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Werke Augustinus von Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE III. COMMENT SAINT JOSEPH A PU AVOIR DEUX PÈRES.

Toute la question se résume à savoir comment Joseph a pu avoir deux pères. Une fois cette possibilité démontrée, il n'y a plus de raison d'accuser aucun évangéliste de fausseté, pour avoir établi différentes généalogies. D'abord, en supposant deux pères, rien d'étonnant ni de contradictoire qu'il y ait deux aïeuls, et ainsi de suite deux lignes divergentes d'ancêtres en remontant jusqu'à David, lequel avait pour fils Salomon, qui appartient à la ligne suivie par saint Matthieu, et pour autre fils Nathan, qui appartient à la ligné adoptée par saint Luc. Frappés de ce fait, certains esprits regardent comme impossible que deux hommes puissent engendrer un autre homme par le commerce charnel, et ils en concluent que la question présente est insoluble. Ils né remarquent pas que, d'après l'usage le plus fréquent et le plus répandu, le nom de père se donne, non-seulement à celui qui engendre, mais encore à celui qui adopte quelqu'un.

L'adoption était tellement entrée dans les moeurs de l'antiquité, que nous voyons des femmes même adopter des enfants issus d'un autre sein. Ainsi Sara adopte les enfants d'Agar[^1]; Lia ceux de sa servante[^2] ; la fille de Pharaon adopte Moïse[^3]; Jacob lui-même adopte ses petits-fils, enfants de Joseph[^4]. Ce nom même d'adoption joue un très-grand rôle dans le mystère de notre foi, comme l'attestent les écrits des Apôtres. Saint Paul, parlant des mérites des Juifs : « C'est à eux, dit-il, qu'appartiennent l'adoption, la gloire, le Testament et la loi; ce sont eux qui ont les patriarches pour pères, et desquels est sorti, selon la chair, Jésus-Christ même, qui est le Dieu élevé au-dessus de tout, et béni dans tous les siècles[^5] ». — « Nous gémissons en nous-mêmes», avait-il dit auparavant, « soupirant après l'adoption des enfants de Dieu, qui sera la rédemption de nos corps[^6] ». — « Lorsque le temps a été accompli », ajoute-t-il ailleurs, « Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, et assujéti à la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, et pour nous faire recevoir l'adoption des enfants[^7] ». Ces témoignages, et d'autres semblables, montrent assez quel profond mystère renferme cette adoption. Dieu n'a qu'un Fils unique qu'il a engendré de sa substance, et dont il est dit, qu'« ayant la forme et la nature de Dieu, il n'a pas cru que ce fût en lui une usurpation de se dire égal à Dieu[^8] ». Pour nous, il ne nous a point engendrés de sa substance: nous ne sommes que de pures créatures qu'il a, non engendrées, mais créées; et c'est pourquoi il nous a adoptés pour nous faire devenir, selon sa manière, les frères de Jésus Christ. Or, c'est le mode par lequel Dieu nous a engendrés par sa parole et par sa grâce, pour que nous fussions ses enfants, après que nous avions déjà été, non pas engendrés, mais créés et formés par lui ; c'est ce mode, dis-je, que nous appelons adoption. Ce qui a fait dire à saint Jean : « Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu[^9]». Le droit d'adoption ayant donc été en usage parmi nos pères et dans l'Ecriture sainte, quelle impiété et quelle folie de commencer par accuser de fausseté les évangélistes, pour avoir dressé des généalogies différentes, comme si elles ne pouvaient être vraies en même temps, avant de réfléchir, de considérer et de se convaincre, comme il est si facile, que d'après la coutume la plus universellement admise, le même homme peut avoir deux pères, l'un qui l'ait engendré de sa chair, et l'autre qui l'ait adopté pour son fils, par une disposition particulière de sa volonté? Si le none de père ne convient pas à ce dernier, nous n'avons pas non plus le droit de dire: « Notre Père, qui êtes aux cieux», à Celui qui ne nous a point engendrés de sa substance, mais qui, d'après l'enseignement des Apôtres et la règle infaillible de la vérité, nous a adoptés par sa grâce et par sa très-miséricordieuse volonté. Car nous le connaissons et pour Dieu, et pour Seigneur, et pour Père ; pour Dieu, parce que, bien qu'issus de nos parents selon la chair, nous avons été formés par lui ; pour Seigneur, parce que nous sommes soumis à sa puissance; pour Père, parce que nous avons reçu dans son adoption une nouvelle naissance.

Il était donc facile à ces hommes, qui apportaient un zèle religieux à l'étude des divines Lettres, de découvrir, avec la plus simple attention, dans les différentes générations du Christ, telles que les rapportent les deux évangélistes, comment Joseph a pu avoir deux pères, issus chacun d'une ligne divergente. Vous le verriez assurément vous-mêmes, si l'esprit de chicane ne vous aveuglait. En interprétant les diverses parties de ce récit des évangélistes, ces hommes y ont cherché et découvert bien d'autres mystères encore; mais ces mystères sont entièrement hors de la portée de votre intelligence. Toutefois, malgré l'erreur dans laquelle vous êtes, et sans cet esprit d'opposition avec lequel vous lisez l'Evangile, la moindre réflexion suffirait pour vous faire reconnaître un fait passé en usage dans la vie commune, savoir, qu'un homme peut, par un acte de sa volonté, adopter un enfant engendré par un autre, et qu'ainsi le même homme peut avoir deux pères.

  1. Gen. XVI, 2.

  2. Id. XXX, 9-13.

  3. Ex. II, 9, 10.

  4. Gen. XLVIII, 5.

  5. Rom. IX, 4, 5.

  6. Id. VIII, 23.

  7. Gal, IV, 4, 5.

  8. Philip. II, 6.

  9. Jean. I, 12.

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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

3.

Nempe tota in hoc quaestio est, quomodo potuerit duos patres habere Ioseph. Hoc enim si potuisse fieri demonstratur, nulla omnino causa est, cur quisquam istorum evangelistarum in diversis generationibus enumerandis falsum dixisse credatur. p. 263,18 A duobus enim patribus iam non erit mirum neque contrarium, quod et avi duo et atavi et proavi esse potuerunt et quicquid supra est usque ad David, cuius erant ambo filii, et Salomon, qui pertinet ad ordinem, quem Matthaeus secutus est, et Nathan, qui est in serie, quam Lucas exposuit.

Attendunt enim ista nonnulli et vident non posse a duobus uiris per commixtionem carnis hominem gigni et ideo putant istam quaestionem non posse dissolvi.

Nec intuentur, quod usitatissimum atque facillimum est, patrem cuiusquam non eum tantum dici, a quo genitus, sed etiam eum, a quo fuerit adoptatus.

Neque enim adoptionis vinculum apud antiquos alienum ab eorum moribus fuit, cum etiam feminas inveniamus adoptasse sibi filios non ex utero suo natos, sicut Sara ex Agar et Lia ex ancilla sua et filia Pharaonis Moysen adoptavit. p. 264,5 Ipse autem Iacob nepotes suos, filios Ioseph, adoptavit. Ipsum vero adoptionis nomen plurimum ualere in nostrae fidei sacramento apostolica doctrina testatur.

Unde apostolus Paulus cum de Iudaeorum meritis loqueretur, quorum est inquit adoptio et gloria et testamenta et legislatio; quorum patres, et ex quibus Christus secundum carnem, qui est super omnia deus benedictus in saecula;

item dicit: et ipsi in nobismet ipsis ingemescimus adoptionem exspectantes redemptionem corporis nostri; item alio loco: cum autem venit plenitudo temporis, misit deus filium suum factum ex muliere, factum sub lege, ut eos, qui sub lege erant, redimeret, ut adoptionem filiorum reciperemus.

Haec igitur adoptio quanti sacramenti sit, his atque huiusmodi testimoniis satis apparet.

Unicum enim filium deus habet, quem genuit de substantia sua, de quo dicitur: Cum in forma dei esset, non rapinam arbitratus est esse aequalis deo. p. 264,21 Nos autem non de substantia sua genuit; creatura enim sumus, quam non genuit, sed fecit; et ideo, ut fratres Christi secundum modum nostrum faceret, adoptavit.

Iste itaque modus, quo nos deus, cum iam essemus ab ipso non nati, sed conditi et instituti, verbo suo et gratia sua genuit, ut filii eius essemus, adoptio vocatur.

Unde Iohannes dicit: Dedit eis potestatem filios dei fieri. Cum igitur ius adoptionis filiorum apud patres nostros et in scripturis sanctis usitatum sit, quae impietatis dementia praecipitat prius evangelistas falsitatis arguere, quod diversas generationes commemoraverunt, tamquam utraque vera esse non possit, quam cogitare et attendere et videre, quod facillimum est, quam crebra consuetudine generis humani unus homo duos patres habere potuerit, unum, cuius carne homo sit genitus, alterum, cuius voluntate, cum iam homo esset, filius sit adoptatus? p. 265,8

Qui si non recte dicitur pater, nec nos recte dicimus: Pater noster, qui es in caelis, ei, de cuius substantia nati non sumus, sed cuius gratia et misericordissima voluntate adoptati secundum doctrinam apostolicam et fidelissimam veritatem.

Ipsum quippe habemus et deum et dominum et patrem: deum, quod ab ipso etiam ex hominibus parentibus conditi sumus; dominum, quod ei subditi sumus; patrem, quod eius adoptione renati sumus.

Facile fuit ergo religiosis perscrutatoribus divinarum litterarum aliquantulum considerare et videre in diversis Christi generationibus a duobus evangelistis commemoratis, quomodo duos patres potuit habere Ioseph, quorum progeneratores diversi enumerentur. Hoc et vos, si studium contentionis non excaecaret, facile videre possitis.

Sed ab illis viris alia etiam quaesita et inventa sunt, cum omnes harum narrationum partes pertractarent; haec autem a vestro intellectu longissime remota sunt. Itaque etiam in Manichaei errore constituti, id quod in rebus humanis fieri solet, ut alius carne generet filium, alius eum voluntate adoptet, ac sic unus duos patres habeat, si non adverso animo legeretis, cogitando videre possetis. p. 266,1

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