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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XLIV. L'IVRESSE DE LOTH.
Mais elles savaient si bien que cette action ferait horreur à leur père, qu'elles désespérèrent de venir à bout de leur dessein, à moins de lui en dérober la connaissance. En effet, l'Ecriture nous dit qu'elles l'enivrèrent et abusèrent ensuite de lui, sans qu'il en eût conscience[^1]. Il faut donc blâmer dans Loth, non l'inceste, mais l'excès du vin. Car cet excès est aussi condamné par la loi éternelle, qui a réglé l'usage de la nourriture et clé la boisson, selon l'ordre naturel et seulement pour l'entretien de la vie. Ainsi donc, bien qu'il y ait une grande différence entre un ivrogne et un homme ivre : puisqu'un ivrogne n'est pas toujours ivre, et qu'un homme ivre n'est pas nécessairement ivrogne; néanmoins, chez ce juste, il faut se rendre raison, non de l'ivrognerie, mais de l'ivresse. Qu'est-ce qui l'obligeait enfin à céder ou à croire à ses filles lui versant à boire, à coups répétés, du vin mêlé d'eau ou pur peut-être ? Serait-ce qu'elles affectaient une tristesse excessive et qu'il voulait les consoler et chasser de leur esprit, par l'effet de l'ivresse, la pensée de leur abandon, le regret d'avoir perdu leur mère : s'imaginant qu'elles buvaient autant que lui, tandis qu'elles usaient de ruse pour ne pas boire? Mais nous ne voyous pas comment il siérait à un homme de consoler de cette façon la tristesse des personnes qui lui sont chères. Serait-ce que, par quelque art emprunté à Sodome, ces filles auraient su enivrer leur père sans le faire beaucoup boire, de manière à commettre le péché avec lui, ou plutôt sur lui, à son insu ? Mais je m'étonnerais que l'Ecriture eût tu cette circonstance, ou que Dieu eût permis un tel outrage sur son serviteur sans qu'il y eût pris part en quelque façon.
- Gen. XIX.
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
44.
Ab illo autem opere ita patrem abhorrere sentiebant, ut id se impleturas esse non crederent, nisi eius ignorantiam procurarent. Namque, ut scriptum est, inebriaverunt eum et se nescienti miscuerunt. Quapropter culpandus est quidem, non tamen quantum ille incestus, sed quantum illa meretur ebrietas. Nam et hanc lex aeterna condemnat, quia cibum ac potum ad ordinem naturalem non nisi gratia conservandae salutis admittit. Quamvis ergo inter ebriosum et ebrium plurimum intersit – nam nec ebriosus semper est ebrius nec quisquis aliquando ebrius consequenter ebriosus est – tamen in homine iusto huius ipsius etsi non ebriositatis, at certe ebrietatis causa quaerenda est. p. 636,14 Quid enim tandem cogebat, ut filiabus suis crebra vina miscentibus aut fortasse nec mixta crebro porrigentibus consentiret aut crederet? An ad hoc filias nimiam tristitiam fingentes ita voluit consolari, ut illius destitutionis et materni luctus dolor de cogitatione mentis ebriae fugaretur, etiam ipsas tantundem bibere existimans et aliqua fraude agentes ne biberent? Sed etiam talem tristibus suis adhibere consolationem quomodo virum iustum decuerit, non videmus. An aliqua Sodomitarum arte pessima etiam paucis poculis patrem sic inebriare potuerunt, ut illud peccatum cum ignorante vel potius de ignorante committerent? 636,24 Sed mirum, si hoc scriptura divina tacuisset vel servum suum deus sine aliquo voluntatis eius vitio perpeti sineret.