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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE LVI. CE QUE SIGNIFIE LA MANDRAGORE.

Lia eut un enfant par suite de la concession de Rachel, qui, pour avoir des mandragores du fils de sa soeur, permit à celle-ci de partager le lit de son époux, auquel elle-même avait droit pour cette nuit. Je sais que quelques-uns croient que ce fruit a la propriété de rendre féconde la femme stérile qui en mange, et ils.pensent que Rachel n'insista si vivement pour en avoir du fils de sa soeur que parce qu'elle désirait ardemment avoir des enfants. Je ne partagerais point cette opinion, quand même Rachel eût conçu en ce moment-là. Mais comme, après que Lia eût mis au monde deux enfants, à partir de cette nuit, Dieu donna un fils à Rachel, il n'y a pas de raison pour que nous attribuions à la mandragore une propriété dont aucune femme n'a jamais fait l'expérience. Je dirai donc ma pensée; de plus savants donneront peut-être une meilleure explication. Je vis un jour de cette espèce de fruit, qui est assez rare, et je me félicitai de cet heureux hasard, précisément à cause de ce passage des livres saints; j'en étudiai attentivement, et de mon mieux, la nature, non à l'aide de connaissances spéciales et dépassant ce que l'on sait communément des vertus des racines et des propriétés des herbes, mais d'après ce que la vue, l'odorat et le goût pouvaient m'apprendre, comme au premier homme venu. J'ai donc trouvé un beau fruit, d'une odeur agréable, mais d'une saveur insipide; et j'avoue que je ne comprends pas qu'une femme ait pu en avoir une si forte envie, si ce n'est à cause de sa rareté et de son parfum. Mais pourquoi un tel fait est-il mentionné dans la sainte Ecriture, qui tiendrait sans doute peu à nous faire connaître ces caprices de femmes, si ce n'était pour nous y faire soupçonner quelque chose d'important ? Je ne puis supposer d'autre raison que celle que suggère le bon sens, à savoir que la mandragore figure ici la bonne réputation : non pas celle qui repose sur le suffrage de quelques hommes justes et sages, mais ce renom populaire, qui relève un personnage et le rend plus célèbre : avantage qu'on ne doit point rechercher pour lui-même, mais absolument nécessaire aux gens de bien pour qu'ils puissent réaliser leurs vues d'intérêt général. Ce qui fait dire à l'Apôtre: « Il faut avoir un bon témoignage de ceux qui sont dehors[^1] »; lesquels, bien qu'ils soient peu sages, procurent néanmoins ordinairement, aux travaux dont ils sont l'objet, et l'éclat de la louange et la bonne odeur de l'opinion. Or, de tous ceux qui sont dans l'Eglise, les premiers qui parviennent à cette gloire populaire, sont ceux qui mènent une vie d'action, de périls et de labeur. Voilà pourquoi le fils de Lia, allant à la campagne, c'est-à-dire se rendant honnêtement chez ceux du dehors, trouve des mandragores. Mais cette doctrine de sagesse qui, loin du bruit de la foule, reste fixée dans la contemplation et la douce jouissance de la vérité, n'obtiendrait pas même au plus mince degré, cette gloire populaire, si ce n'était par l'entremise de ceux qui gouvernent la multitude par l'action et par la parole, et sont avides non de commander, mais d'être utiles. Comme ces hommes actifs et laborieux dévoués aux intérêts de la foule, et dont l'autorité est chère aux peuples, rendent témoignage à la vie qui reste oisive par l'ardeur qu'elle éprouve à rechercher et à contempler la vérité, les mandragores arrivent en quelque sorte à Rachel par Lia. Mais elles arrivent à Lia par son premier-né, c'est-à-dire, par l'honneur de sa fécondité, laquelle renferme tout le fruit d'une activité laborieuse, s'exerçant à travers les incertitudes, les épreuves et les périls. Cette activité, la plupart des hommes doués d'un génie heureux et passionnés pour l'étude, fussent-ils propres d'ailleurs à gouverner les peuples, l'évitent cependant à cause des occupations turbulentes qu'elle entraîne, et se portent de tout leur coeur vers les loisirs de la doctrine, comme vers les embrassements de la belle Rachel.

  1. II Tim. III, 7.

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Reply to Faustus the Manichaean

56.

In one instance Leah owed her becoming a mother to Rachel, who, in return for some mandrakes, allowed her husband to give her night to her sister. Some, I know, think that eating this fruit has the effect of making barren women productive, and that Rachel, from her desire for children, was thus bent on getting the fruit from her sister. But I should not agree to this, even had Rachel conceived at the time. As Leah then conceived, and, besides, had two other children before God opened Rachel's womb, there is no reason for supposing any such quality in the mandrake, without any experience to prove it. I will give my explanation; those better able than I may give a better. Though this fruit is not often met with, I had once, to my great satisfaction, on account of its connection with this passage of Scripture, an opportunity of seeing it. I examined the fruit as carefully as I could, not with the help of any recondite knowledge of the nature of roots or the virtues of plants, but only as to what I or any one might learn from the sight, and smell, and taste. I thought it a nice-looking fruit, and sweet-smelling, but insipid; and I confess it is hard to say why Rachel desired it so much, unless it was for its rarity and its sweet smell. Why the incident should be narrated in Scripture, in which the fancies of women would not be mentioned as important unless it was intended that we should learn some important lesson from them, the only thing I can think of is the very simple idea that the fruit represents a good character; not the praise given a man by a few just and wise people, but popular report, which bestows greatness and renown on a man, and which is not desirable for its own sake, but is essential to the success of good men in their endeavors to benefit their fellow-men. So the apostle says, that it is proper to have a good report of those that are without; 1 for though they are not infallible, the lustre of their praise and the odor of their good opinion are a great help to the efforts of those who seek to benefit them. And this popular renown is not obtained by those that are highest in the Church, unless they expose themselves to the toils and hazards of an active life. Thus the son of Leah found the mandrakes when he went out into the field, that is, when walking honestly towards those that are without. The pursuit of wisdom, on the other hand, retired from the busy crowd, and lost in calm meditation, could never obtain a particle of this public approval, except through those who take the management of public business, not for the sake of being leaders, but in order to be useful. These men of action and business exert themselves for the public benefit, and by a popular use of their influence gain the approval of the people even for the quiet life of the student and inquirer after truth; and thus through Leah the mandrakes come into the hands of Rachel. Leah herself got them from her first-born son, that is, in honor of her fertility, which represents all the useful result of a laborious life exposed to the common vicissitudes; a life which many avoid on account of its troublesome engagements, because, although they might be able to take the lead, they are bent on study, and devote all their powers to the quiet pursuit of knowledge, in love with the beauty of Rachel.


  1. 1 Tim. iii. 7. ↩

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