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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
16.
Vos ergo iam dicite, quare non accipiatis omnia ex libris novi testamenti, utrum quia non sunt apostolorum Christi, an quia pravi aliquid docuerunt apostoli Christi! Respondetis: Quia non sunt apostolorum; nam illa vox altera paganorum est, qui dicunt apostolos Christi non recta docuisse. Vos ergo quid dicitis? Unde ostenditis scripturas illas non ab apostolis ministratas? Respondetis: Quia multa sunt in eis et inter se et sibi contraria. Omnino falsissimum est; vos non intellegitis. Nam quicquid tale protulit Faustus, quod ita vobis videretur, ita non esse monstratum est; et quicquid tale a vobis prolatum fuerit, hoc docebimus. p. 775,19 Quis autem ferat lectorem vel auditorem scripturam tantae auctoritatis facilius quam vitium suae tarditatis audere culpare? An hoc dicitis vos paracletum docuisse scripturas istas apostolorum non esse, sed sub eorum nominibus ab aliis esse conscriptas ? Hoc saltem docete istum ipsum paracletum esse, a quo didicistis haec apostolorum non esse. An dicetis: Ipsum Christus promisit et misit! Respondetur vobis: Omnino istum Christus nec promisit nec misit; et simul ostenditur, quando miserit, quem promisit. Quod ergo eum Christus miserit, hoc probate! Unde asseritis personam vestri auctoris vel potius deceptoris? Respondetis ex evangelio vos probare. Ex quo evangelio? Quod non totum accipitis, quod falsatum esse vos dicitis? p. 776,3 Quis ergo testem suum prius ipse dicat falsitate esse corruptum et tunc producat ad testimonium? Si enim, quod vultis, ei credimus, et quod non vultis, ei non credimus, iam non illi, sed vobis credimus. Si autem vobis credere vellemus, testem a vobis non exigeremus. Deinde paracletus sic est promissus, ut diceretur : Ipse vos inducet in omnem veritatem. Quomodo vos autem ille inducet in veritatem, qui vos docet Christum esse fallacem? Huc accedit, quia si omnia, quae de promissione paracleti in evangelio leguntur, talia esse demonstraretis, ut non omnino nisi de Manichaeo vestro possent intellegi, sicut ostenduntur in prophetis ea esse dicta de Christo, quae in alium cadere omnino non possint, tamen, cum ea de his codicibus proferretis, quos dicitis infalsatos, hoc ipsum illic falsum et a corruptoribus maioribus vestris immissum esse diceremus, quod illic de Manichaeo sic scriptum legeretis, ut et (de ?) alio intellegere non possemus. p. 776,19 Quid faceretis, dicite mihi, nisi clamaretis nullo modo vos potuisse falsare codices, qui iam in manibus essent omnium christianorum, quia mox ut facere coepissetis, vetustiorum exemplarium veritate convinceremini? Qua igitur causa a vobis corrumpi non possent, hac causa a nemine potuerunt. Quisquis enim hoc primitus ausus esset, multorum codicum vetustiorum collatione confutaretur, maxime quia non una lingua, sed multis eadem scriptura contineretur. Nam etiam nunc nonnullae codicum mendositates vel de antiquioribus vel de lingua praecedente emendantur. Ita ergo aut cogimini veraces illos codices confiteri, et continuo evertent haeresim vestram, aut si fallaces eos dixeritis, eorum auctoritate paracletum non poteritis asserere, et vos evertistis haeresim vestram. p. 777,7
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XVI. IMPOSSIBILITÉ DE FALSIFIER L'ÉVANGILE.
Dites-nous donc enfin pourquoi vous n'admettez pas tout dans les livres du Nouveau Testament. Est-ce parce qu'ils ne sont pas des Apôtres du Christ, ou parce que les Apôtre du Christ ont enseigné quelque chose de mauvais? Vous répondez : C'est parce qu'ils ne sont pas des Apôtres du Christ ; car il n'y a que des païens qui pourraient dire que le Apôtres du Christ ont enseigné le mal. Ou dites-vous donc alors, et comment prouvez-vous que ces Ecritures ne viennent pas de Apôtres? Parce que, répondez-vous, sur bien des points ils ne sont d'accord ni les uns avec les autres, ni avec eux-mêmes. Voilà qui est parfaitement faux; vous ne comprenez pas On vous a montré que tout ce que Fauste a pu avancer en ce sens, n'est point ce que vous pensiez; et tout ce que vous pourriez dire vous-mêmes là-dessus, nous nous chargerons de vous l'éclaircir. Mais peut-on supporter qu'un lecteur ou un auditeur ose s'en prendre à l'Ecriture, à un livre d'une autorité si respectable, plutôt qu'à son propre défaut d'intelligence? Direz-vous que le Paraclet vous appris que ces Ecritures ne sont pas des Apôtres, mais fabriquées par d'autres sous leurs noms? Proclamez donc que celui qui vous a appris que ces livres ne sont pas des Apôtres est le Paraclet en personne. Direz-vous que c'est bien celui-là que le Christ a promis et envoyé ? On vous répond: Ce n'est point du tout celui-là que le Christ a promis et envoyé; et en même temps on vous fait voir quand il a envoyé celui qu'il a promis. Prouvez donc que c'est l'autre qu'il a envoyé. Quelle autorité apportez-vous en faveur de votre auteur, ou plutôt de votre imposteur? L'Evangile dites-vous. Quel Evangile? Celui que vous n'admettez pas en entier, que vous prétendez être falsifié? Mais qui donc, avant de produire son témoin, commence par dire qu'il est corrompu? En effet, si nous admettons l'Evangile sur ce qui vous plaît, et le rejetons sur ce qui vous déplaît, ce n'est plus à lui, mais à vous que nous croyons. Or, si nous avions foi en vous, nous ne vous demanderions pas de témoin. Ensuite le Saint-Esprit Paraclet nous a été promis en ces termes : « Il vous enseignera toute vérité[^1] ». Mais comment votre Paraclet « enseignera-t-il la vérité », lui qui vous enseigne que le Christ est un imposteur?
De plus, quand vous démontreriez que tout ce qu'on lit dans l'Evangile sur la promesse du Paraclet, ne peut s'entendre que de votre Manès, comme on démontre que tout ce qu'ont prédit les Prophètes ne peut s'appliquer qu'au Christ: si, lorsque vous extrairiez de ces livres que vous dites falsifiés, les textes à l'appui de votre assertion, nous vous disions qu'ils sont faux, qu'ils ont été intercalés par vos ancêtres de manière à ce qu'on ne pût les appliquer à un autre que Manès : que feriez-vous, dites-moi, sinon de vous écrier que vous n'avez pu en aucune façon altérer des livres qui étaient déjà entre les mains de tous les chrétiens? En effet, à la- première tentative de ce genre, vous auriez été confondus par la comparaison d'exemplaires plus anciens. Or, la raison qui vous aurait empêchés d'altérer ces livres, en a également empêché tout autre. Car quiconque aurait eu le premier cette audace, aurait été réfuté par le rapprochement d'autres copies plus anciennes; surtout quand l'Ecriture n'est pas en une seule langue, mais en un grand nombre. Car, même aujourd'hui, on y corrige des fautes, soit à la vue de manuscrits plus anciens, soit par comparaison avec la langue d'où ces livres ont été traduits. Vous êtes donc forcés ou de reconnaître qu'ils sont authentiques, et par là même votre hérésie est sapée par la base; ou, si vous les dites encore falsifiés, de ne pouvoir invoquer leur autorité en faveur de votre Paraclet, ce qui détruit également votre hérésie.
- Jean, XVI, 13.