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Works Augustine of Hippo (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE LXXIX. MOÏSE JUSTIFIÉ D'AVOIR PUNI LES ADORATEURS DU VEAU D'OR. ANECDOTE RELATIVE A L'APÔTRE SAINT THOMAS.

Mais à quoi bon réfuter des critiques téméraires qui s'adressent, non plus à des hommes (plût au ciel que cela se bornât là !) mais à Dieu? Que les dispensateurs de l'Ancien Testament, qui étaient en même temps les Prophètes du Nouveau, aient obéi en tuant des pécheurs; que les dispensateurs du Nouveau Testament, qui étaient en même temps les interprètes de l'Ancien, aient obéi en mourant de la main des pécheurs : ils ont obéi les uns et les autres au même Dieu qui nous apprend, avec l'à-propos convenable et selon la diversité des temps, que c'est à lui qu'il faut demander les biens temporels et pour lui qu'il faut les mépriser ; qu'il peut envoyer des afflictions temporelles et qu'on doit les supporter pour lui. Qu'a donc fait Moïse, qu'a-t-il donc commandé de si cruel, lorsque plein d'un saint zèle pour les intérêts du peuple confié à ses soins, désirant le voir soumis au seul vrai Dieu, et voyant qu'il s'était laissé aller à fabriquer et à adorer une idole et à prostituer aux démons son coeur impudique, il tira vengeance par le glaive de quelques-uns d'eux, ordonna de frapper sur-le-champ ceux que le Dieu qu'ils avaient offensé condamnait à mort par un secret jugement, inspirant ainsi pour le présent une salutaire terreur, et donnant une sévère leçon pour l'avenir? Quine reconnaîtra qu'il a agi par un vif sentiment d'amour et non par cruauté, quand on entend la prière qu'il adresse à Dieu, en faveur des coupables : « Si vous voulez remettre leur péché, remettez-leur; sinon, effacez-moi de votre livre[^1] ? » Tout homme pieux et sage, en rapprochant ce massacre et cette prière, voit clairement et sans aucun doute, quel mal c'est pour l'âme de se prostituer aux démons, puisqu'un homme qui aime tant se montre si sévère. C'est ainsi que l'Apôtre agit par amour et non par cruauté, quand il livre un homme à Satan pour la mort de sa chair, afin que son esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus[^2]. Il en a encore livré d'autres, pour qu'ils apprissent à ne plus blasphémer[^3]. Les Manichéens lisent des écritures apocryphes, forgées par je ne sais quels savetiers sous le nom des Apôtres. Au temps de leurs auteurs, elles eussent eu l'honneur d'être revêtues de l'autorité de l'Eglise, si les saints et les savants qui vivaient alors et pouvaient les examiner, les eussent trouvées véridiques. Là,on lit cependant que l'apôtre Thomas, se trouvant comme étranger et tout à fait inconnu à un repas de noces, reçut un soufflet d'un serviteur et appela sur le coupable un châtiment prompt et sévère. Ce serviteur étant allé à la fontaine chercher de l'eau pour les convives, un lion se précipita sur lui et le tua; et la main qui avait frappé la joue de l'apôtre fut séparée du corps, suivant le voeu et la menace du saint, et apportée par un chien sur la table même où était Thomas. Que peut-on voir de plus cruel? Mais comme on lit, là encore, si je ne me trompe, que le saint demanda la grâce du coupable pour le siècle à venir, le mal se trouva bien compensé; de telle sorte que ces inconnus, frappés de terreur, comprirent combien l'apôtre était chéri de Dieu, et que cet homme, privé d'une vie qui devait tôt ou tard finir, fut sauvé pour l'éternité. Que ce récit soit vrai ou fabuleux, peu m'importe pour le moment. Mais du moins les Manichéens qui admettent comme vraies et authentiques ces écritures rejetées du canon de l'Eglise, sont forcés de convenir, d'après elles, que la vertu de patience, telle que le Seigneur la recommande en disant : « Si quelqu'un te frappe à la joue droite, présente-lui encore l'autre[^4] », peut exister dans les dispositions du coeur, sans se manifester par des gestes ou des paroles; puisque l'apôtre souffleté aima mieux prier Dieu d'épargner l'insulteur dans le siècle à venir et de le punir dans ce monde. ci, que de lui tendre l'autre joue et de l'engager à frapper une seconde fois. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'intérieurement il conservait le sentiment de la charité, et qu'extérieurement il demandait une punition pour l'exemple. Que ce fait soit vrai ou une invention, pourquoi les Manichéens ne voulurent-ils pas croire que Moïse, le serviteur de Dieu, était animé de semblables dispositions à l'égard de ceux qui avaient fabriqué et adoré l'idole, puisque son langage démontré qu'il demanda pardon pour ce péché, en priant Dieu, s'il ne voulait pas faire grâce, de l'effacer lui-même de son livre? Et quelle différence entre un homme qui reçoit un soufflet et Dieu qui a délivré son peuple de la servitude de l'Egypte, qui a divisé la mer pour lui livrer passage, qui a enseveli sous les flots ceux qui le poursuivaient, et qu'on abandonne, qu'on méprise, à qui l'on préfère une idole ! Et, quant au châtiment, quelle différence encore entre périr par le glaive, et être tué et mis en pièces par les bêtes féroces, puisque les juges, fidèles à l'esprit des lois publiques, exigent un crime plus grave pour être livré aux bêtes féroces que pour subir le supplice du glaive.

  1. Ex. XXXII.

  2. I Cor. V, 5.

  3. I Tim. I , 20.

  4. Matt. V, 39.

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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres

79.

Quid ergo insilimus in temerarias reprehensiones atque utinam hominum et non dei? Servierint dispensatores veteris testamenti idemque praenuntiatores novi testamenti peccatores occidendo, servierint dispensatores novi testamenti idemque expositores veteris testamenti a peccatoribus moriendo, deo tamen uni utrique servierunt per diversa et congrua tempora docenti bona temporalia et a se petenda et propter se contemnenda, molestias temporales et a se posse imperari et propter se debere tolerari. Quid ergo crudele Moyses aut mandavit aut fecit, cum commissum sibi populum sancte zelans et uni vero deo subditum cupiens posteaquam cognovit ad fabricandum et colendum idolum defluxisse mentemque impudicam prostituisse daemonibus, in paucos eorum vindicans gladio, quos deus ipse, quem offenderant, alto et secreto iudicio <cum ?> feriendos voluisset inferri, et in praesenti salubriter terruit et disciplinam in posterum sanxit? p. 680,21 Nam eum nulla crudelitate, sed magna dilectione fecisse quod fecit, quis non in verbis eius agnoscat orantis pro peccato eorum et dicentis: Si dimittis illis peccatum, dimitte; sin autem, dele me de libro tuo? Comparans ergo unusquisque pie prudens illam caedem et hanc precem videt profecto, apertissime videt, quantum malum sit animae per simulacra daemonum fornicari, quando sic saevit, qui sic amat. Sic plane et apostolus non crudeliter, sed amabiliter tradidit hominem satanae in interitum carnis, ut spiritus salvus sit in die domini Iesu. Tradidit et alios, ut discerent non blasphemare. p. 681,6 Legunt scripturas apocryphas Manichaei a nescio quibus sutoribus fabularum sub apostolorum nomine scriptas; quae suorum scriptorum temporibus in auctoritatem sanctae ecclesiae recipi mererentur, si sancti et docti homines, qui tunc in hac vita erant et examinare talia poterant, eos vera locutos esse cognoscerent. Ibi tamen legunt apostolum Thomam, cum esset in quodam nuptiarum convivio peregrinus et prorsus incognitus, a quodam ministro palma percussum imprecatum fuisse homini continuam saevamque vindictam. Nam cum egressus fuisset ad fontem, unde aquam convivantibus ministraret, eum leo irruens interemit manumque eius, qua caput apostoli levi ictu percusserat, a corpore avulsam secundum verbum eiusdem apostoli id optantis atque imprecantis canis intulit mensis, in quibus ipse discumbebat apostolus. p. 681,20 Quid hoc videri crudelius potest? Verum quia ibi, nisi tamen fallor, hoc etiam scriptum est, quod ei veniam in saeculo futuro petiverit, facta est compensatio beneficii maioris, ut et apostolus, quam carus deo esset, per hunc timorem commendaretur ignotis et illi post hanc vitam quandoque finiendam in aeternum consuleretur. Utrum illa vera sit aut conficta narratio, nihil mea nunc interest. Certe enim Manichaei, a quibus illae scripturae, quas canon ecclesiasticus respuit, tamquam verae atque sincerae acceptantur, saltem hinc coguntur fateri virtutem illam patientiae, quam docet dominus dicens: Si quis te percusserit in maxillam tuam dexteram, praebe illi et sinistram, posse esse in praeparatione cordis, etiamsi non exhibeatur gestu corporis et expressione verborum, p. 682,6 quandoquidem apostolus palma percussus potius deum rogavit, ut iniurioso homini in futuro saeculo parceretur, in praesenti autem illa iniuria non inulta relinqueretur, quam vel praebuit ferienti alteram partem aut ut iterum feriret admonuit. Tenebat certe interius dilectionis affectum et exterius requirebat correctionis exemplum. Sive hoc verum sit sive confictum, cur nolunt credere tali animo famulum dei Moysen idoli fabricatores et adoratores gladio prostravisse, cum et in eius verbis satis appareat ita huiusmodi peccato eum veniam deprecatum, ut nisi impetraret, deleri se vellet de libro dei? Et quid simile ignotus homo palma percussus et deus ex Aegypti servitute liberans per divisum mare traiciens, fluctibus persequentes inimicos operiens, idolo sibi praelato derelictus atque contemptus? p. 682,19 Si autem poenas ipsas comparemus, quid simile ferro interimi et a feris trucidari atque laniari? Quandoquidem iudices publicis legibus servientes maioris criminis reos bestiis subrigi quam gladio percuti iubent.

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