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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE II. PRÉCEPTES FIGURATIFS DE L'ANCIEN TESTAMENT.
Augustin. Nous avons déjà suffisamment exposé pour quel motif et en quel sens nous acceptons l'autorité de l'Ancien Testament, non comme nous imposant la même servitude qu'aux Juifs, mais comme Tendant témoignage à la liberté chrétienne. Ce n'est pas moi, mais l'Apôtre qui dit : « Toutes les choses qui leur arrivaient étaient autant de figures; et elles ont été écrites pour nous qui sommes venus à la fin des temps[^1] ». Nous ne sommes donc pas des esclaves accomplissant des prescriptions qui figurent notre condition présente, mais des hommes libres lisant ce qui a été écrit pour nous servir de preuves. Qui ne comprend dès lors l'erreur d'où l'Apôtre veut tirer les Galates, qui, au lieu de lire religieusement le précepte de l'Écriture sur la circoncision, s'adonnaient à la superstition en se faisant circoncire ? Non, nous ne mettons pas une pièce neuve à un vieil habit ; mais nous nous instruisons de ce qui regarde le royaume des cieux, à l'exemple de ce père de famille dont parle le Seigneur, et qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes[^2]. Celui-là mérite un tel reproche, qui.veut pratiquer la continence spirituelle, sans renoncer tout d'abord aux espérances de la chair. Lisez attentivement et considérez cette réponse du Seigneur à la question qu'on lui adressait sur le jeûne : « Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit[^3] ». Ses disciples ne l'aimaient encore que selon la chair, car ils craignaient qu'une mort violente ne vînt le leur ravir. Et il traite de Satan Pierre qui s'opposait à sa passion, parce qu'il ne goûtait pas les choses de Dieu, mais celles des hommes[^4]. Vous donc qui, avec vos idées imaginaires sur le royaume de Dieu, aimez et adorez, comme un modèle qui vous est proposé, cette lumière du soleil dont l'éclat frappe les yeux de la chair, reconnaissez quelles espérances charnelles vous nourrissez ; vous verrez que vos jeûnes s'unissent à la prudence de la chair, comme à un vêtement usé. Et cependant, s'il est vrai qu'une pièce neuve ne va pas à un vieil habit, comment les membres de votre Dieu ont-ils pu rester, non pas unis et attachés, mais, ce qui est plus étonnant, mêlés et confondus avec les princes des ténèbres ? N'était-ce que vétusté des deux parties, parce que toutes deux étaient fausses, toutes deux le fruit de la prudence de la chair ? Peut-être vouliez-vous prouver que l'une était neuve et l'autre vieille, parce qu'il s'est produit une plus grande déchirure : un misérable lambeau arraché au royaume de la lumière était fixé pour un châtiment éternel à l'abîme des ténèbres. Et c'est l'artisan grossier de telles fables, qui couvre sa misère de pareils oripeaux ! c'est lui qui croit atteindre avec adresse, des traits perçants de sa langue, les oracles qui sont la base des divines Ecritures !
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I Cor. X, 11.
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Matt. XIII, 52.
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Id. IX, 16.
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Id. XV, 23.
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Reply to Faustus the Manichaean
2.
Augustin replied: We have already shown sufficiently why and how we maintain the authority of the Old Testament, not for the imitation of Jewish bondage, but for the confirmation of Christian liberty. It is not I, but the apostle, who says, "All these things happened to them as an example, and they were written for our admonition, on whom the ends of the world are come." 1 We do not therefore, as bondmen, observe what was enjoined as predictive of us; but as free, we read what was written to confirm us. So any one may see that the apostle remonstrates with the Galatians not for devoutly reading what Scripture says of circumcision, but for superstitiously desiring to be circumcised. We do not put a new cloth to an old garment, but we are instructed in the kingdom of heaven, like the householder, whom the Lord describes as bringing out of his treasure things new and old. 2 He who puts a new cloth to an old garment is the man who attempts spiritual self-denial before he has renounced fleshly hope. Examine the passage, and you will see that, when the Lord was asked about fasting, He replied, "No man putteth a new cloth to an old garment." The disciples had still a carnal affection for the Lord; for they were afraid that, if He died, they would lose Him. So He calls Peter Satan for dissuading Him from suffering, because he understood not the things of God, but the things of men. 3 The fleshly character of your hope is evident from your fancies about the kingdom of God, and from your paying homage and devotion to the light of the sun, which the carnal eye perceives, as if it were an image of heaven. So your carnal mind is the old garment to which you join your fasts. Moreover, if a new cloth and an old garment do not agree, how do the members of your God come to be not only joined or fastened, but to be united far more intimately by mixture and coherence to the principles of darkness? Perhaps both are old, because both are false, and both of the carnal mind. Or perhaps you wish to prove that one was new and the other old, by the rent being made worse, in tearing away the unhappy piece of the kingdom of light, to be doomed to eternal imprisonment in the mass of darkness. So this pretended artist in the fashions of the sacred Scriptures is found stitching together absurdities, and dressing himself in the rags of his own invention.