CHAPITRE XXIII. CETTE PROPHÉTIE S'APPLIQUE AU CHRIST. PROPHÉTIE DE CAÏPHE.
Tant s'en faut que les paroles citées par Fauste ne se rapportent pas au Christ, parce qu'elles sont placées entre d'autres malédictions, qu'au contraire ces autres malédictions elles-mêmes n'ont plus de sens raisonnable, si on n'y veut pas voir des prophéties relatives à la gloire du Christ, ce grand intérêt de l'humanité. A combien plus forte raison faut-il le dire de celle-ci ? Et si Moïse avait été homme à parler contre sa pensée, j'aimerais encore mieux dire qu'il a prophétisé sans le savoir, que de ne pas voir une prophétie relative au Christ dans ces mots : « Tu verras ta vie suspendue, et tu ne croiras pas à ta vie ». Certainement Caïphe n'avait pas la pensée que l'on a prêtée à ses paroles, quand, persécutant le Christ comme un ennemi, il disait qu'il était bon qu'un homme mourût, pour sauver le peuple entier de sa ruine. Sur quoi l'Evangile ajoute qu'il ne disait pas cela de lui-même, mais qu'étant pontife, il prophétisait[^1]. Mais Moïse n'était pas Caïphe ; aussi ce qu'il a dit au peuple hébreu : « Tu verras ta vie suspendue, et tu ne croiras pas à ta vie », non-seulement il l'a dit du Christ, et, l'eût-il dit sans le savoir, on ne pourrait l'entendre autrement, mais il l'a dit avec' connaissance de cause. Car il était le très-fidèle dispensateur du mystère prophétique, c'est-à-dire de cette onction sacerdotale, qui a donné son nom au Christ; et c'est dans ce même mystère que Caïphe, quoique très-méchant homme, a pu prophétiser même sans le savoir. De quel front donc vient-on nous dire que Moïse n'a rien prophétisé du Christ : Moïse, par qui a commencé cette onction, d'où est venu le nom de Christ, et par laquelle un persécuteur du Christ l’a prophétisé même sans le savoir ?
- Jean, XI, 49, 51.