Edition
Hide
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
13.
Et posuit dominus deus Cain signum, ne eum occidat omnis, qui invenerit. Hoc revera multum mirabile est, quemadmodum omnes gentes, quae a Romanis subiugatae sunt, in ritum Romanorum sacrorum transierint eaque sacrilegia observanda et celebranda susceperint, gens autem Iudaea sive sub paganis regibus sive sub christianis non amiserit signum legis suae, quo a ceteris gentibus populisque distinguitur; p. 342,10 et omnis imperator vel rex, qui eos in regno suo invenit, cum ipso signo eos invenit nec occidit, id est non efficit, ut non sint Iudaei, certo quodam et proprio suae observationis signo a ceterarum gentium communione discreti, nisi quicumque eorum ad Christum transierit, ut iam non inveniatur Cain nec exeat a facie dei nec habitet in terra Naim, id quod dicitur interpretari ‛commotio’, contra quod malum deus rogatur in psalmo: Ne dederis in motum pedes meos! et: manus peccatorum non moveant me! et: qui tribulant me, exultabunt, si motus fuero; et: dominus a dextris est mihi, ne commovear, et innumerabilia talia; quod patiuntur omnes, qui exeunt a facie dei, id est a misericorida dilectionis eius. p. 342,22 Unde dicitur in quodam psalmo: Ego dixi in abundantia mea, non movebor in aeternum; sed vide, quid sequitur: Domine, in voluntate tua praestitisti decori meo virtutem; avertisti autem faciem tuam et factus sum conturbatus. Unde intellegitur omnem animam participatione lucis dei, non per se ipsam, esse pulchram et decoram et virtute pollentem. Quod et isti Manichaei si considerarent et intellegerent, non in tantam blasphemiam caderent putando se esse naturam et substantiam dei. Sed ideo non possunt, quia non quiescunt; sabbatum enim cordis non intellegunt. Nam si quiescerent, sicut dictum est ad Cain, peccatum suum ad se converterent, id est sibi tribuerent, non genti nescio cui tenebrarum, atque ita per gratiam dei eidem peccato dominarentur. Nunc vero et ipsi et omnes, qui diversis erroribus contumaces resistendo veritati exeunt a facie dei, sicut Cain, sicut Iudaei perditi, habitant in terra commotionis, id est in perturbatione carnali contra iucunditatem dei, hoc est contra Eden, quod interpretantur epulationem, ubi est plantatus paradisus. p. 343,11 Iam cetera pauca de multis breviterque perstringam, ne propositum operis huius et responsionis meae nimia longitudine sermonis impediam.
Translation
Hide
Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XIII. .CONTINUATION DU PARALLÈLE ENTRE CAÏN ET LE PEUPLE JUIF. IMPIÉTÉ DES MANICHÉENS IMITATEURS DE CAÏN.
« Et le Seigneur mit un signe sur Caïn, afin que quiconque le trouverait ne le tuât pas[^6] ». C'est vraiment une chose prodigieuse que toutes les nations qui ont été subjuguées par les Romains, aient adopté la religion de ce peuple et embrassé son culte et ses rites sacrilèges; et que le peuple Juif soit sous des rois païens, soit sous des princes chrétiens, n'ait jamais perdu le signe de sa loi, qui le distingue de tous les autres peuples ; et que tout empereur ou roi qui les trouve dans ses Etats, les y trouve avec ce signe et ne les tue point, c'est-à-dire ne fait rien pour qu'ils ne soient plus juifs, séparés de la communion des autres nations par le signe certain et particulier de leur culte ; à moins que quelqu'un d'entre eux ne passe au Christ, pour cesser d'être Caïn, ne pas fuir la présence de Dieu et ne pas habiter la terre de Naïd, qui signifie, dit-on, ébranlement. C'est pour conjurer ce mal que le Psalmiste fait cette prière : « Ne permettez pas que mes pieds chancellent ! »; et encore : « Que les mains des pécheurs ne m'ébranlent pas[^2] ; mes oppresseurs triompheront si je suis ébranlé[^3] ; le Seigneur est à ma droite, pour que je ne sois pas ébranlé[^4] », et beaucoup d'autres passages de ce genre : mal qu'éprouvent tous ceux qui se soustraient à la présence de Dieu, c'est-à-dire à la miséricorde de son amour. Voilà pourquoi on lit dans le même psaume : « Et moi j'ai dit à l'heure de l'abondance : Je ne serai jamais ébranlé pour toujours ». Mais voyez ce qui suit : « Seigneur, il vous a plu de donner de la force à ma vertu ; puis vous avez détourné votre face et j'ai été troublé[^5]». On comprend ainsi que c'est par la participation à la lumière divine, et non par elle-même, que toute âme est belle, agréable et vertueuse. Si les Manichéens considéraient cela et le comprenaient, ils ne tomberaient pas dans une telle impiété que de se croire la nature et la substance de Dieu. Mais ils ne le peuvent pas, parce qu'ils ne sont pas en repos, car ils ne connaissent pas le sabbat du coeur. S'ils étaient en repos, ils tourneraient, comme on le disait à Caïn, leur péché contre eux-mêmes, c'est-à-dire ils se l'imputeraient, et non à je ne sais quel peuple des ténèbres; et ainsi, par la grâce de Dieu, ils domineraient ce même péché. Mais, en résistant à la vérité, ils fuient, eux et tous ceux qui s'obstinent dans diverses erreurs, ils fuient la présence de Dieu comme Caïn, comme les Juifs maudits; ils habitent la terre d'ébranlement, c'est-à-dire dans le trouble de la chair, qui est à l'opposite de la joie de Dieu, c'est-à-dire contre Eden[^7] (festin, selon les interprètes), là où est planté le paradis. Je ne dirai plus que peu de mots sur ce vaste sujet, pour ne pas prolonger outre mesure ma réponse et retarder la marche de cet ouvrage.
-
Gen. IV, 13,15.
-
Ps. LXV, 9.
-
Id. XXXV, 12.
-
Id. XII, 5.
-
Id. XXIX, 7, 3.
-
Id. XXIX, 7, 8.
-
Gen. IV, 16.