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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE IX. EN QUOI LES CATHOLIQUES REJETTENT L'ANCIEN TESTAMENT.
Car si on nous demande pourquoi nous, nous n'observons pas dans le culte divin les rites que les Hébreux, nos pères, observaient dans le temps de l'Ancien Testament; nous répondons, que Dieu nous a donné d'autres prescriptions par les pères du Nouveau Testament : ce qui ne contredit pas l'Ancien, puisque l'Ancien l'avait prédit. Voici, en effet, ce que disait là-dessus un prophète : « Voilà que les jours viennent », dit le Seigneur, « et j'établirai une nouvelle alliance avec la maison d'Israël et la maison de Juda ; non pas, selon l'alliance que j'ai formée avec leurs pères, au jour où je les pris par la main, pour les faire sortir de la terre d'Egypte[^1] ». Il a donc été prophétisé que l'Ancien Testament cesserait un jour, et qu'il yen aurait un nouveau. Si on nous objecte ici que nous ne sommes point de la maison d'Israël ni de la maison de Juda, nous nous couvrons de l'autorité de l'Apôtre : car Paul nous enseigne que le Christ est issu d'Abraham, et il nous dit, a nous qui formons le corps du Christ: « Vous êtes donc la postérité d'Abraham[^2] ». Et si on nous demande pourquoi nous maintenons l'autorité d'un Testament dont nous n'observons plus les rites, l'Apôtre nous fournit encore la réponse, quand il dit: « Que personne donc ne vous juge sur le manger et sur le boire, ou à cause des jours de fête, ou des néoménies, ou des sabbats, choses qui ne sont que l'ombre des futures[^3] ». Par là donc, il nous fait voir pourquoi il faut lire et accepter ces choses pour ne pas laisser périr les prophéties, vu que ces rites étaient les figures de l'avenir; mais en même temps il nous apprend à ne tenir aucun compte du jugement de ceux qui voudraient nous faire un crime de ne point pratiquer corporellement ces observances. C'est ce qu'il insinue encore ailleurs en disant : « Toutes ces choses leur arrivaient en, figure, et; elles ont été écrites pour nous être un avertissement, à nous pour qui est venue la fin des temps[^4] ». Quand donc nous lisons dans l'Ancien Testament quelque chose que le Nouveau ne nous commande pas, ou même qu'il nous défend, nous ne devons point le blâmer, mais en chercher la signification : car par là même qu'on ne l'observe plus, c'est une preuve qu'il est non condamné, mais accompli. Du reste, nous avons déjà traité ce sujet longuement et plus d'une fois.
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Jer. XXXI, 31, 32.
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Gal. III, 29.
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Col. II, 16, 17.
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I Cor. X, 11.
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
9.
A nobis enim si quaeratur, cur non eo ritu colamus deum, quo coluerunt Hebraei patres tempore veteris testamenti, respondemus aliud nobis deum praecepisse per patres novi testamenti neque hoc contra vetus testamentum, cum et in illo id sit ante praedictum. Sic enim hoc ipsum praenuntiatum est per prophetam : Ecce dies veniunt, dicit dominus, et consummabo super domum Israhel et super domum Iuda testamentum novum, non secundum testamentum, quod feci patribus eorum in die, qua apprehendi manum eorum, ut eicerem eos de terra Aegypti. Ecce quia et hoc prophetatum est, non perseveraturum illud testamentum, sed futurum novum. p. 768,3 Hic si obiectum fuerit non nos pertinere ad domum Israhel et domum Iuda, ex doctrina apostolica nos defendimus, quia semen Abrahae Christum esse docet apostolus nobisque ad corpus eius pertinentibus dicit : Ergo Abrahae semen estis. Porro si quaesitum a nobis fuerit, cur illius testamenti auctoritatem teneamus, cuius ritum non observamus, et ad hoc ex litteris apostolicis respondemus. Ait enim apostolus : Nemo ergo vos iudicet in cibo et potu aut in parte diei festi aut neomeniae aut sabbatorum, quod est umbra futurorum. Ita quippe et cur ea legi atque accipi oporteat, ostendit, id est ne prophetiam extinguamus, quia in umbra facta sunt futurorum, et curare nos non debere eos, qui nos hinc iudicare voluerint, quod corporaliter iam non observemus, sicut alibi tale quiddam dixit : p. 768,17 Haec in figura contingebant illis ; scripta sunt autem propter correptionem nostram, in quos finis saeculorum obvenit. Cum ergo tale aliquid legitur in instrumento veteris testamenti, quale a nobis observari vel iussum non est in novo testamento vel etiam prohibitum, quid significet quaerendum est, non reprehendendum, quia eo ipso, quo iam non observatur, non damnatum, sed impletum probatur. Unde multa et saepe iam diximus.