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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE VII. ORGUEIL DE FAUSTE.
Et cependant quelle aveugle vanité, quel orgueil intolérable dans Fauste ! « Vous voyez en moi, dit-il, ces béatitudes du Christ qui constituent l'Evangile, et vous me demandez si je reçois l'Evangile? Vous me voyez, pauvre, doux, pacifique, d'un coeur pur, pleurant, ayant faim et soif, supportant les persécutions, et les haines pour la justice, et vous doutez si je reçois l'Evangile? » S'il suffisait, pour être juste, de se justifier soi-même; au moment qu'il tenait un pareil langage, cet homme prodigieux se serait élevé jusqu'aux cieux, porté sur les ailes de son propre témoignage. Mais je n'attaque pas ici les plaisirs de Fauste, avec sa vie voluptueuse, si connue des auditeurs des Manichéens, surtout de ceux qui sont à Rome; je prends un manichéen tel que le voulait Constance, qui accomplisse véritablement les préceptes, sans se contenter d'en montrer l'apparence. Eh bien ! ce manichéen, que peut-il paraître à nos yeux? Pauvre d'esprit? lui qui pousse l'orgueil jusqu'à regarder son âme comme Dieu, et à ne pas avoir honte de faire Dieu captif ! Doux? lui qui préfère outrager la sublime autorité de l'Evangile, plutôt que de s'y soumettre ! Pacifique ?lui qui prétend que la nature divine elle-même, laquelle constitue toute l'essence du seul vrai Dieu, n'a pu jouir d'une paix inaltérable ! D'un coeur pur? lui dont le coeur est en proie à tant de fictions sacrilèges ! Pleurant? à moins que ce ne soit son Dieu captif et enchaîné, jusqu'à ce que ses liens venant à être rompus, il soit rendu à la liberté, tout en perdant une partie de lui-même qui sera attachée par le Père à l'abîme des ténèbres, sans qu'elle soit jamais pleurée ! Ayant faim et soif de la justice ? Fauste n'a pas même ajouté cette expression, pour ne pas laisser croire que la justice lui faisait défaut, s'il avouait qu'il avait encore faim et soif. Mais de quelle justice ont faim et soif les Manichéens, eux qui croiront pratiquer la justice parfaite en triomphant du malheur de leurs frères, voués à la damnation dans cet abîme de ténèbres, non pour des fautes volontaires, mais pour une souillure indélébile contractée au sein de la corruption ennemie, contre laquelle le Père les avait envoyés combattre.
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Reply to Faustus the Manichaean
7.
The language of Faustus has the typhus of heresy in it, and is the language of overweening arrogance. "You see in me" he says, "the beatitudes of the gospel; and do you ask if I believe the gospel? You see me poor, meek, a peacemaker, pure in heart, mourning, hungering, thirsting, bearing persecution and enmity for righteousness' sake; and do you doubt my belief in the gospel?" If to justify oneself were to be just, Faustus would have flown to heaven while uttering these words. I say nothing of the luxurious habits of Faustus, known to all the followers of the Manichaeans, and especially to those at Rome. I shall suppose a Manichaean such as Constantius sought for, when he enforced the observance of these precepts with the sincere desire to see them observed. How can I see him to be poor in spirit, when he is so proud as to believe that his own soul is God, and is not ashamed to speak of God as in bondage? How can I see him meek, when he affronts all the authority of the evangelists rather than believe? How a peacemaker, when he holds that the divine nature itself by which God is whatever is, and is the only true existence, could not remain in lasting peace? How pure in heart, when his heart is filled with so many impious notions? How mourning, unless it is for his God captive and bound till he be freed and escape, with the loss, however, of a part which is to be united by the Father to the mass of darkness, and is not to be mourned for? How hungering and thirsting for righteousness, which Faustus omits in his writings lest, no doubt, he should be thought destitute of righteousness? But how can they hunger and thirst after righteousness, whose perfect righteousness will consist in exulting over their brethren condemned to darkness, not for any fault of their own, but for being irremediably contaminated by the pollution against which they were sent by the Father to contend?