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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XI. QUESTIONS AUX MANICHÉENS SUR JÉSUS PASSIBLE. ABSURDITÉS DE LEUR DOCTRINE.
Mais que dire de ceci : « La terre fécondée par la force du Saint-Esprit et par son influence spirituelle, conçoit et enfante Jésus sujet à la souffrance, qui, supendu à tout bois, est « la vie et le salut des hommes ? » O insensé ! quoi ! (pour ne pas entrer maintenant en discussion sur cette absurdité) quoi ! la terre fécondée par l'Esprit-Saint a pu concevoir Jésus sujet à la souffrance, et la vierge Marie ne l'a pas pu ? Compare, si tu l'oses, les entrailles d'une vierge, si chastes, si saintes, avec tous les lieux de la terre, capables de produire des arbres et des plantes. Cette femme, ce sein consacré à la pudeur, t'inspirent-ils donc une si grande horreur, vraie ou feinte? Et tu n'en /éprouves aucune à penser que Jésus a pu être enfanté par des eaux d'égouts dans tous les jardins qui entourent nos villes? Quelles sont, en effet, les eaux fangeuses qui ne produisent et ne développent d'innombrables végétaux ? Et c'est de là, selon vous, qu'est né ce Jésus passible, que l'on ne peut, selon vous encore, sans indignité faire naître d'une vierge ? Si vous regardez la chair comme immonde, pourquoi ne trouvez- vous pas plus immonde encore ce qu'elle rejette naturellement pour se maintenir saine ? Quoi ! la chair est immonde et ses excréments ne le sont pas? Ne faites-vous donc pas attention, ne voyez-vous pas comme les campagnes se trouvent bien du fumier qui les fertilise et les féconde? Car votre folie revient à dire que cet Esprit-Saint qui a, dites-vous, dédaigné les entrailles d'une vierge, féconde la terre d'autant plus richement, d'autant plus généreusement, qu'elle a été mieux engraissée par les ordures sorties de la chair. Pour justifier ces conséquences, direz-vous que l'Esprit-Saint, présent partout, ne contracte aucune souillure? On vous répond : Pourquoi excepter le sein d'une vierge ? Mais passons sur la conception et voyons l'enfantement: vous dites que la terre, ayant conçu du Saint-Esprit, enfante Jésus passible ; mais ce Jésus, vous le dites souillé et suspendu à tout bois, dans les fruits, de manière à être encore souillé davantage par les chairs des innombrables animaux qui se nourrissent de ces fruits, et à ne pouvoir être purifié que dans la partie où votre appétit vient à son aide. Ainsi donc, nous croyons de coeur, nous confessons débouche le Christ Fils de Dieu, Verbe de Dieu, revêtu d'une chair sans souillure, parce que la chair ne peut souiller une substance que rien ne saurait souiller ; et vous, vous prétendez dans vos rêves que Jésus suspendu à l'arbre est déjà souillé avant même d'entrer dans la chair de celui qui mange le fruit : car, s'il n'était pas souillé, comment le purifieriez-vous en mangeant ? Ensuite comme vous prétendez que tout arbre est sa croix, puisque Fauste le dit « suspendu à tout bois », pourquoi, à l'exemple de Joseph d'Arimathie qui fit la bonne oeuvre de descendre de la croix le vrai Jésus pour l'ensevelir[^1], pourquoi ne cueillez-vous pas les fruits des arbres, pour ensevelir dans votre estomac Jésus descendu de la croix? Comment est-ce un acte de piété de mettre Jésus au sépulcre, et un acte d'impiété de le descendre du bois? Serait-ce pour qu'on vous applique les paroles que l'Apôtre emprunte au prophète : « Leur gosier est un sépulcre ouvert[^2]», que vous attendez, bouche béante, qu'on vous introduise le Christ dans la gorge comme dans le tombeau le plus digne? Enfin, dites-nous combien vous prétendez qu'il y a de christs. Ce Christ passible que la terre conçoit du Saint-Esprit, qui n'est pas seulement suspendu à tout bois, mais étendu même sur l'herbe, est-il différent de celui que les Juifs ont crucifié sous Ponce-Pilate ? Y en a-t-il un troisième partagé entre le soleil et la lune? Ou bien est-ce le même, un Christ unique, en partie enchaîné dans les arbres, en partie libre, et venant, par la partie libre, en aide à la partie captive et enchaînée ? S'il en est ainsi, comme vous prétendez que celui qui a souffert sous Ponce-Pilate (il a existé, vous en convenez) n'avait pas de chair, sans m'occuper encore de savoir comment il a pu, sans chair, subir une pareille mort, je vous demande seulement à qui il a laissé ces vaisseaux, avant d'en descendre pour souffrir des traitements qui ne peuvent avoir lieu que dans un corps quelconque? Comme esprit, il ne pouvait en aucune façon les endurer ; comme corps, il ne pouvait être tout à la fois dans le soleil, dans la lune et sur la croix. Par conséquent, s'il n'a pas eu de corps, il n'a pas été crucifié; et s'il en a eu un, je demande où il l'a pris, puisque vous prétendez que tous les corps proviennent du peuple des ténèbres, bien que vous ne puissiez concevoir la nature divine que comme une substance matérielle. Vous êtes donc forcés ou de dire qu'il a été crucifié sans corps, ce qui est le comble de l'absurdité et de la démence ; ou de dire qu'on a vu un fantôme sur la croix, plutôt qu'un vrai crucifié, ce qui est l'excès de l'impiété ; ou que tous les corps ne proviennent pas du peuple des ténèbres, mais que la divine substance est un corps qui n'est pas immortel, mais qui peut être crucifié et mis à mort, ce qui n'est pas moins insensé ; ou que le Christ a reçu un corps mortel du peuple des ténèbres, en sorte que vous ne redoutiez pas de le voir tenir des démons ce que vous redoutez de lui voir prendre dans le sein de Marie, la Vierge Mère. Enfin, puisque selon la pensée de Fauste résumant en ce peu de mots l'interminable fatras de vos rêveries : « La terre conçoit du Saint-Esprit et enfante Jésus sujet à la souffrance, qui, suspendu à tout bois, est la vie et le salut des hommes », pourquoi ce Sauveur est-il suspendu comme doit l'être tout ce qui est suspendu et ne naît-il pas comme doit naître tout ce qui naît ? Mais si vous dites que Jésus est dans les arbres, que Jésus a été crucifié sous Ponce-Pilate, que Jésus est partagé entre le soleil et la lune, parce que tout cela ne forme qu'une seule et même substance pourquoi n'enfermez-vous pas vos milliers de dieux sous cette unique dénomination ? Pourquoi le Porte-lumière, l'Atlas, le roi de l'honneur, l'esprit puissant, le premier homme, tous ces êtres sans nombre à qui vous assignez des noms et des offices différents, ne sont-ils pas aussi Jésus ?
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Jean, XIX, 38.
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Ps. V, 11; Rom. III, 13.
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Reply to Faustus the Manichaean
11.
But what are we to make of these words of Faustus: The Holy Spirit, by his influence and spiritual infusion, makes the earth conceive and bring forth the mortal Jesus, who, as hanging from every tree, is the life and salvation of men? Letting pass for a moment the absurdity of this statement, we observe the folly of believing that the mortal Jesus can be conceived through the power of the Holy Spirit by the earth, but not by the Virgin Mary. Dare you compare the holiness of that chaste virgin's womb with any piece of ground where trees and plants grow? Do you pretend to look with abhorrence upon a pure virgin, while you do not shrink from believing that Jesus is produced in gardens watered by the filthy drains of a city? For plants of all kinds spring up and are nourished in such moisture. You will have Jesus to be born in this way, while you cry out against the idea of His being born of a virgin. Do you think flesh more unclean than the excrements which its nature rejects? Is the filth cleaner than the flesh which expels it? Are you not aware how fields are manured in order to make them productive? Your folly comes to this, that the Holy Spirit, who, according to you, despised the womb of Mary, makes the earth conceive more fruitfully in proportion as it is carefully enriched with animal off-scourings. Do you reply that the Holy Spirit preserves His incorruptible purity everywhere? I ask again, Why not also in the virgin's womb? Passing from the conception, you maintain in regard to the mortal Jesus--who, as you say, is born from the earth, which has conceived by the power of the Holy Spirit--that He hangs in the shape of fruit from every tree: so that, besides this pollution, He suffers additional defilement from the flesh of the countless animals that eat the fruit; except, indeed, the small amount that is purified by your eating it. While we believe and confess Christ the Son of God, and the Word of God, to have become flesh without suffering defilement, because the divine substance is not defiled by flesh, as it is not defiled by anything, your fanciful notions would make Jesus to be defiled even as hanging on the tree, before entering the flesh of any animal; for if He were not defiled, there would be no need of His being purified by your eating Him. And if all trees are the cross of Christ, as Faustus seems to imply when he says that Jesus hangs from every tree, why do you not pluck the fruit, and so take Jesus down from hanging on the tree to bury Him in your stomach, which would correspond to the good deed of Joseph of Arimathea, when he took down the true Jesus from the cross to bury Him? 1 Why should it be impious to take Christ from the tree, while it is pious to lay Him in the tomb? Perhaps you wish to apply to yourselves the words quoted from the prophet by Paul, "Their throat is an open sepulchre:" 2 and so you wait with open mouth till some one comes to use your throat as the best sepulchre for Christ. Once more, how many Christs do you make? Is there one whom you call the mortal Christ, whom the earth conceives and brings forth by the power of the Holy Spirit; and another crucified by the Jews under Pontius Pilate; and a third whom you divide between the sun and the moon? Or is it one and the same person, part of whom is confined in the trees, to be released by the help of the other part which is not confined? If this is the case, and you allow that Christ suffered under Pontius Pilate, though it is difficult to see how he could have suffered without flesh, as you say he did, the great question is, with whom he left those ships you speak of, that he might come down and suffer these things, which he certainly could not have suffered without having a body of some kind. A mere spiritual presence could not have made him liable to these sufferings, and in his bodily presence he could not be at the same time in the sun, in the moon, and on the cross. So, then, if he had not a body, he was not crucified; and if he had a body, the question is, where he got it: for, according to you, all bodies belong to the race of darkness, though you cannot think of the divine substance except as being material. Thus you must say either that Christ was crucified without a body; which is utterly absurd; or that he was crucified in appearance and not in reality, which is blasphemy; or that all bodies do not belong to the race of darkness, but that the divine substance has also a body, and that not an immortal body, but liable to crucifixion and death, which, again, is altogether erroneous; or that Christ had a mortal body from the race of darkness, so that, while you will not allow that Christ's body came from the Virgin Mary, you derive it from the race of demons. Finally, as in Faustus' statement, in which he alludes in the briefest manner possible to the lengthy stories of Manichaean invention, the earth by the power of the Holy Spirit conceives and brings forth the mortal Jesus, who, hanging from every tree, is the life and salvation of men, why should this Saviour be represented by whatever is hanging, because he hung on the tree, and not by whatever is born, because he was born? But if you mean that the Jesus on the trees, and the Jesus crucified under Pontius Pilate, and the Jesus divided between the sun and the moon, are all one and the same substance, why do you not give the name of Jesus to your whole host of deities? Why should not your World-holder be Jesus too, and Atlas, and the King of Honour, and the Mighty Spirit, and the First Man, and all the rest, with their various names and occupations?