CHAPITRE XXI. RÉSUMÉ DES RÉPONSES PRÉCÉDENTES : APOSTROPHE AUX MANICHÉENS.
Voilà que j'ai démontré comme j'ai pu que nous n'adorons pas un Dieu qui ait été éternellement dans les ténèbres, mais Celui qui est la lumière et en qui il n'y a pas de ténèbres[^6], qui habite en lui-même la lumière inaccessible[^7], qui est la lumière éternelle dont la sagesse coéternelle est la splendeur[^8], qui n'a pas été frappé d'admiration à l'aspect d'une lumière inattendue, mais qui a créé la lumière pour la faire exister, et l'a approuvée pour la faire durer; qui n'ignorait point l'avenir, mais donnait un commandement et en punissait la transgression, afin de contenir par une juste vengeance les rebelles présents, et de frapper d'épouvante les rebelles à venir, qui ne cherchait point par ignorance un pécheur qu'il ne vît pas, mais l'interrogeait pour le juger; qui n'éprouve ni envie, ni crainte, mais écarte avec raison la prévarication de la vie éternelle, juste récompense des fidèles; qui n'est point avide de sang ni de graisse, mais qui a imposé à un peuple charnel des sacrifices convenables pour nous promettre en figure le véritable sacrifice; dont la jalousie n'est point accompagnée d'un trouble dévorant, mais procède d'une bonté tranquille et veille à ce qu'une âme qui doit se conserver pure pour Dieu seul, ne se corrompe pas et ne se déshonore pas en se prostituant à une multitude de faux dieux; dont la colère n'est point, comme celle de l'homme, un mouvement de cruauté, mais un courroux divin, qui punit avec justice et sévérité, et prend, dans le langage usuel, le nom de colère, non pour indiquer la passion de la vengeance, mais la fermeté du jugement; qui ne tue point des milliers d'hommes pour des fautes légères ou nulles, mais, par des morts temporelles et pour des motifs d'une parfaite équité, imprime aux peuples une salutaire terreur de son nom; qui ne frappe point en aveugle et au hasard les justes et les pécheurs, mais qui distribue aux justes d'utiles épreuves pour les perfectionner et aux pécheurs des punitions méritées pour satisfaire à la justice. Vous voyez donc, Manichéens, que vos jugements téméraires vous égarent quand, pour avoir mal compris nos Ecritures ou écouté ceux qui les comprenaient mal, vous vous formez de fausses idées des catholiques, et abandonnez la saine doctrine pour vous tourner vers des fables sacrilèges; puis, trop profondément pervertis et séparés de la société des saints, vous ne voulez pas même être corrigés par le Nouveau Testament, où nous vous montrons des choses semblables à celles que vous blâmez dans l'Ancien. D'où il résulte que nous sommes obligés de défendre les deux Testaments contre vous et contre les païens.
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I Jean , I, 5.
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II Tim.VII, 16.
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Sag. III, 25.