CHAPITRE XXVII. QUEL EST LE VÉRITABLE SENS DE CES PAROLES: « JE NE SUIS PAS VENU ABOLIR LA LOI, MAIS L'ACCOMPLIR ».
Mais, pour revenir à notre sujet: si le Christ en ajoutant à quelques anciennes prescriptions ces paroles: « Mais moi, je vous dis », n'a pas complété, par cette addition, la loi donnée aux premiers hommes, et n'a point détruit, par des ordres contradictoires; celle qui a été donnée par Moïse ; si, au contraire, il a confirmé tout ce qu'il a cité de la loi des Hébreux, de telle sorte que tout ce qu'il a dit en son propre nom n'avait pour but que d'éclaircir ce que la loi avait laissé d'obscur, ou de garantir plus efficacement les mesures qu'elle avait prises : si, dis-je, il en est ainsi, tu vois qu'il faut interpréter bien autrement ces paroles : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l'accomplir», et les entendre, non en ce sens que le Christ ait rempli par ces mots une mesure à demi pleine, mais en ce sens que ce que la loi n'avait pu au moyen de la lettre et à raison de la présomption de l'orgueil, la grâce l’accomplit, à cause de l'humilité de la confession, et non par une simple addition de paroles, mais par celle des oeuvres. Car « la foi », comme dit l'Apôtre, « agit par la charité ». Et encore: « Qui aime le prochain, a accompli la loi[^1] ». Et c'est parce que le Christ a manifestement donné, par l'Esprit-Saint qu'il avait promis et qu'il a envoyé, cette charité qui petit seule accomplir la justice de la loi, c'est pour cela qu'il a dit : « Je ne suis pas venu abolir la loi, mais l'accomplir». Et c'est là ce Nouveau Testament, qui promet à cette charité l'héritage du royaume des cieux, mais qui était voilé sous les figures de l'Ancien Testament à raison de la nécessité des temps. Aussi a-t-il dit : « Je vous donne un commandement nouveau, c'est que vous vous aimiez les uns les autres[^2] ».
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Rom. XIII, 8.
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Jean, XIII, 34.