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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE V. DIEU ADMIRABLE DANS SES OEUVRES GRANDES ET PETITES. TOUT ANIMAL AIME SA PROPRE CHAIR, ILLUSION DES MANICHÉENS SUR CE POINT.
Pour moi, quand je considère au degré le plus bas de l'échelle des êtres, ces oeuvres de Dieu, terrestres, faibles, mortelles, mais ses oeuvres pourtant, je me sens irrésistiblement entraîné à louer leur créateur, qui sait se montrer grand dans les grandes choses, sans cesser de l'être dans les plus petites. Car l'art divin, qui produit les choses célestes et les choses terrestres, au milieu des différences qui les séparent, reste en tout semblable à lui-même, parce qu'en créant chaque être parfait en sols genre, il est lui-même parfait partout. En effet, il ne crée pas dans chaque être un univers, mais en créant chaque être pour l'ensemble de l'univers, il se montre universel même dans les détails, il façonne et arrange chaque chose pour son lieu et pour son rang, proportionnant tout dans le détail et dans l'ensemble. Et voyez dans ces bas-fonds, pour ainsi dire, de toute la création, ces animaux qui volent, qui nagent, qui marchent ou rampent. Ils sont mortels en effet : leur vie, comme il est écrit, « est une vapeur qui paraît pour un peu de temps[^1] ». Mais la petite mesure que le Créateur leur a départie dans son excellente bonté, ils la mettent en quelque sorte en commun pour compléter, chacun pour sa part, l'ensemble de l'univers, afin que leur petitesse contribue à la perfection de ce même ensemble où se trouvent, dans les sphères supérieures, d'autres êtres meilleurs qu'eux. Mais examinez et montrez-moi un seul de ces plus vils animaux qui haïsse sa chair, qui ne la nourrisse pas, qui ne l'entretienne pas, qui ne lui imprime pas le mouvement qui fait la vie, qui ne la gouverne pas, qui n'administre pas en quelque sorte son petit univers suivant les étroites proportions de son espèce, en employant tous les moyens qui sont à sa disposition pour se conserver sain et sauf. Quant à l'âme raisonnable, en châtiant son corps et le réduisant en servitude de peur que l'appétit immodéré des jouissances terrestres ne l'empêche de recevoir la sagesse, elle fait encore preuve d'amour pour sa chair, puisqu'elle la met à sa place, la soumet à son propre empire et exige d'elle une obéissance légitime. Mais, vous, bien que, dans votre erreur charnelle, vous fassiez mine de détester votre chair, au fond vous ne pouvez aimer qu'elle, que veiller à sa santé, pourvoir à ses besoins, éviter tous les coups, les chutes, les intempéries qui pourraient lui maire, désirer les garanties, les conditions de salubrité qui tendent à sa conservation ; et par là vous faites assez voir que la loi de la nature prévaut contre vos opinions et vos erreurs.
- Jac. IV, 15.
Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
5.
Ut ergo ista in imo rerum opera dei, terrena, infirma, mortalia, sed tamen opera dei, qualia possumus videre, considerem, ineffabiliter moveor laude creatoris illorum, qui prorsus ita magnus est in operibus magnis, ut minor non sit in minimis. Ars enim divina, qua caelestia et terrena opera fiunt, cum ea sint inter se dissimilia, ipsa in omnibus sui similis est, quia in suo quoque genere perficiendo ubique perfecta est. Neque enim universum condit in singulis, sed ad universi complexum condens singula, universam se condendis praebet et singulis, omnia congruenter locis et ordinibus faciens atque disponens et omnibus particulariter atque universaliter congrua tribuens. p. 574,6 Ecce hic in isto quasi fundo infimo universae creaturae aspicite animalia, quae volant et natant et gradiuntur et repunt! Nempe mortalia sunt, nempe vita eorum, sicut scriptum est, vapor est ad modicum apparens. Hunc enim modulum ab optimo conditore perceptum tamquam in commune conferunt universo pro sui generis portione complendo, ut cum istis imis sint omnia bona, in quibus sunt eis superna meliora. Verumtamen attendite et date mihi unum quamlibet abiectissimum animal, cuius anima oderit carnem suam, ac non potius nutriat et foveat eam motuque vitali vegetet et regat et quodam modo administret pro sui generis exiguitate quoddam universum suum ad incolumitatem tuendam sibi conciliatum. p. 574,18 Quod enim rationalis anima castigat corpus suum et servituti subicit, ne immoderato appetitu terreno impediatur perceptio sapientiae, etiam sic utique diligit carnem suam, quam sibi ad oboediendum legitime subdit atque ordinat. Postremo vos ipsi quamvis carnali errore carnem detestemini, non potestis nisi diligere carnem vestram eiusque saluti et incolumitati consulere, omnes ictus et casus et intemperiem, qua laeditur, devitare, munimenta vero et salubritatem, qua conservatur, appetere. Ita ostenditis praevalere naturae legem contra erroris vestri opinionem.