CHAPITRE VIII. LUMIÈRE INCRÉÉE, LUMIÈRE CRÉÉE.
Mais comment prouver que les actions des Prophètes ont été elles-mêmes prophétiques et mystérieuses, et le faire comprendre à des hommes assez insensés pour s'imaginer que nous croyons que notre Dieu a été un jour dans les ténèbres, parce qu'il est écrit : « Les ténèbres couvraient la face de l'abîme[^7] », comme si pour nous Dieu eût été cet abîme où les ténèbres régnaient, parce que la lumière n'y était pas avant que Dieu l'eût créée d'un mot? Mais comme ils ne distinguent pas la lumière qui est Dieu lui-même de la lumière que Dieu a faite, ils s'imaginent qu'il était lui-même dans les ténèbres avant de créer la lumière, parce que les ténèbres trouvaient l’abîme avant qu'il eût dit: « Que la lumière soit, et la lumière fut[^1] ». Pourtant, comme dans le Nouveau Testament, on dit l'un et l'autre de Dieu : puisque d'un côté nous y lisons : « Dieu est lumière et en lui il n'y a point de ténèbres[^2] », et de l'autre: « Ce Dieu qui commanda que des ténèbres jaillît la lumière, a lui dans nos coeurs[^3] »; de même, dans l'Ancien Testament, on dit, d'une part, de la sagesse de Dieu qui certainement n'a point été faite, puisque tout a été fait par elle[^4] : « Elle est la splendeur de la lumière éternelle[^5] » ; et, d'autre part, en parlant d'une certaine lumière qui ne peut provenir que d'elle : « Vous ferez luire le flambeau qui m'éclaire; mon Dieu, vous illuminerez mes ténèbres[^6] »; absolument comme quand Dieu disait au commencement, alors que les ténèbres régnaient sur l'abîme: « Que la lumière soit, et la lumière fut » ; lumière que pouvait seule créer la lumière source de lumière, qui est Dieu.
-
Gen. I, 2.
-
Gen. I, 3.
-
I Jean, I, 5.
-
II Cor. IV, 6.
-
Jean, I, 5.
-
Sag. VII, 26.
-
Ps. XVII, 29.