CHAPITRE IV. CERTAINS JUIFS POURRAIENT SEULS TENIR LE LANGAGE QUE TIENT AUGUSTIN.
Si seulement c'était un de ces Nazaréens, que d'autres appellent Symmaques, qui m'objectât que Jésus a déclaré qu'il n'était point venu abolir la loi, je serais un peu embarrassé de lui répondre. Et ce ne serait pas sans raison : car cet homme viendrait à moi, enveloppé pour ainsi dire de la loi et des Prophètes. En effet, ces Symmaques, tout en faisant profession de christianisme, portent la marque de la circoncision, observent le sabbat, s'abstiennent de la chair de porc et des autres aliments interdits par la loi : trompés, à ce qu'il paraît, par ce même chapitre qui te trompe toi-même, où le Christ affirme qu'il n'est point venu abolir la loi, mais l'accomplir. Avec ceux-là, je le répète, j'aurais un rude combat à soutenir pour me dégager des difficultés que présente ce chapitre; mais je ne crains pas d'engager la bataille avec toi, qui n'as point de confiance en tes forces, qui ne me provoques guère que par impudence, plutôt pour m'éprouver, je pense, que polir m'obliger à croire que le Christ a réellement dit ce que je sais que tu ne crois pas toi-même. En effet, en m'objectant ce chapitre, tu ne produis aucun argument pour démontrer que la loi et les Prophètes ne sont pas abolis, mais accomplis ; seulement, tu en prends occasion de me traiter de lâche et de prévaricateur. Serait-ce que tu te glorifierais de porter la marque impure de la circoncision, comme le juif ou le nazaréen? Es-tu fier d'observer 1e sabbat ? Ta conscience te rend-elle le doux témoignage que tu t'abstiens tiens de la chair de porc? Triomphes-tu d'aise d'avoir saturé le dieu des Juifs du sang des victimes et de la fumée des holocaustes? Si non, à quoi bon tant d'efforts pour prouver que le Christ n'est pas venu abolir la loi, mais l'accomplir?