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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE II. ÊTRE ENTÉ SUR L'OLIVIER FRANC.
Augustin. Pourquoi donc l'Apôtre qui, selon vous, a passé de l'amertume à la douceur en quittant le judaïsme, nous représente-t-il ceux d'entre le peuple qui ont refusé de croire au Christ, comme des branches séparées du tronc, et les gentils entés, comme un olivier sauvage, sur la racine de l'olivier franc, c'est-à-dire, sur la souche des saints hébreux, pour participer à la sève de cet olivier ? Voulant avertir les Gentils de ne pas se faire de la chute des Juifs un sujet de présomption, il leur parle ainsi : « Je vous dis, à vous qui êtes gentils, que tant que je serai l'Apôtre des Gentils, je travaillerai à rendre mon ministère glorieux ; je m'efforcerai d'exciter l'émulation dans l'esprit de ceux qui me sont unis selon la chair, afin d'en sauver quelques-uns. Si leur réprobation est devenue la réconciliation du monde, que sera leur rappel, sinon un retour de la mort à la vie ? Si les prémices des Juifs sont saintes, la masse l'est aussi ; et si la racine est sainte, les rameaux le sont aussi. Si quelques-unes des branches ont été rompues, et si vous, olivier sauvage, avez été enté parmi celles qui sont demeurées, et avez été rendu participant de la séve de l'olivier, vous ne devez pas vous élever de présomption contre les branches naturelles; si vous avez cet orgueil, considérez que ce n'est pas vous qui portez la racine, mais que c'est la racine qui vous porte. Ces branches, dites-vous, ont été rompues, afin que je fusse enté à leur place. Il est vrai ; elles ont été rompues à cause de leur incrédulité. Mais pour vous, qui demeurez ferme par la foi, prenez garde à ne pas vous élever, et soyez dans la crainte. Car si Dieu n'a point épargné les branches naturelles, il ne vous épargnerait pas non plus. Considérez donc la bonté et la sévérité de Dieu : sa sévérité envers ceux qui sont tombés, et sa bonté envers vous, si toutefois vous persévérez dans l'état où sa bonté vous a mis, autrement vous serez aussi retranché. Si eux-mêmes ne demeurent pas dans leur incrédulité, ils seront de nouveau entés sur leur tige, puisque Dieu est assez puissant pour les enter encore. Car si vous avez été détaché de l'olivier sauvage, votre tige naturelle pour être enté contre votre nature sur l'olivier franc, à combien plus forte raison les branches naturelles de l'olivier seront-elles entées sur leur propre tronc? Pour que vous ne soyez point sages à vos propres yeux, je ne veux pas, mes frères, vous laissez ignorer ce mystère, qu'une partie des Juifs est tombée dans l'aveuglement, jusqu'à ce que la plénitude des Gentils soit entrée dans l'Eglise, après quoi tout Israël sera sauvé[^1] ». Vous donc qui ne voulez pas être entés sur cette racine, reconnaissez que vous n'êtes pas même du nombre des rameaux détachés, comme les juifs charnels et impies, mais que vous êtes demeurés sur l'olivier sauvage. Car que rappelle l'adoration du soleil et de la lune, sinon l'olivier des Gentils ? Peut-être croyez-vous ne plus appartenir à cet olivier sauvage, parce que vous y avez ajouté des épines d'une nouvelle espèce, et que la perversité de votre coeur, non le travail de vos mains, a forgé un faux Christ que vous deviez adorer avec le soleil et la lune. Laissez-vous donc enter sur la racine de l'olivier franc, grâce dont se réjouit pour lui-même l'Apôtre, qui par son incrédulité avait été au nombre des rameaux brisés. Il fut délivré, dit-il, en passant du judaïsme au Christ, parce que le Christ a toujours été annoncé en cette racine et en cet arbre; ceux qui n'ont pas cru en lui à son apparition, en ont été détachés ; et ceux qui ont cru y ont été entés. C'est à ceux-ci qu'il est dit, pour les prémunir contre la présomption : « Prenez garde de vous élever, mais soyez dans la crainte ; si Dieu n'a pas épargné a les branches naturelles, il ne vous épargnera pas non plus ». Et pour qu'on ne désespère pas des rameaux qui ont été détachés, il ajoute un peu plus loin : « Si eux« mêmes ne demeurent pas dans leur incrédulité, ils seront de nouveau entés sur leur tige, car Dieu est assez puissant pour les y enter encore. Car si vous avez été détaché de l'olivier sauvage, votre tige naturelle, pour être enté contre votre nature sur l'olivier franc, à combien plus forte raison les branches naturelles de l'olivier seront-elles entées sur leur propre tronc ! » Tel est le privilège dont se glorifie l'Apôtre, qui de rameau brisé, était redevenu une branche puisant à la sève de l'olivier. Qu'ils reviennent donc ceux d'entre vous que leur impiété en a séparés, pour y être entés de nouveau. Et que ceux qui n'y ont jamais été unis, se détachent de leur tige sauvage et stérile, pour participer à la fécondité de l'olivier.
- Rom. XI, 13-16.
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Reply to Faustus the Manichaean
2.
Augustin replied: You say that the apostle, in leaving Judaism, passed from the bitter to the sweet. But the apostle himself says that the Jews, who would not believe in Christ, were branches broken off, and that the Gentiles, a wild olive tree, were grafted into the good olive, that is, the holy stock of the Hebrews, that they might partake of the fatness of the olive. For, in warning the Gentiles not to be proud on account of the fall of the Jews, he says: "For I speak to you Gentiles, inasmuch as I am the apostle of the Gentiles. I magnify my office; if by any means I may provoke to emulation them which are my flesh, and might save some of them. For if the casting away of them be the reconciling of the world, what shall the receiving of them be, but life from the dead? For if the first fruit be holy, the lump is also holy; and if the root be holy, so are the branches. And if some of the branches are broken off, and thou, being a wild olive tree, were grafted in among them, and with them partakest of the root and fatness of the olive tree; boast not against the branches: but if thou boast, thou bearest not the root, but the root thee. Thou wilt say then, The branches were broken off, that I might be grafted in. Well; because of unbelief they were broken off, and thou standest by faith. Be not high-minded, but fear; for if God spared not the natural branches, take heed lest He also spare not thee. Behold therefore the goodness and severity of God: on them which fell, severity; but toward thee, goodness, if thou continue in His goodness; otherwise thou also shalt be cut off. And they also, if they abide not still in unbelief, shall be grafted in; for God is able to graft them in again. For if thou wert cut out of the olive tree, which is wild by nature, and wert grafted contrary to nature into a good olive tree; how much more shall these, which be the natural branches, be grafted into their own olive tree? For I would not, brethren, that ye should be ignorant of this mystery (lest ye should be wise in your own conceits), that blindness in part is happened to Israel, until the fullness of the Gentiles be come in; and so all Israel shall be saved." 1 It appears from this, that you, who do not wish to be graffed into this root, though you are not broken off, like the carnal unbelieving Jews, remain still in the bitterness of the wild olive. Your worship of the sun and moon has the true Gentile flavor. You are none the less in the wild olive of the Gentiles, because you have added thorns of a new kind, and worship along with the sun and moon a false Christ, the fabrication not of your hands, but of your perverse heart. Come, then, and be grafted into the root of the olive tree, in his return to which the apostle rejoices, after by unbelief he had been among the broken branches. He speaks of himself as set free, when he made the happy transition from Judaism to Christianity. For Christ was always preached in the olive tree, and those who did not believe on Him when He came were broken off, while those who believed were grafted in. These are thus warned against pride: "Be not high-minded, but fear; for if God spared not the natural branches, neither will He spare thee." And to prevent despair of those broken off, he adds: "And they also, if they abide not still in unbelief, shall be grafted in; for God is able to graft them in again. For if thou wert cut out of the olive tree, which is wild by nature, and wert grafted contrary to nature into a good olive tree, how much more shall these, which be the natural branches, be grafted into their own olive tree." The apostle rejoices in being delivered from the condition of a broken branch, and in being restored to the fatness of the olive tree. So you who have been broken off by error should return and be grafted in again. Those who are still in the wild olive should separate themselves from its barrenness, and become partakers of fertility.
-
Rom. xi. 16-26. ↩