Übersetzung
ausblenden
Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VIII. LA VÉRITABLE ÉGLISE A SEULE L'INTELLIGENCE DE LA LOI.
Mais cette véritable épouse du Christ, à laquelle tu insultes avec une extrême impudence à l'occasion des deux tables de pierre, sait parfaitement la distance qu'il y a entre la lettre et l'esprit[^1], ou, en d'autres termes, entre la loi et la grâce; et comme elle sert Dieu dans la nouveauté de l'esprit, et non dans la vétusté de la lettre[^2], elle n'est plus sous la loi, mais sous la grâce. L'esprit de discussion ne l'aveugle pas; elle écoute humblement les paroles de l'Apôtre, pour bien comprendre ce qu'il appelle la loi, sous l'empire de laquelle il ne veut plus que nous soyons, parce qu'elle « a été établie à cause des transgressions, jusqu'à ce que vint le rejeton pour lequel a été faite la promesse[^3] » : et parce que « elle est survenue pour que le péché abondât; mais où le péché a abondé, la grâce a surabondé[^4] ». Et cependant il n'appelle pas péché cette même loi, qui, sans la grâce, ne vivifie pas: en effet, elle augmente plutôt la faute en y ajoutant la rébellion : « Car où il n'y a point de loi, il n'y a point de prévarication[^5] » ; et ainsi, par elle-même, quand elle est la lettre sans l'esprit, c'est-à-dire la loi sans la grâce, elle ne fait que des coupables; mais l'Apôtre se propose la question qui se présenterait aux moins éclairés, et il explique sa pensée en disant: « Que dirons-nous donc? La loi est-elle péché ? Point du tout : mais je n'ai connu le péché que par la loi ! Car je ne connaîtrais pas la concupiscence, si la loi n'eût dit: Tu ne convoiteras point. Or, prenant occasion du commandement, le péché m'a trompé et m'a tué par lui. Ainsi la loi est sainte, et le commandement saint, juste et bon. Ce qui est bon est donc devenu pour moi la mort? Loin de là; mais le péché, pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré pour moi la mort[^6] ». Voilà ce que comprend celle à qui tu insultes, parce qu'elle demande avec gémissements, qu'elle cherche avec humilité, qu'elle frappe avec douceur; et ainsi elle voit qu'on ne blâme point la loi, quand on dit: « La lettre tue, mais l'esprit a vivifie[^7] », pas plus qu'on ne blâme la science, quand on dit: « La science enfle, mais la charité édifie[^8] ». Car l'Apôtre avait déjà dit. « Nous savons tous que nous avons une science suffisante », après quoi il ajoute: « La science enfle, mais la charité édifie[^9] ». Pourquoi donc avait-il lui-même de quoi s'enfler, si ce n'est parce que la science unie à la charité, non-seulement n'enfle pas, mais affermit? Ainsi la lettre avec l'esprit, et la loi avec la grâce, ne s'appelle plus lettre et loi, dans le même sens que quand elles tuaient par elles-mêmes, le délit abondant. Aussi la loi a été appelée même « force du péché[^10] », parce qu'elle en augmentait la criminelle jouissance, par l'effet de ses défenses sévères. Et pourtant, même alors, elle n'était pas mauvaise ; « mais le péché, pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré la mort ». Ainsi, bien des choses sont nuisibles à quelques uns, sans être mauvaises par elles-mêmes. Vous-mêmes, par exemple, quand vous avez mal aux yeux, vous fermez les fenêtres au soleil, votre dieu. Donc cette épouse du Christ, déjà morte à la loi, c'est-à-dire au péché, que la défense de la loi rendait plus abondant (car la loi, sans la grâce, donne des ordres, mais non point de secours), morte, dis-je, à cette loi, afin d'appartenir à un autre qui est ressuscité des morts, fait toutes ces distinctions sans injurier la loi, ne voulant point blasphémer son auteur : ce que tu fais, toi, à l'égard de celui en qui tu ne sais pas reconnaître l'auteur du bien, quoique tu entendes l'Apôtre dire: « La loi est sainte et le commandement est saint, juste et bon ». Et voilà que l'auteur du bien est, selon toi, un des princes des ténèbres. Fais donc attention à la vérité, elle te saute aux yeux. Paul l'apôtre dit: « La loi est sainte et le commandement est saint, juste et bon ». Et son auteur est celui qui a d'abord envoyé, dans des vues profondes et mystérieuses, le diptyque dont tu te railles dans ta folie. Car cette même loi, donnée par Moïse, est devenue la grâce et la vérité par Jésus-Christ[^11], quand l'esprit s'est joint à la lettre, afin que la justice de la loi commençât à s'accomplir, elle qui jusque-là n'avait fait que des coupables par la rébellion. En effet, la loi sainte, juste et bonne, n'est pas différente de celle par laquelle le péché opère la mort, et à laquelle nous devons mourir pour appartenir à un autre qui est ressuscité des morts : c'est absolument la même. Continue et lis : « Mais le péché, pour paraître péché, a, par une chose bonne, opéré pour moi la mort, de sorte qu'il est devenu par le commandement une source extrêmement abondante de péché, ou péché par le commandement ». Sourde, écoute donc, aveugle, vois donc. « Il a », dit l'Apôtre, « par une chose bonne, opéré pour moi la mort ». Donc la loi est toujours bonne; soit que la grâce nuise à ceux qui sont vides, soit qu'elle profite à ceux qui sont rassasiés. Elle est toujours bonne; comme le soleil est toujours bon (parce que toute créature de Dieu est bonne[^12] ), soit qu'il nuise à des yeux malades, soit qu'il flatte agréablement des yeux sains. Or, ce que la santé est aux yeux pour voir le soleil, la grâce l'est aux esprits pour accomplir la loi. Et comme les yeux sains ne meurent pas à la jouissance du soleil, mais seulement à ces rayons piquants dont l'éclat les jetait dans des ténèbres plus épaisses, ainsi l'âme sauvée par la charité de l'esprit, n'est point déclarée morte à la justice de la loi, mais seulement à la faute et à la prévarication que la loi occasionnait par la lettre, quand la grâce manquait. C'est donc d'elle qu'on dit d'abord: « La loi est bonne, si on en use légitimement », et immédiatement après
« Reconnaissant que la loi n'est pas établie pour le juste[^13] » ; parce que celui qui jouit de la justice même, n'a plus besoin de la lettre qui effraie.
-
II Cor. II, 6.
-
Rom. VII, 6.
-
Gal. III, 19.
-
Rom. V, 20.
-
Id. IV, 15.
-
Rom. VII, 7-13.
-
II Cor. III, 6.
-
I Cor. VIII, 1.
-
Id.
-
Id. XV, 56.
-
Jean, I, 17.
-
I Tim. IV, 4.
-
1 Tim. I, 8, 9.
Edition
ausblenden
Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
8.
At ista vera sponsa Christi, cui de diptychio lapideo fronte impudentissima insultas, intellegit, quid distet inter litteram et spiritum, quae duo dicuntur alio modo lex et gratia, et non iam in vetustate litterae, sed in novitate spiritus deo serviens non est iam sub lege, sed sub gratia. Neque enim litigiosa caecatur, sed mitis intendit verbis apostoli, ut intellegat, quid appellet legem, sub qua nos iam non vult esse quia transgressionis gratia posita est, donec veniret semen, cui promissum est, et quia ideo subintravit, ut abundaret delictum; ubi autem abundavit delictum, superabundavit gratia. Nec ideo tamen eandem legem peccatum vocat, quia sine gratia non vivificat, - p. 432,18 auget enim potius reatum praevaricatione addita: Ubi enim lex non est, nec praevaricatio; et ideo per se ipsam, cum sola littera est sine spiritu, id est lex sine gratia, tantummodo reos facit - sed proponit sibi, quod putare minus intellegentes possent, et aperit, quid dicat, cum ait: Quid ergo dicemus? Lex peccatum est? Absit, sed peccatum non cognovi nisi per legem. Nam concupiscentiam nesciebam, nisi lex diceret:‛ Non concupisces’. Occasione itaque accepta peccatum per mandatum fefellit me et per illud occidit. Itaque lex quidem sancta et mandatum sanctum et iustum et bonum. Quod ergo bonum est, factum est mihi mors? Absit. Sed peccatum ut appareat peccatum, per bonum mihi operatum est mortem. p. 433,8 Haec ista, cui insultas, intellegit, quia gemens petit, quia humilis quaerit, quia mitis pulsat; et sic videt non reprehendi legem, cum dicitur: Littera occidit, spiritus autem vivificat, sicut non reprehenditur scientia, cum dicitur: Scientia inflat, caritas vero aedificat. Nam utique ipse dixerat: Scimus, quia omnes scientiam habemus, et tunc adiungit: Scientia inflat, caritas vero aedificat. Ut quid ergo habebat ipse, quo inflaretur, nisi quia cum caritate non solum non inflat scientia, sed etiam firmat? Ita littera cum spiritu et lex cum gratia iam non eo modo littera et lex appellatur, sicut per se ipsam cum occidit abundante delicto. Ita enim lex et virtus peccati dicta est, cum auget eius noxiam delectationem per severam prohibitionem. p. 433,21 Nec tamen etiam sic mala est, sed peccatum ut appareat peccatum, per bonum operatum est mortem. Ita multa quibusdam sunt noxia, quamvis non sint mala. Nam et vos cum oculos doletis, etiam contra deum vestrum solem fenestras clauditis. Haec igitur sponsa Christi, iam mortua legi, id est peccato, quod legis prohibitione fit abundantius, cum lex sine gratia iubet, non iuvat, tali ergo legi mortua, ut sit alterius, qui ex mortuis resurrexit, discernit ista sine legis iniuria, ne sacrilegium committat in eius auctorem. Quod tu facis in eum, quem non intellegis auctorem boni, cum audias apostolum dicentem: Itaque lex quidem sancta et mandatum sanctum et iustum et bonum. Ecce auctor boni est, qui tibi videtur unus ex principibus tenebrarum. Attende veritatem, ferit tibi oculos. p. 434,6 Ecce Paulus apostolus dicit: Lex quidem sancta et mandatum sanctum et iustum et bonum. Ecce, cuius auctor est, qui diptychium illud, quod stulta irrides, in magni sacramenti dispensatione praemisit. Eadem quippe lex, quae per Moysen data est, gratia et veritas per Iesum Christum facta est, cum accessit litterae spiritus, ut inciperet impleri iustitia legis, quae non impleta reos etiam praevaricatione faciebat. Neque enim alia lex est sancta et iusta et bona, et alia, per quam peccatum mortem operatur, cui mori nos oportet, ut simus alterius, qui ex mortuis resurrexit, sed eadem ipsa est. Ecce sequere, lege: sed peccatum inquit ut appareat peccatum , per bonum mihi est operatum mortem, ut fiat supra modum peccator aut peccatum per mandatum. p. 434,20 Surda, caeca, audi, vide. Per bonum inquit mihi operatum est mortem. Ergo lex semper bona est, sive obsit inanibus gratia, sive prosit plenis gratia. Semper est bona, sicut sol semper est bonus, quia omnis creatura dei bona est, sive dolentibus oculis noceat, siue sanos mulceat. Proinde quod est oculis sanitas ad videndum solem, hoc est gratia mentibus ad implendam legem. Et sicut oculi sani non solis delectationi moriuntur, sed illis ictibus asperis radiorum, quibus reverberati in densiores tenebras pellebantur, sic anima, quae per caritatem spiritus salva facta est, non iustitiae legis mortua dicitur, sed illi reatui et praevaricationi, quam lex per litteram, cum gratia defuit, faciebat. p. 435,4 Itaque de illa utrumque dicitur et: Bona est lex, si quis ea legitime utatur et quod sequitur: Sciens hoc, quia iusto lex non est posita, quia non opus habet terrente littera, quem delectat ipsa iustitia.