; neque enim conceditur secundum veniam nisi peccatum. Hoc vos de omni carnium cibo sentitis, hoc et ipsi ab haeresi vestra didicistis et vestros auditores docetis. Sed illis, quod sit ignoscendum, propter quod vobis necessaria ministrant, ut dixi, conceditis, non dicentes non esse peccatum, sed peccantibus veniam largientes; vos autem ab omni tali tamquam mala et immunda contagione abstinetis. p. 754,1 Ac per hoc illud, quod sequitur ea verba apostoli, quibus commemorationem huius capituli terminasti, ipsum est omnino, quod nos facit hoc testimonium vobis obicere; quod et tu, puto, sciebas, ut ea verba primo non poneres et nobis in extremo diceres: qua mente aut consilio hoc adversum nos capitulum proferatis, ego non video, cum hoc ipsum nostrum consilium tacere quam commmorare malueris. Cum enim apostolus dixisset : Abstinentes a cibis, quos deus creavit ad percipiendum cum gratiarum actione fidelibus, secutus ait: et iis, qui cognoverunt veritatem, quoniam omnis creatura dei bona est, et nihil abiciendum, quod cum gratiarum actione percipitur; sanctificatur enim per verbum dei et orationem. p. 754,14 Haec sunt, quae negatis; hoc animo, hac voluntate, hac opinione ab escis huiusmodi temperatis, quod non significatione, sed natura malae et immundae sint. p. 754,16 Qua in re creatorem earum sine dubio blasphematis; hoc est, quod pertinet ad doctrinam daemoniorum. Nolite ergo mirari hoc de vobis tanto ante a sancto spiritu prophetatum.
Übersetzung
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE V. DIFFÉRENCE ENTRE L'ABSTINENCE DES CATHOLIQUES ET CELLE DES MANICHÉENS.
Augustin. Apprends donc dans quelle pensée ou dans quel but nous vous objectons ce chapitre, puisque tu avoues que tu ne le vois pas. Ce n'est pas parce que vous vous abstenez de chairs: car, comme tu le dis, nos pères s'en sont aussi abstenus, de quelques-unes au moins, non pour les condamner, mais dans un but figuratif que vous ne comprenez pas, ce qui m'a obligé à traiter ce point avec l'étendue que j'ai jugée nécessaire, dans les premières parties de cet ouvrage. Les chrétiens (catholiques, et non hérétiques) s'abstiennent aussi, non-seulement de chairs, mais encore de certains fruits de la terre, non parce qu'ils les croient immondes, mais pour mortifier leur corps, et mieux humilier leur âme dans la prière. Les uns (c'est le petit nombre) s'en abstiennent toujours ; les autres seulement à certains jours et en certains temps, comme en Carême, par exemple, que presque tous observent plus ou moins, suivant la mesure de leur volonté ou de leur force. Mais vous, vous prétendez que la créature n'est pas bonne, vous la déclarez immonde, sous prétexte que c'est le démon qui forme les chairs avec le résidu le plus grossier de la matière du mal; et pour cela, vous les rejetez avec horreur, comme les liens les plus terribles et les plus immondes de votre dieu. Néanmoins, par condescendance, vous en permettez l'usage à vos auditeurs, que vous avez soin de distinguer de la racé des prêtres; comme l'Apôtre, aussi par condescendance, permet à certains fidèles, non pas tout acte conjugal, même celui qui a pour but la génération, mais celui qui se fait par incontinence, pourvu que ce soit entre époux[^1]. Car on ne permet -rien par condescendance, si ce n'est le péché. Voilà ce que vous pensez de l'usage de toute espèce de chair, ce que vous a appris votre hérésie, ce que-vous enseignez à vos auditeurs; mais tout en accordant, comme je l'ai déjà dit, qu'il faut avoir de la condescendance pour ceux-ci, parce qu'ils vous fournissent le nécessaire, vous ne dites pas qu'ils ne pèchent pas; seulement vous leur pardonnez leur péché. Quant à vous, vous vous tenez en garde là-dessus comme contre une contagion mauvaise, immonde; et voilà pourquoi nous vous appliquons ce texte de l'Apôtre, à cause des paroles qui suivent celles par lesquelles tu as terminé la citation de ce chapitre. Et tu le savais bien, je pense; tu as d'abord passé ces paroles sous silence, pour nous dire en concluant: « Je ne vois pas dans quelle pensée ou dans quel but vous nous objectez ce chapitre » ; aimant mieux ne pas dire ce but que de l'exprimer. En effet, après avoir dit : « Ordonnant de s'abstenir des aliments que Dieu a créés pour être reçus avec actions de grâces par les fidèles », l'Apôtre ajoute: « Et par ceux qui ont connu la vérité; car toute créature de Dieu est bonne, et on ne doit rien rejeter de ce qui se prend avec actions de grâces, parce qu'il est sanctifié par la parole de Dieu et par la prière[^2] ». Voilà ce que vous niez; voilà l'esprit, l'intention, la croyance dans lesquels vous vous abstenez de ces sortes d'aliments, vous les regardez comme mauvais, comme immondes; non par signification, mais par nature. En quoi vous blasphémez évidemment celui qui les a créés ; et voilà ce qui appartient à la doctrine des démons. Ne vous étonnez donc pas que l'Esprit-Saint ait prédit cela de vous si longtemps d'avance.
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I Cor. VII, 5, 6.
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I Tim. IV, 3-5.