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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE II. COMBIEN EST PITOYABLE L'ARGUMENTATION DE FAUSTE.
Augustin. La principale raison qui fait rejeter à Fauste la généalogie de Jésus-Christ, accuse sa défaite; il suffit, pour s'en convaincre, de lire ce que nous avons dit plus haut du fils de l'homme, titre que le Christ se donne si souvent à lui-même[^9], et du Fils de Dieu; on voit qu'il est en même temps fils de l'homme[^1] ; que selon la divinité, il n'a point de parenté sur la terre, et que selon la chair, il est de la race de David, ainsi que l'enseigne l'Apôtre[^2]. Il faut donc croire et comprendre qu'il est sorti du sein du Père[^3], et est descendu du ciel[^4], et que ce Verbe fait chair a habité parmi les hommes[^5] pour soutenir qu'il n'a eu sur la terre ni mère ni parenté, s'appuiera-t-on sur ces paroles : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères[^6]?» Mais il faut aussi admettre que ses disciples, à qui il donnait un exemple en sa personne, pour leur apprendre à mépriser les liens du sang en vue du royaume des cieux, n'ont pas eu de père, puisqu'il leur a dit : « N'appelez personne votre père sur la terre, parce que vous n'avez qu'un père qui est Dieu[^7] ». Ce qu'il leur enseignait à faire par rapport à leurs pères, il le faisait le premier pour sa mère et ses frères; ainsi en est-il de tant. d'autres circonstances où il se donnait à nous comme exemple à imiter, et où il marchait le premier, pour nous attirer à sa suite. Voyons comme Fauste ainsi défait avec sa raison péremptoire, se traîne et s'embarrasse dans les autres. Il prétend qu'on ne doit pas croire au récit des Apôtres qui ont annoncé sa naissance divine et humaine, parce qu'ils ne se sont attachés à lui que plus tard, qu'ils ne l'ont point vu naître, et qu'ils ne disent point avoir appris de sa bouche cette circonstance. Mais comment ajoutent-ils foi, lui et les siens, à saint Jean, lorsqu'il dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu; il était au commencement avec Dieu ; toutes choses ont été faites par lui, et rien n'a été fait sans lui[^8] ? »Comment croient-ils d'autres passages qui leur plaisent, quoiqu'ils n'y comprennent rien ? Qu'ils nous disent où saint Jean a pu voir cela, où il assure l'avoir appris du Seigneur même. Quelle que soit, selon eux, la source où saint Jean a pu puiser cette connaissance, nous croirons que les évangélistes ont pu aussi y apprendre la naissance du Christ qu'ils ont annoncée.Je leur demanderai ensuite le motif qui leur fait croire que le Seigneur a dit: « Qui est ma mère, ou qui sont mes frères? » Si c’est parce que l'Evangéliste le rapporte, pourquoi ne le croient-ils pas quand il dit que sa mère et ses frères le cherchaient[^10] ? S'il est faux dans ce qu'ils refusent de croire, comment croient-ils à son témoignage quand il affirme que le Christ a dit ce qu'ils ne veulent pas comprendre? Si saint Matthieu n'a pu connaître la naissance du Christ, parce qu'il ne s'est mis à sa suite que plus tard, comment Manès, venu tant d'années après, a-t-il pu savoir que le Christ n'était pas né ? Ils diront sans doute que l'Esprit-Saint qui était dans Manès le savait bien. Si cet esprit eût été l'Esprit-Saint, il eût dit la vérité. Pourquoi, dans ce qui concerne le Christ, ne préférerions-nous pas nous en rapporter à ses disciples qui ont vécu avant lui, qui, non-seulement ont pu apprendre de l'Esprit-Saint, qu'il leur avait communiqué, les circonstances naturelles qu'ils ignoraient, mais qui, avec les simples lumières de la raison, ont rassemblé ce qui touche à l'origine et à la parenté du Christ selon la chair, et dont la mémoire était si récente et encore toute vivante ? Mais ces Apôtres, on nous les donne comme des témoins sourds et aveugles ! Que n'as-tu été, ô Fauste, non-seulement aveugle et sourd, pour ne pas apprendre tant d'inepties et de sacrilèges, mais encore muet, pour ne pouvoir les publier !
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Matt. VIII, 20.
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Matt. IX, 6.
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Rom. I, 3 ; II Tim. II, 8.
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Jean, XVI, 28.
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Id. VI, 41.
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Id. I, 14.
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Matt. XII, 48.
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Id. XXIII, 9.
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Jean, I, 1-3.
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Matt. XII, 48, 46.
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Gegen Faustus
2.
Augustinus antwortete: Was Faustus als entscheidenden Grund angegeben hat, warum er die Genealogie Jesu Christi nicht anerkenne, zeigt nun ganz klar, dass er in dieser Frage geschlagen ist; man braucht nur nachzulesen, was wir oben (Buch V 4 f.) über den ‛Menschensohn’ gesagt haben, das zu sein Christus so oft bezeugt (z.B. Joh. 5,27; Mt. 9,6), und ebenso über den ‘Gottessohn’, wie dieser in gleicher Person zugleich auch Menschensohn ist (cf. Joh. 5,25 ff.), wie er seiner göttlichen Natur nach keine Ahnen auf Erden hat, seinem Fleisch nach aber aus dem Samen Davids stammt, so wie es die Lehre des Apostels bezeugt (cf. Röm. 1,3; II Tim. 2,8). Daraus muss man den Glauben und die Erkenntnis gewinnen, dass er vom Vater ausgegangen (cf. Joh. 16,28) und vom Himmel gekommen ist (cf. Joh. 6,41), und dass das Wort hier Fleisch geworden ist und unter den Menschen gewohnt hat (cf. Joh. 1,14). Wenn also die Manichäer aus dem Grunde glauben, er habe auf Erden keine Mutter und keine Ahnen gehabt, weil er sagte (Mt. 12,48): Was habe ich für eine Mutter, was habe ich für Brüder?, dann fehlt nur noch, dass sie behaupten, auch seine Jünger, denen er in seiner eigenen Person dieses Beispiel darbot, damit sie das Band der irdischen Verwandtschaft geringachteten, hätten keine Väter gehabt, weil er ihnen sagte (Mt. 23,9): Bezeichnet keinen als euren Vater auf Erden, euer einziger Vater ist nämlich Gott! Was er ihnen in Bezug auf die Väter zeigte, dasselbe machte er ihnen also auch in Bezug auf die Mutter und die Brüder und in vielen anderen Dingen vor, in denen er geruhte, sich uns selber darzubieten, damit wir ihm ähnlich würden, und uns vorauszugehen, damit wir ihm folgten.
Achten wir also darauf, wie der Mann, der schon bei dem Argument, das er als das entscheidende ansieht, eine solche Niederlage erleidet, bei den übrigen Argumenten zu Boden geht und Deckung sucht: er behauptet ja, dass man den Aposteln, die nicht nur die Botschaft seiner göttlichen, sondern auch seiner menschlichen Geburt verkündeten, deswegen keinen Glauben schenken dürfe, weil sie sich ihm erst später als jungem Mann anschlossen, und weder Augenzeugen seiner Geburt waren, noch sagten, dass sie das von ihm selber gehört hätten. Warum aber glauben sie dann dem Johannes, wenn er sagt (Joh. 1,1 ff.): Am Anfang war das Wort, und das Wort war bei Gott, und Gott war das Wort; dies war am Anfang bei Gott; und alles ist durch Es geschaffen worden und nichts ist ohne Es geschaffen worden usw., was alles ihre Zustimmung findet, obwohl sie es nicht begreifen? Sie mögen erklären, wo Johannes dies gesehen hat, oder wo er gesagt hat, dass er es vom Herrn selber gehört habe! Was immer sie als Quelle angeben, aus der Johannes dies habe wissen können, aus derselben Quelle, glauben wir, konnten auch alle Verkünder der Geburt Christi das wissen, was sie verkündet haben. Als nächstes frage ich, worauf sie den Glauben gründen, dass der Herr gesagt habe (Mt. 12,48): Was habe ich für eine Mutter, was für Brüder? Wenn darauf, weil der Evangelist es berichtet hat, warum glauben sie ihm dann nicht auch folgendes (cf. Mt. 12,46): Seine Mutter und seine Brüder suchten ihn. Wenn er aber das frei erfunden haben soll, was sie ihm nicht glauben wollen, warum glauben sie ihm dann, dass Christus gesagt hat, was sie nicht begreifen wollen?
Als nächstes: Wenn Matthaeus nicht wissen konnte, dass Christus geboren wurde, weil er sich ihm erst anschloss, als dieser bereits ein junger Mann war, woher konnte dann Mani als so Spätgeborener wissen, dass Christus nicht geboren wurde? Sie werden sagen: Der Heilige Geist wusste das, der in Mani war. Allerdings hätte der Heilige Geist die Wahrheit gesagt, wenn er es gewesen wäre. Doch warum überhaupt glauben wir, was Christus betrifft, nicht eher seinen Jüngern, die auch körperlich mit ihm in Verbindung standen, die es also nicht nur durch den Heiligen Geist, den Christus selbst ihnen geschickt hatte, erfahren konnten, wenn hinter menschlichen Dingen etwas Verborgenes lag, sondern, da die Erinnerung noch frisch, ja gegenwärtig war, die Abstammung Christi dem Fleische nach und seine ganze Herkunft allein kraft ihrer menschlichen Denkfähigkeit erschliessen konnten. Und trotzdem werden die Apostel als blinde und taube Zeugen bezeichnet. O wärest du selber doch nicht nur blind und taub gewesen, damit du solch unsinniges und gotteslästerliches Zeug nicht kennengelernt hättest, sondern dazu noch stumm, damit du es nicht hättest aussprechen können!