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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XXXI. LE CHRIST NE L'A PAS MAINTENUE NI OBSERVÉE LUI-MÈNE. CE N'EST PAS CE QUI ENTRE DANS LA BOUCHE QUI SOUILLE L'HOMME, MAIS CE QUI EN SORT.
Tu dis encore que « le Christ a enseigné que tous les aliments sont indifférents, de manière cependant à interdire à ses disciples l'usage de toute espèce de viande, mais à permettre aux gens du peuple tout ce qui peut se manger; qu'il a déclaré que rien de ce qui entre dans la bouche ne peut les souiller, parce que les choses mauvaises qui sortent de la bouche peuvent seules souiller l'homme[^1] ». Voilà tes paroles, d'autant plus impudentes, qu'elles sont plus clairement et plus ouvertement mensongères. Et d'abord, si, selon la doctrine du Christ, rien ne souille l'homme que les choses mauvaises qui sortent de sa bouche, pourquoi ne s'en est-on pas tenu là aussi avec les disciples du Christ, et a-t-il fallu leur interdire l'usage des viandes, comme si elles étaient immondes ? N'est-il pas vrai que les gens du siècle ne sont point souillés par ce qui entre dans la bouche, mais seulement par ce qui en sort ? Ils sont donc mieux garantis contre l'impureté que les saints, puisque ceux-ci peuvent être souillés par ce qui entre dans la bouche et par ce qui en sort. Mais je voudrais bien que nos adversaires me disent ce qua mangeait et buvait le Christ, lui qui se dit mangeant et buvant, en comparaison de Jean qui ne mangeait ni ne buvait ? En effet, condamnant la malice des hommes qui cherchaient à les calomnier tous deux, il s'exprime ainsi : « Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il est démoniaque; le Fils de l'homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : « Voilà un homme de bonne chère et adonné au vin, ami des publicains et des pécheurs[^2] ». Du reste nous savons ce que Jean mangeait et buvait; car on ne dit pas qu'il ne bût absolument rien, mais seulement qu'il ne buvait ni vin ni bière[^3]; il buvait donc de l'eau. Il ne s'abstenait point non plus de toute nourriture; mais il mangeait des sauterelles et du miel sauvage a. Pourquoi donc dit-on de lui : « Ne mangeant ni ne buvant », sinon parce qu'il s'abstenait des aliments en usage chez les Juifs ? Mais si le Seigneur s'en était aussi abstenu, il ne se fût point dit « mangeant et buvant», en comparaison de Jean. Serait-ce, par hasard, parce que le Seigneur usait de pain et de légumes, dont Jean s'abstenait? Je m'étonnerais alors qu'on dit « ne mangeant pas », d'un homme qui mange des sauterelles et du miel; et qu'on appelât « mangeant » celui qui se contente de pain et de légumes. Du reste pensez de la nourriture ce que bon vous semblera; mais certainement on n'eût point appelé le Christ « buvant et adonné au vin », s'il n'eût pas bu de vin; pourquoi donc déclarez-vous le vin immonde? Car ce n'est pas par un motif de pénitence et de mortification corporelle que vous défendez ces choses, mais parce qu'elles sont immondes; vous les regardez, en effet, comme des ordures, comme le fiel du peuple des ténèbres, contre l'avis de l'Apôtre, qui nous dit : « Tout est pur pour ceux qui sont purs[^4] ». Et voilà les gens qui osent dire que le Christ, tout en déclarant les aliments indifférents, a cependant défendu à ses disciples ceux qu'ils regardent comme immondes ! Imposteurs, méchants que vous êtes, mais aveuglés parla providence du Dieu vengeur, jusqu'à nous fournir des arguments pour vous confondre, montrez-nous donc où le Seigneur a interdit ces aliments à ses disciples. Je souffrirai violence en moi-même, tant que je n'aurai pas cité et examiné en entier tout le chapitre que Fauste a essayé d'opposer à Moïse, afin de démontrer la fausseté de ce qu'Adimantus le premier, et Fauste après lui, ont avancé, à savoir: que le Seigneur Jésus a interdit à ses disciples l'usage de la viande, et l'a permis indistinctement aux gens du monde[^5]. Après avoir répondu aux Juifs, qui incriminaient ses disciples pour avoir mangé sans se laver les mains, le Sauveur continue : « Puis ayant appelé à lui le peuple, il leur dit : Ecoutez et comprenez. Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l'homme. Alors ses disciples s'approchant lui dirent: Savez-vous que les Pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés? » Interpellé ainsi par ses disciples, il a sans doute dû, comme le veulent les Manichéens, leur déclarer formellement qu'ils devaient s'abstenir de toute viande, pour paraître confirmer ce qu'il avait dit plus haut à la foule : « Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais ce qui sort de la bouche». Que l'évangéliste continue donc et nous dise ce que le Seigneur a répondu, non plus à la foule, mais à ses disciples: « Mais lui, répondant, leur dit : Toute plante que mon Père céleste n'a point plantée, sera arrachée. Laissez-les; ils sont aveugles et conducteurs d'aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous deux dans une fosse ». Et cela certainement parce que, voulant maintenir leurs traditions, ils ne comprenaient pas les commandements de Dieu. Mais, jusque-là, les Apôtres n'avaient pas encore demandé à leur Maître comment ils devaient entendre ce qu'il avait dit à la foule. Ils le font; et l'évangéliste poursuit son récit : « Prenant alors la parole, Pierre lui dit : Expliquez-nous cette parabole ». Par là nous voyons que Pierre était convaincu que le Seigneur n'avait point parlé dans le sens propre ni expliqué clairement sa pensée, quand il disait : « Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme, mais ce qui sort de la bouche » ; mais qu'il avait voulu, selon son usage, insinuer quelque chose sous le voile de la parabole. Voyons donc, si, interrogé en particulier par ses disciples, il leur répondra dans le sens des Manichéens, que toute chair est immonde, et qu'ils ne doivent toucher à aucune. Mais quoi? il leur reproche de n'avoir pas saisi la signification si claire de ses paroles et d'avoir pris pour une parabole ce qui devait s'entendre dans le sens propre. Car voici la suite du texte: « Mais il leur répondit : Et vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ? ne comprenez-vous point que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre et est rejeté en un lieu secret; mais que ce qui sort de la bouche vient du coeur, et que c'est là ce qui souille l'homme? Car du coeur viennent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes : c'est là ce qui souille l'homme; mais manger sans s'être lavé les mains ne souille point l'homme[^6] ».
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Matt. XI, 18, 19.
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Luc, I, 25.
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Matt. III, 4.
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Tit. I, 15.
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Voyez le livre contre Adimantus, ch. XV.
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Matt. XV, 10-20.
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Reply to Faustus the Manichaean
31.
You follow Adimantus in saying that Christ made no distinction in food, except in entirely prohibiting the use of animal food to His disciples, while He allowed the laity to eat anything that is eatable; and declared that they were not polluted by what enters into the mouth, but that the unseemly things which come out of the mouth are the things which defile a man. These words of yours are unseemly indeed, for they express notorious falsehood. If Christ taught that the evil things which come out of the mouth are the only things that defile a man, why should they not be the only things to defile His disciples, so as to make it unnecessary that any food should be forbidden or unclean? Is it only the laity that are not polluted by what goes into the mouth, but by what comes out of it? In that case, they are better protected from impurity than the saints, who are polluted both by what goes in and by what comes out. But as Christ, comparing Himself with John, who came neither eating nor drinking, says that He came eating and drinking, I should like to know what He ate and drank. When exposing the perversity which found fault with both, He says: "John came neither eating nor drinking; and ye say, He hath a devil. The Son of man cometh eating and drinking; and ye say, Behold a glutton and a wine-bibber, a friend of publicans and sinners." 1 We know what John ate and drank. For it is not said that he drank nothing, but that he drank no wine or strong drink; so he must have drunk water. He did not live without food, but his food was locusts and wild honey. 2 When Christ says that John did not eat or drink, He means that he did not use the food which the Jews used. And because the Lord used this food, He is spoken of, in contrast with John, as eating and drinking. Will it be said that it was bread and vegetables which the Lord ate, and which John did not eat? It would be strange if one was said not to eat, because he used locusts and honey, while the other is said to eat simply because he used bread and vegetables. But whatever may be thought of the eating, certainly no one could be called a wine-bibber unless he used wine. Why then do you call wine unclean? It is not in order to subdue the body by abstinence that you prohibit these things, but because they are unclean, for you say that they are the poisonous filth of the race of darkness; whereas the apostle says, "To the pure all things are pure." 3 Christ, according to this doctrine, taught that all food was alike, but forbade His disciples to use what the Manichaeans call unclean. Where do you find this prohibition? You are not afraid to deceive men by falsehood; but in God's righteous providence, you are so blinded that you provide us with the means of refuting you. For I cannot resist quoting for examination the whole of that passage of the Gospel which Faustus uses against Moses; that we may see from it the falsehood of what was said first by Adimantus, and here by Faustus, that the Lord Jesus forbade the use of animal food to His disciples, and allowed it to the laity. After Christ's reply to the accusation that His disciples ate with unwashen hands, we read in the Gospel as follows: "And He called the multitude, and said unto them, Hear and understand. Not that which goeth into the mouth defileth a man: but that which cometh out of the mouth, this defileth a man. Then came His disciples, and said unto Him, Knowest Thou that the Pharisees were offended after they heard this saying?" Here, when addressed by His disciples, He ought certainly, according to the Manichaeans, to have given them special instructions to abstain from animal food, and to show that His words, "Not that which goeth into the mouth defileth a man, but that which goeth out of the mouth," applied to the multitude only. Let us hear, then, what, according to the evangelist, the Lord replied, not to the multitude, but to His disciples: "But He answered and said, Every plant which my heavenly Father hath not planted shall be rooted up. Let them alone: they be blind leaders of the blind. And if the blind lead the blind, both shall fall into the ditch." The reason of this was, that in their desire to observe their own traditions, they did not understand the commandments of God. As yet the disciples had not asked the Master how they were to understand what He had said to the multitude. But now they do so; for the evangelist adds: "Then answered Peter and said unto Him, Declare unto us this parable." This shows that Peter thought that when the Lord said, "Not that which goeth into the mouth defileth a man, but that which goeth out of the mouth," He did not speak plainly and literally, but, as usual, wished to convey some instruction under the guise of a parable. When His disciples, then, put this question in private, does He tell them, as the Manichaeans say, that all animal food is unclean, and that they must never touch it? Instead of this, He rebukes them for not understanding His plain language, and for thinking it a parable when it was not. We read: "And Jesus said, Are ye also yet without understanding? Do not ye yet understand, that whatsoever entereth in at the mouth goeth into the belly, and is cast out into the drought? But those things which proceed out of the mouth come forth from the heart, and they defile the man. For out of the heart proceed evil thoughts, murders, adulteries, fornications, thefts, false witness, blasphemies. These are the things which defile a man: but to eat with unwashen hands defileth not a man." 4