CHAPITRE XVI. UN PAÏEN NE FERAIT PAS LES OBJECTIONS QUE FAIT FAUSTE.
Maintenant, je leur donne un avis. Puisqu'ils s'efforcent de dissimuler leurs folles et sacrilèges rêveries sous le manteau du nom chrétien, qu'ils fassent attention que quand ils soulèvent une objection contre les Ecritures des chrétiens, nous défendons la vérité des livres divins des deux Testaments, non-seulement contre les païens, mais aussi contre les Manichéens. Tous les faits que Fauste vient de citer de l'Ancien Testament et qu'il déclare indignes de Dieu, si un païen se mettait à en blâmer de semblables dans l'Evangile et dans les épîtres des Apôtres, je pourrais peut-être les défendre en rappelant, comme Paul l'a fait chez les Athéniens[^1], des doctrines analogues empruntées aux écrivains du paganisme. Je pourrais, en effet, trouver dans les écrits de ceux-ci un Dieu créateur et architecte du monde, auteur de cette lumière matérielle, lequel cependant, avant de la créer, n'était point dans les ténèbres; un Dieu ravi de son oeuvre, ce qui veut certainement dire plus que : « Il vit que c'était bon » ; un Dieu qui porta une loi dont l’observation devait profiter à l'homme, et la violation tourner à son détriment. Les païens ne diraient cependant pas qu'il ignorait l'avenir, parce qu'il aurait donné une loi qui devait être enfreinte. Ils ne l'appelleraient pas non plus imprévoyant, et ne diraient pas que c'est un homme, parce qu'il aurait fait une question : eux dont les lèvres abondent en interrogations qui ne sont posées que pour fournir l'occasion de convaincre l'adversaire par ses propres réponses, alors que celui qui interroge, non-seulement sait ce qu'il veut qu'on lui réponde, mais prévoit même qu'on le lui répondra. Et si quelqu'un d'eux s'avisait d'accuser Dieu de jalousie, parce qu'il n'admet pas les méchants au bonheur, il trouverait les livres de ses maîtres pleins de raisonnements sur ce sujet qui touche à la divine Providence.
- Act. XVII, 28.