Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
8.
Ceterum qui haec non litigiose, sed placide ac fideliter quaerunt, accedant ad Christum non carne sed corde, non corporis praesentia, sed fidei potentia, sicut ille centurio; tunc melius, quid Matthaeus dixerit, sentient. Talibus enim dicitur in psalmo: Accedite ad eum et illuminamini et vultus vestri non erubescent. Unde centurio ille ad Christum magis accesserat, cuius fidem ita laudauvit, quam illi ipsi, per quos verba sua misit. p. 795,8 Huic rei simile est etiam illud, quod dominus ait: Tetigit me aliquis, quando mulier, quae fluxum sanguinis patiebatur, tangens fimbriam vestimenti eius salva facta est. Hoc enim mirabiliter discipulis suis dicere uidebatur: Quis me tetigit? et: Tetigit me aliquis, cum eum turba comprimeret. Denique hoc ei responderunt: Turbae te comprimunt, et dicis: ‘Quis me tetigit?’ . Quemadmodum ergo illi premebant, sed illa tetigit, sic illi missi erant ad Christum, sed centurio magis accessit. Ita Matthaeus et morem non usque adeo inusitatae locutionis seruavit et mystice aliquid intimavit; Lucas autem hoc ipsum quemadmodum gestum esset, ostendit, ut hinc advertere cogeremur, illud Matthaeus quemadmodum dixerit. Vellem sane, ut aliquis istorum vanorum, qui huiusmodi quaestiunculas quasi magnas calumniose obiciunt evangelio, narraret aliquid idem ipse bis numero, non falsum nec fallaciter, sed omnino id volens intimare et exponere, et stilo exciperentur verba eius eique recitarentur: p. 795,25 utrum non aliquid plus minusve diceret aut praepostero ordine non verborum tantum, sed etiam rerum, aut utrum non aliquid ex sua sententia adiceret, tamquam alius dixerit, quod eum dixisse non audierit, sed voluisse atque sensisse plane cognoverit, aut utrum non alicuius breviter complecteretur sententiae veritatem, cuius rei antea quasi expressius articulos explicasset, et si quid est aliud, quod fortasse possit certis regulis comprehendi, quomodo fiat, ut vel in duorum singulis eiusdem rei narrationibus vel in duabus unius ex una eademque re multa diversa inveniantur, nulla tamen adversa, et multa varia, nulla contraria. p. 796,11 Sic solvuntur omnia, de quibus sibi isti miseri collum ligant, ut spiritus sui erroris intus teneant et nullum extrinsecus salutis admittant.
Übersetzung
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VIII. DEUX ÉCRIVAINS PEUVENT DIFFÉRER SUR LE MÊME FAIT SANS SE CONTREDIRE.
Du reste, que ceux qui portent dans ces recherches, non un esprit de contention, mais un esprit de calme et de fidélité, s'approchent de Jésus, non par la chair, mais de coeur; non par la présence corporelle, mais par la puissance de la foi, comme ce centurion, et alors ils comprendront mieux ce qu'à dit Matthieu. C'est aux hommes de cette trempe que le Psalmiste dit : « Approchez-vous de lui, et vous serez éclairés, et votre visage ne sera pas couvert de honte[^1] ». C'est ainsi que le centurion, dont le Christ a loué la foi, était plus près du Christ que les messagers mêmes qu'il lui envoyait. C'est encore quelque chose de semblable que le Seigneur exprimait lorsqu'il dit : « Quelqu'un m'a touché », au moment où la femme qui souffrait d'un flux.de sang, touchait le bord de son vêtement et était guérie. Les disciples semblaient étonnés qu'il leur dît : « Qui m'a touché ? » et encore : « Quelqu'un m'a touché », alors que la foule le pressait de tout côté. Ils lui répondirent enfin: « La foule vous presse, et vous demandez: Qui m'a touché[^2] ? » De même donc que la foule pressait le Christ, et que la femme le touchait; ainsi les messagers approchèrent du Christ, mais le centurion en approchait davantage. Matthieu a donc employé une forme de langage qui n'est point du tout inusitée, et a laissé percer un sens mystérieux; et Luc a exposé le fait tel qu'il s'est passé, afin de nous forcer à pénétrer le sens de Matthieu. Je voudrais bien qu'un de ces orgueilleux eût à raconter deux fois la même chose, non pour mentir ni pour tromper, mais dans l'intention sincère de dire et d'exposer la vérité, et qu'on recueillît ses paroles, la plume à la main, pour les lui lire ensuite : on verrait s'il n'aurait pas dit plus ou moins, ou dérangé l'ordre, non-seulement des paroles, mais des choses ; s'il n'aurait rien donné de son cru, en le prêtant à un autre, à qui il ne l'aurait pas entendu dire, mais qu'il saurait l'avoir voulu et pensé; s'il ne resserrerait pas en moins de mots le récit vrai d'une chose qu'il aurait exposée la première fois avec plus de détails; si enfin, par tout autre incident de ce genre qui puisse se ramener à des règles positives, on ne verrait pas clairement comment il peut arriver que, dans deux exposés faits sur le même sujet par deux personnes, ou même par un seul écrivain, il se trouve bien des choses différentes, mais non opposées; des variantes, et non des contradictions. C'est ainsi que se résolvent toutes les difficultés dans lesquelles ces malheureux s'enchevêtrent, pour conserver intérieurement leur esprit d'erreur, et repousser extérieurement tout moyen de salut.
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Ps. XXXIII, 6.
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Luc, VIII, 43-46.