Translation
Hide
Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XXVIII. LE SABBAT ÉTAIT UNE FIGURE. QUESTION IRONIQUE ADRESSÉE AUX MANICHÉENS.
Quant à ce que tu dis, à propos du sabbat; de la circoncision, de la distinction des aliments, que la tradition de Moïse différait de l'enseignement donné par le Christ à ses disciples, je t'ai déjà démontré que, suivant la parole de l'Apôtre, « toutes ces choses ont été des figures de ce qui nous regarde[^3]». La doctrine n'est donc point différente; mais les temps seuls ne sont pas les mêmes. Autre, en effet, le temps où il fallait que ces choses fussent annoncées en figures par les prophéties, autre celui où elles ont dû être accomplies par la vérité révélée et rendue au monde. Mais qu'y a-t-il d'étonnant à ce que les Juifs, ayant l'idée charnelle du Sabbat, aient repoussé le Christ qui leur en donnait le sens spirituel ? Réponds, si tu le peux, à l'Apôtre gui atteste que le repos de ce jour était l'ombre de l'avenir[^1]. Mais si les Juifs ont résisté au Christ, faute de comprendre le vrai sabbat, ne lui résistez pas, vous, et comprenez ce que c'est que la vraie innocence. Car, dans ce même endroit, où Jésus paraît surtout avoir voulu détruire le sabbat, ses disciples, passant à travers des moissons et pressés par la faim, arrachèrent des épis pour manger. Le Sauveur les déclara innocents, en répondant aux Juifs : « Si vous compreniez ce que signifie : Je veux la miséricorde et non le sacrifice, vous n'eussiez jamais condamné des innocents[^2]». En effet, ils auraient dû avoir pitié de gens pressés parla faim et ne cédant qu'à la nécessité. Mais chez vous, tout homme qui arrache des épis, est regardé comme homicide, non d'après la tradition du Christ qui déclare cet acte innocent, mais d'après celle de Manès. Ou bien les Apôtres auraient-ils fait preuve de miséricorde envers ces épis, en se proposant de purifier, en les mangeant, les membres de votre dieu, conformément à vos rêveries ? Vous êtes donc cruels, vous qui ne faites pas cela. Mais Fauste a sa manière de détruire le sabbat, lui qui sait que la vertu de Dieu opère toujours et sans se lasser. Permis de dire cela à ceux qui comprennent que Dieu crée tous les temps, sans qu'il y ait succession dans sa volonté. Mais c'est difficile pour vous qui nous représentez votre dieu comme arraché à son repos par la révolte du peuple des ténèbres et troublé par une subite attaque des ennemis. Ou bien, prévoyant ces faits de toute éternité, n'a-t-il jamais goûté le repos, n'ayant point de sécurité, et préoccupé de la guerre terrible qu'il devait soutenir au risque de voir endommagés et détruits un si grand nombre de ses membres ?
-
I Cor. X, 6.
-
Col. II, 16,17.
-
Matt. XII, 7.
Translation
Hide
Reply to Faustus the Manichaean
28.
Regarding the Sabbath and circumcision, and the distinction in foods, in which you say the teaching of Moses differs from what Christians are taught by Christ, we have already shown that, as the apostle says, "all those things were our examples." 1 The difference is not in the doctrine, but in the time. There was a time when it was proper that these things should be figuratively predicted; and there is now a different time when it is proper that they should be openly declared and fully accomplished. It is not surprising that the Jews, who understood the Sabbath in a carnal sense, should oppose Christ, who began to open up its spiritual meaning. Reply, if you can, to the apostle, who declares that the rest of the Sabbath was a shadow of something future. 2 If the Jews opposed Christ because they did not understand what the true Sabbath is, there is no reason why you should oppose Him, or refuse to learn what true innocence is. For on that occasion when Jesus appears especially to set aside the Sabbath, when His disciples were hungry, and pulled the ears of corn through which they were passing, and ate them, Jesus, in replying to the Jews, declared His disciples to be innocent. "If you knew," He said "what this meaneth, I will have mercy, and not sacrifice, you would not have condemned the innocent." 3 They should rather have pitied the wants of the disciples, for hunger forced them to do what they did. But pulling ears of corn, which is innocence in the teaching of Christ, is murder in the teaching of Manichaeus. Or was it an act of charity in the apostles to pull the ears of corn, that they might in eating set free the members of God, as in your foolish notions? Then it must be cruelty in you not to do the same. Faustus' reason for setting aside the Sabbath is because he knows that God's power is exercised without cessation, and without weariness. It is for those to say this, who believe that all times are the production of an eternal act of God's will. But you will find it difficult to reconcile this with your doctrine, that the rebellion of the race of darkness broke your god's rest, which was also disturbed by a sudden attack of the enemy; or perhaps God never had rest, as he foresaw this from eternity, and could not feel at ease in the prospect of so dire a conflict, with such loss and disaster to his members.